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Les établissements de l’enseignement traditionnel : Des faits éducatifs, culturels et mentaux

Des institutions totales où l’élève se doit de se soumettre à l’emprise de la communauté et à son contrôle. Visite guidée


Hassan Bentaleb
Mardi 4 Juin 2019

Comme l’ont bien expliqué
Mohsine El Ahmadi et El Mustapha Kchirid, dans leur étude «L’enseignement traditionnel au Maroc»,
les établissements de cet
enseignement sont loin d’être de simples édifices matériels construits
en pisé ou en dur ; ils sont d’abord des faits éducatifs, culturels et surtout
mentaux qui façonnent
l’esprit des élèves et des
étudiants qui les fréquentent. En effet, ces établissements ont toujours assumé le rôle
d’intégrateur des individus dans le tissu social
et de diffuseur d’une
certaine vision du monde notamment sur des lieux
et des environnements éloignés.
Ce rôle, ils le jouent encore aujourd’hui malgré
la profondeur des
changements sociaux, économiques et culturels
qui ont marqué le pays
durant ces dernières
décennies. En fait,
les structures mentales et
éducatives des dirigeants de ces établissements et même leurs adeptes font de la
résistance et ont du mal
à suivre ces mutations.
Pour se mettre en contact
direct avec cette réalité, Libé s’est rendu à Tafraout, et précisément à l’école d’Abou Marwane où des dizaines d’élèves coupés du reste du monde poursuivent leurs études dans des conditions
austères et rigoureuses.


Il est 16h00, c’est la fin de la prière d’Asr. Les élèves de l’école Abou Marwane rejoignent leurs classes en silence sous le regard vigilant d’El Haj, directeur de l’école, un homme de petite taille avec un gros nez, un large front et de petits  yeux noirs. Il est soixantenaire, mais il n’en a pas l’air. Il porte une djellaba marron et un turban. On devine sa profession sur son visage donnant  l'impression d’être autoritaire.
Les élèves évitent son regard. Certains d’entre eux s’approchent de lui, lui baisent la main avant de s’éclipser le plus vite possible. Il a suffi de quelques minutes pour que la grande cour de l’école soit déserte. Un silence assourdissant envahit les lieux. Seuls quelques chats sommeillent dans la pénombre fraîche de la mosquée.

