Y-a-t-il eu attaque des navires de pêche espagnols par des pêcheurs marocains ? C’est ce que laisse entendre la presse ibérique qui a rapporté que certaines embarcations ont fait l’objet d’agression à Algésiras et à Cadix. Selon le journal El Mundo, deux navires de la flotte d’Algésiras ont été attaqués dans les eaux espagnoles après avoir quitté les zones de pêche marocaines.
Le quotidien a ajouté que les attaques sont devenues récurrentes contre les navires de pêche espagnols, notamment andalous, et cela depuis le 12 septembre dernier.
De son côté, l’agence de presse EFE a indiqué que certains pêcheurs marocains ont menacé lundi matin de jeter de l’essence, des bouteilles vides et des pierres sur quatre navires de pêche ibériques qui naviguaient dans le golfe de Cadix.
Contacté par nos soins, un responsable de la Chambre des pêches maritimes de la Méditerranée a nié en bloc ces informations en précisant que la situation semble calme dans les eaux nationales et qu’aucun incident n’a été signalé par les pêcheurs marocains. Même son de cloche de la part de Larbi Bouras, président de l’Association des armateurs de la pêche maritime, qui nous a déclaré que les informations selon lesquelles il y a eu des agressions contre la flotte espagnole sont fausses. Pour sa part, Abderrahmane El Yazidi, secrétaire général du Syndicat national des officiers marins de la pêche hauturière (SNOMPH) n’a pas manqué d’afficher sa surprise face à ces informations. « Il pourrait y avoir des tensions ou accrochages mais pas des attaques ou des agressions », nous a-t-il déclaré. Pour lui, il s'agit bien d’altercations à propos de zones de pêche restreintes des petits pélagiques où il y a peu de poisson à pêcher par les uns et les autres et qui ont été amplifiées par la presse espagnole pour porter atteinte à l’image du Maroc. Un point de vue que partage Larbi Bouras qui nous a expliqué que ce problème est appelé à perdurer tant que la zone où les Espagnols sont autorisés à pêcher a été mal délimitée par les responsables du ministère de tutelle. « Le département de la Pêche n’a pas pris en considération les spécificités géographiques de cette zone qui demeure très limitée. Plusieurs navires y trouvent beaucoup de difficultés à manœuvrer quand ils sont à proximité les uns des autres et leurs filets s’entremêlent parfois», nous a-t-il précisé avant d’ajouter : «La solution de ce problème passe par une réorganisation de cette zone entre les marins de nos deux pays et c’est ce qu’on est en train de faire via le dialogue avec nos pairs espagnols ».
Abderrahmane El Yazidi va plus loin. Il estime que ces altercations ont jeté la lumière sur d’autres problèmes plus importants, à savoir ceux de la rareté de la ressource et de l’épuisement des stocks de poissions en Méditerranée. «Comme les ressources deviennent de plus en plus rares, il est normal que les pêcheurs marocains tentent de préserver leurs zones de pêche. Ce qui doit interpeller les pouvoirs publics sur l’urgence et l’importance de la sauvegarde de nos richesses halieutiques», a-t-il conclu.