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Les interventions de Bank Al Maghrib insuffisantes : La sous-liquidité pèse sur l’économie marocaine


Mohamed Kadimi
Lundi 25 Mai 2009

Les interventions de Bank Al Maghrib insuffisantes : La sous-liquidité pèse sur l’économie marocaine
La liquidité monétaire connaît un retournement de situation depuis 2007, en passant d’une surliquidité à une sous-liquidité. C’est désormais la principale préoccupation aussi bien de la Banque centrale et du département des Finances que des banques, promoteurs touristiques et immobiliers ainsi que des industriels en général.
Au cours  de l’appel d’offres du 20 mai 2009, Bank Al-Maghrib a servi un montant de 15 milliards de dirhams au titre des avances à 7 jours au taux de 3,25% pour un montant  demandé de 17,8 milliards de dirhams. Une semaine auparavant, le montant des avances à 7 jours accordé par  l’autorité de régulation sur le marché monétaire, s’est chiffré à 13 milliards de dirhams,  au taux de 3,25%. Autrement dit, il y a de quoi s’affoler et il serait de la myopie que de ne pas prendre en considération ce retournement de situation dont les effets négatifs commencent déjà à se ressentir au niveau de l’économie marocaine.
Rappelons que lors de la dernière session du Conseil d’administration de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri avait pourtant annoncé l’intervention de son institution  sur le marché par l’injection de 11 milliards de DH à taux 0%, ce qui a permis, d’après le wali, au système bancaire national de fonctionner normalement.
Or, les banques n’arrivent pas aujourd’hui à obtenir les montants demandés et les avances sont facturées à un taux de 3,25% et non pas à 0%.
Cette situation de sous-liquidité représente un danger réel pour l’économie nationale. Dans un avenir proche, si ce n’est déjà le cas, il faut s’attendre à un durcissement des conditions d’octroi de crédits aussi bien pour le compte des particuliers que des entreprises.
Le crédit demeure inévitablement le moteur du développement socio-économique du pays. D’habitude, on ne cesse de répondre que quand le bâtiment va, tout va, ce qui reflète souvent la réalité. Or, les promoteurs n’arrivent pas aujourd’hui à décrocher des crédits représentant 50% du montant global de leurs projets immobiliers et touristiques. La sous-liquidité pousse les banques à être plus réticentes et les conditions d’octroi de prêts deviennent très draconiennes. Le marché interbancaire qui offrait il y a trois ans des options et des choix encourageants se trouve actuellement dans l’incapacité de gérer cette crise.
De leur côté, les acquéreurs ne sont plus amadoués par les banques. On remarque d’ailleurs un retard manifeste dans le lancement de nouveaux produits même si certains établissements financiers font l’éloge de crédits à hauteur de 800.000 DH qui relève plutôt de la supercherie que d’une offre sérieuse et réelle. Lors du dépôt de dossiers dans ce cadre, les futurs acquéreurs se rendent compte de la réalité amère du discours publicitaire des banques et du déphasage flagrant entre les annonces et la réalité. En d’autres termes, la sous-liquidité constitue une équation qui dérange et ce n’est pas la politique en vigueur qui changera la donne.
Tout laisse croire, par conséquent, que ce durcissement est justifié, non seulement par le contexte actuel en dépit de la crise financière, économique et sociale mondiale,  mais par l’incapacité du gouvernement de prendre des mesures susceptibles de faire face aux défis auxquels est confrontée l’économie nationale.  Toutefois, la réaction face à la crise n’est pas l’apanage seulement de la Banque centrale et des pouvoirs publics, les opérateurs économiques ont eux aussi leur part de responsabilité et doivent proposer des scénarios à même d’appuyer l’économie du pays et de rehausser sa compétitivité. Certes, la demande locale peut constituer une bouffée d’oxygène, mais les exportations jouent un rôle crucial dans le maintien de l’équilibre de la balance des paiements.
La question de sous-liquidité ne manque pas d’avoir des effets sur le taux d’inflation. Ainsi, le reflux observé au niveau mondial se transmet lentement à l’inflation au Maroc compte tenu essentiellement du délai d’écoulement des stocks des produits importés à des prix élevés et des comportements de marge des importateurs  et des distributeurs nationaux qui engagent des rigidités à la baisse comme à la hausse des prix.
La prévision centrale de l’inflation et l’inflation sous-jacente pour les six prochains trimestres ont été actualisées à la baisse par rapport au Rapport sur la politique monétaire de décembre 2008. Cela résulte, d’après Bank Al-Maghrib, de l’ampleur et du caractère prolongé de la contraction de l’activité économique mondiale et de ses répercussions sur la croissance domestique, ainsi que du ralentissement significatif des prix mondiaux des matières premières et de l’inflation au niveau des principaux partenaires du Maroc. L’inflation devrait en conséquence évoluer à un rythme durablement inférieur à 3% sur l’horizon de prévision, avec une prévision moyenne de l’ordre de 2,6%, et ce jusqu’au deuxième trimestre 2010. Pour sa part, la prévision de l’inflation sous-jacente indique qu’elle se situerait autour de 2% sur l’horizon de prévision.


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