Entre hier
et aujourd’hui


L’origine historique de l’école demeure inconnue. Les versions concernant ce sujet sont nombreuses, mais peu fiables. Mohamed Mokhtar Soussi a toutefois évoqué, dans son livre Illigh, le nom de Kandouzi Ibrahim Abderrahmane dont la tombe existe toujours au sein de l’école, comme l’un des premiers saints à s’être installés parmi les Semlala au 3ème siècle de l’Hégire mais sans préciser, pour autant, ni le nom du fondateur de cette école ni la date de sa création.  Pourtant, elle demeure avec celle de Tazmout, l’une des plus anciennes médersas de la région, laquelle en  compte des dizaines.
Nichée sur une colline à une dizaine de km de la ville de Tafraout, elle est constituée d’un bâtiment administratif, de salles de cours, d’une petite mosquée et d’une salle d’ablutions, d’une salle à manger et de petites chambres pour les étudiants. Le tout est annexé au bâtiment de l’ancienne médersa qui continue à braver le temps. « Nous avons gardé intact l’ancienne école qui renferme le mausolée d’Abou Marwane, des chambres pour les élèves et une salle de prières et d’apprentissage du Coran. La nécessité de s’adapter aux programmes et à l'encadrement pédagogique du ministère des Habous et des Affaires islamiques a dicté ce changement », nous a expliqué El Haj.  
Sur un tableau noir, Said, 34 ans, griffonne quelques équations mathématiques devant des dizaines d’élèves qui le suivent avec intérêt. Le cours d’aujourd’hui porte sur l’utilisation des identités et identités remarquables. Un cours identique à ceux dispensés dans tous les établissements scolaires marocains. L’école d’Abou Marwane fait certes partie des établissements encadrés pédagogiquement par le ministère des Habous et des Affaires islamiques, mais elle n’a jamais renoncé à sa mission initiale.  «  Il faut distinguer entre les écoles coraniques spécialisées dans l’apprentissage du Livre Saint, celles qui le sont dans l’enseignement religieux et celles qui combinent ces deux missions », nous expliqué Rachid Benbih, chercheur en sociologie.  Ainsi, aux côtés de leçons traditionnelles de théologie, de rhétorique, de lexicologie, etc. les élèves ont également droit à des cours de maths, d’histoire-géo, de français, de chimie et de physique dispensés par des enseignants diplômés des universités marocaines.  
L’école compte 100 élèves en provenance de régions lointaines comme El Haouz, Haha, Tiznit et Taroudant. Pour y accéder, le candidat doit réciter par cœur toutes les sourates du Coran ou une partie d’entre elles et maîtriser la langue arabe. Il doit être âgé de moins de 30 ans et être de nationalité marocaine. Les élèves étrangers ne sont pas les bienvenus. « Nous avons de plus en plus d’élèves et de plus en plus de demandes relatives à l’enseignement moderne. Les gens cherchent davantage des diplômes pour accéder à l’université. En fait, un grand nombre de lauréats  de l’école rejoignent les facultés et notamment celles de Chariaa. D’autres font valoir leur certificat d’études pour postuler à un poste de travail», nous a indiqué El Haj. « La loi 13.01 relative à l’enseignement traditionnel permet aux élèves de ces écoles de poursuivre leurs études dans les cursus qui correspondent à leur formation. La grande majorité d’entre eux poursuit ses études dans les facultés de la Chariaa et des lettres et des sciences humaines (langue arabe, sociologie, études amazighes…). Certains assument les fonctions d’imam après leur passage par l’institut Mohammed IV pour la formation des imams et guides religieux. Les lauréats de cet institut sont souvent porteurs d’un discours religieux tolérant différent de celui des lauréats des études islamiques », nous a indiqué Rachid Benbih.   
Pour ce dernier, ces écoles ont évolué hors du système moderne d’enseignement et elles sont demeurées arcboutées sur des modes d’apprentissage archaïques. Leur nombre a même beaucoup régressé entre le 19ème siècle et l’après indépendance. L’intérêt porté par l’Etat à ces écoles ne s’est manifesté qu’au début des années 80 et notamment après les émeutes de 1984. Cet intérêt trouve son explication dans la montée en puissance de l’islamisme politique qui a commencé à propager d’autres formes de la pratique religieuse. « L’Etat a voulu renforcer sa légitimité religieuse notamment dans un contexte régional marqué par l’adhésion de certains élèves des écoles coraniques de certains pays africains, aux thèses violentes développées par certains groupes islamistes comme au Nigeria où plusieurs élèves des écoles coraniques du Nord du pays ont adhéré au mouvement « Maitatsine » qui affiche son hostilité à l’égard de l’Etat et de la société », nous a-t-il précisé.  

