
Son âge ne plaide pas non plus en sa faveur. «Ganzouri n’est pas bon pour la phase de transition. Il faut des dirigeants jeunes, pas des grands-pères», a ainsi estimé un manifestant interrogé alors que la nouvelle de sa nomination se répandait place Tahrir. Les manifestants ont appelé à une grande manifestation place Tahrir vendredi pour réclamer un transfert immédiat du pouvoir à un gouvernement de salut national. Dans un communiqué, ils évoquent une marche réunissant un million de personnes à l’occasion de qu’ils appellent «le vendredi de la dernière chance».
La Fédération des syndicats indépendants a également invité les travailleurs à marcher sur Tahrir. Une autre organisation syndicale a lancé un mot d’ordre de grève générale en signe de solidarité avec les manifestants. L’’hiver dernier, les syndicats avaient joué un rôle important dans le mouvement populaire qui est venu à bout du régime d’Hosni Moubarak. Le CSFA a demandé pour sa part à ses partisans d’annuler la contre-manifestation qu’ils voulaient organiser ce vendredi. Les généraux ont par ailleurs présenté leurs excuses pour la mort des manifestants et promis des indemnités aux familles des victimes. Dans un communiqué, le conseil militaire assure qu’il fera le nécessaire «pour éviter une répétition de ces événements» et promet une enquête. Dans la nuit de mercredi à jeudi, les manifestants de la place Tahrir et les forces de l’ordre ont conclu dans la nuit une trêve qui a ramené le calme dans le centre de la capitale. Mais des barricades ont été érigées pour fermer la rue Mohamed Mahmoud, scène de violentes échauffourées ces derniers jours. Au terme d’une semaine ou presque de tension, le retour de ce climat de violence fait craindre à nombre d’Egyptiens que l’économie du pays, où le tourisme joue une part importante, aura encore plus de mal à se relever. Jeudi, la Banque centrale a relevé ses taux directeurs pour la première fois depuis deux ans mais la livre égyptienne est tombée à six livres pour un dollar, pour la première fois depuis janvier 2005, et l’agence de notation Standard & Poor’s a dégradé la note souveraine à long terme du pays de B+ à BB-. Ces difficultés économiques pourraient servir la popularité de Kamal Ganzouri: lors de son passage à la tête du gouvernement, entre1996 et 1999, il avait pratiquement ramené le budget à l’équilibre, réduit l’inflation et maintenu la stabilité des taux de change.