Une institution
totale


Cet intérêt pour l’enseignement traditionnel a été renouvelé avec l’adoption de la Charte nationale de l’éducation et de la formation en 1999 qui a édicté dans son article 80 la nécessité de prendre en compte ces médarsa, de les développer et de les intégrer dans le système national de l’enseignement.   A ce propos, il y a eu l’élaboration de la loi 13.01 qui a ordonné l’organisation de cet enseignement en trois niveaux (primaire, collège et lycée) et l’entrée en vigueur des langues étrangères, des sciences exactes et de l’éducation physique.  « Les attentats terroristes du 16 mai 2003 et le Hirak populaire de 2011 ont par la suite contraint l’Etat à s’intéresser davantage à ces écoles, d’autant que certains de leurs élèves ont participé au Mouvement du 20 février », nous a précisé Rachid Benbih.
La discipline est le maître-mot au sein de cette école.  Chaque élève est appelé à observer, avec rigueur, des règles de comportement, d’habillement et de maintien. Le directeur de l’école et les enseignants guettent les moindres faits et gestes des élèves. En effet, le statut interne de l’école édicte un ensemble de règles et de dispositions que les élèves doivent respecter à la lettre.
Un élève de cette école n’est pas considéré comme un individu libre de ses mouvements ou dans sa manière de se comporter puisqu’il n’a pas le droit de quitter l’école sans autorisation ni de s’absenter. Il n’a pas non plus le droit de s’habiller à son goût puisqu’il est obligé de porter l’habit traditionnel en vigueur dans la région. Il ne doit pas non plus porter de chaînes ou de gourmettes ni d’avoir les cheveux longs, encore moins de mettre une casquette ou un chapeau. Il n’a pas également le droit de fumer ou de porter atteinte aux valeurs morales, un mot tellement galvaudé qu’il dit tout et son contraire.
Un élève n’est considéré que comme un élément d’un groupe, un rouage parmi tant d’autres qui ne doit pas échapper à l’emprise de la communauté et à son contrôle. L’école cherche d’abord des individus obéissants, serviles, qui ne pensent pas par eux mêmes. Ainsi, un élève n’a pas le droit de discuter ou d’intervenir dans les affaires internes de l’école. Pas question non plus de discuter des programmes et des méthodes d’enseignement ni de la manière avec laquelle l’école est gérée  ni même de  la nourriture qu’on lui sert quotidiennement.
Il n’est pas question non plus pour lui d’évoquer d’autres rites ou idéologies politiques et notamment celles qui vont à l’encontre des constantes de la nation. Et pas question non plus d’adhérer aux instances ou groupes qui propagent ce genre d’idées.
Un élève modèle est celui qui est coupé du monde et qui est à l’abri des idées troublantes et destructrices venues d’ailleurs. Et toute tentative de propager ces idées au sein de l’établissement expose l’élève à l’expulsion.   Et pour couper court à ces idées, il n’y a pas mieux que d’interdire l’utilisation des téléphones portables et l’accès à tous les  médias. Un élève de l’école Abou Marwane ne doit pas écouter la radio à l’école, et particulièrement les informations. Tout individu arrêté en flagrant délit est obligé de payer une amende de 2.50 DH et 5 DH par chanson écoutée. Le montant sera double en cas de récidive sans parler d’une expulsion en cas d’une troisième récidive. Les étudiants n’ont également pas le droit de se réunir dans leurs chambres. Ils risquent une amende de 10 DH la première fois, 20 DH la deuxième fois et une expulsion la troisième fois. Pire, ces mêmes élèves risquent une amende ou l’expulsion s’ils regardent un match de foot ou s’ils font l’école buissonnière dans cet objectif. Un élève doit se fondre dans le collectif et mettre de côté son individualité.  Et il n’y a pas mieux que le rituel de la prière et de la psalmodie matinale du Coran pour cimenter l’esprit collectif. Ainsi, les élèves sont-ils tenus de respecter les horaires d'accomplissement des cinq prières du jour. Une amende de 5 DH est prévue pour chaque prière ratée. Mieux, les élèves n’ont pas le droit de quitter l’école pendant les vacances d’été. « Nous en avons décidé ainsi dans l’intérêt des élèves. L’élève doit être sous contrôle. Retourner chez lui risque d’altérer sa discipline et l’éducation qu’il a reçue à l’école. Nous voulons les protéger de leur environnement et des idées toxiques », nous a précisé El Haj.  En effet, l’« une des fonctions de l’acte d’institution (c’est de) de décourager durablement la tentation de passage, de la transgression, de la désertion... », ont écrit Pierre Bourdieu et P. Passeron dans « La reproduction, éléments
pour une théorie du système de l’enseignement ». En d’autres termes, il s’agit d’étouffer toute forme d’opposition radicale ou de remise en cause de l’ordre établi.
L’inclusion des normes et règles dans l’école se fait à travers les enseignants « plus ou moins conscients de leur rôle, plus ou moins maîtres du message intentionnel qu’ils croient émettre » disait Philippe Braud. L’école compte 10 enseignants et cinq auxiliaires (surveillant général, cuisinier, gardien…). A leur tête, il y a El Haj, qui joue, à la fois, le rôle de directeur de l’école et de représentant de l’autorité paternelle. Les enseignants sont appelés à assumer la responsabilité de leurs comportements et de leurs attitudes. Ils sont obligés de porter l’habit traditionnel et il leur est interdit de propager des idées politiques ou des cultes non conformes aux constantes de la nation. Ils sont également tenus de faire montre de rigueur vis-à-vis de leurs élèves et de ne tolérer aucun laxisme.
En effet, l’école d’Abou Marwane comme beaucoup d’autres est « une institution totale », selon le concept idéal-typique construit par Erving Goffman à partir des hôpitaux psychiatriques mais étendu à cinq groupes d’institutions (prisons, hôpitaux, casernes, foyers pour indigents, monastères…) pour désigner « un lieu de résidence et de travail, où un grand nombre d’individus, placés dans la même situation, coupés du monde extérieur pour une période relativement longue, mènent ensemble une vie recluse dont les modalités sont explicitement et minutieusement réglées. ».
Toute institution accapare une part du temps et des intérêts de ceux qui en font partie mais l’institution totale réalise à l’extrême cette tendance enveloppante en créant un espace-temps où se confondent lieu de travail, lieu de vie et lieu de loisir. « Ce sont des institutions totales dans ce sens où le système d’enseignement y obéit à des règles très strictes et rigoureuses. En fait, les élèves y sont souvent isolés du monde extérieur et n’ont le droit de sortir qu’une seule journée dans la semaine et les jours de l’Aid (Aid El Adha et l’Aid Sghir) ; et souvent, leurs jours de repos sont destinés à faire la lessive.  Ils sont obligés de  suivre un programme unique et d’obéir aux ordres des personnes chargées de l’administration de l’école sans parler du fait que leurs chambres font régulièrement l’objet d’inspection», nous a expliqué Rachid Benbih. Et de poursuivre : « Le système est même plus autoritaire dans les régions éloignées où il perdure encore. Mais ce totalitarisme a perdu de son ampleur après la réforme de ces écoles et la modification de leurs programmes de formation ».

L’austérité comme
mode de vie


L’austérité est le maître-mot pour décrire la vie dans cette école.  Elle se manifeste partout, dans les habits, la nourriture, le train de vie, les meubles, etc. Les ressources financières très limitées de l’école constituées de dons de bienfaiteurs couplées à l’origine modeste des élèves ont rendu la vie dure aux ouailles de cette institution. Les élèves de cette dernière ne paient pas de frais de scolarité ni d’autres charges. Ils ont droit à des repas et à un dortoir gratuit. « L’école est comme une maison de bienfaisance. On leur donne à manger et on leur offre des lits pour dormir gratuitement. Beaucoup de nos adeptes sont issus des familles pauvres ou vulnérables », nous a expliqué El Haj.
Les élèves dorment dans des chambres anciennes, exiguës et humides où il n’y a même pas de fenêtres. Il s’agit, en effet,  de chambres construites lors de la création de l’école et qui sont restées dans le même état que lors de leur construction.   
Ces mêmes élèves n’ont droit qu’à deux repas par jour (déjeuner et dîner). « C’est à nous de nous débrouiller, avec nos propres moyens, pour le petit déjeuner qui ne dépasse pas souvent un verre de thé avec un petit morceau de pain et de l’huile d’olive », nous a précisé Jamaa, un élève de sixième année. Les repas sont servis collectivement dans la cuisine non pas sur des tables entourées de chaises mais plutôt sur des tables très basses posées à même le sol. « L’école est financée par les dons des tribus et des notables de la région. Sans ces donations, elle ne peut pas fonctionner.  Ces derniers se chargent souvent de régler les factures d’achat des légumes, de la  viande et des autres besoins de l’école », nous a fait savoir El Haj. Et de poursuivre : « Il y a également le soutien de l’Etat mais il reste insuffisant. Le ministère des Habous et des Affaires islamiques s’occupe uniquement du paiement du salaire des professeurs».
Rachid Benbih soutient que nombreux sont les chercheurs qui se sont désintéressés par les médrasa et des écoles coraniques puisqu’ils considèrent que ces instituts sont sans importance. « Ce qui dénote d’une ignorance des dynamiques religieuses au Maroc. Mais, l’Etat a pris acte du rôle important de ces écoles dans la défense de la religion officielle et celui de la population puisque ces écoles, ont au tout au long de leur histoire, ont défendu le rite malékite », a-t-il souligné.
Pourtant, il a tenu à préciser que l’intervention de l’Etat a ciblé, dans un premier temps, la préservation de ces écoles face aux critiques des adaptes de l’islam politique qui ne cessent  de dénigrer les imams lauréats de ces écoles et remettent en cause leur place sur l’échiquier religieux. Cette ingérence de l’Etat a pris la forme d’une mise à niveau de la formation des élèves de ces écoles afin qu’ils puissent être capables de lutter contre les thèses extrémistes. « L’Etat a gagné ce pari puisque les écoles coraniques ont réussi à former des lauréats compétents comme Tayeb Mouloud El Sriri, qui représente aujourd’hui l’archétype du fqih marocain immunisé contre les influences religieuses en provenance du Moyen-Orient. Mieux, ces écoles participent aujourd’hui à renforcer les relations religieuses entre le Maroc et les pays d’Afrique de l’Ouest par le bais de formation des élèves africains censés défendre le rite malékite achaârite menacé dans ces régions de l’Afrique par des élèves imprégnés des courants de pensée orientalistes », a-t-il noté. « En fait, l’enjeu est de taille.  La domination de ces courants de pensée risque de mettre un terme aux relations religieuses entre le Royaume et l’Afrique », a conclu le chercheur.     


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