Les dictatures finissent mal en général


Par Jurek Kuczkiewicz - Editorialiste belge
Mardi 1 Mars 2011

Autant personne n’imaginait possible la chute d’un seul despote arabe il y a quelques semaines encore, autant on ne voit pas aujourd’hui comment aucun d’entre eux pourrait être épargné, sinon renversé par le vent de révolte qui souffle sur la région.
A l’étonnement des despotes, qui se pensent encore inamovibles quand on voit déjà qu’ils s’agrippent désespérément à leurs fonctions, répond l’étonnement des gouvernements et des opinions publiques, en particulier ceux d’Europe. Il n’y a finalement que les premiers concernés, c’est-à-dire les populations arabes elles-mêmes, pour ne pas s’étonner de ce que l’insupportable finit par causer l’inévitable.
Car, tout invincibles qu’ils paraissent, le tyran – le mot date du VIIIème siècle avant Jésus-Christ – et sa suite finissent toujours par tomber. Qu’est-ce qui fait qu’un régime dictatorial ou totalitaire s’écroule un jour par la seule force d’un peuple désarmé, soufflant un château de cartes qui passait pour une forteresse ? Les pays occidentaux – des démocraties ! – le réapprennent aujourd’hui laborieusement : on ne peut éternellement aller à l’encontre de l’intérêt et de la volonté du peuple.
Les tyrannies résultent d’un équilibre où, pour un temps, la volonté du peuple rejoint parfois la soif de pouvoir de son maître. Lesquelles à leur tour sont acceptées avec complaisance par des partenaires étrangers qui finissent toujours par y trouver un intérêt.
La chute des dictateurs arabes nous réapprend une vérité que l’on ne prêchait que par idéalisme, alors que le réalisme devrait l’imposer tout autant : le respect des peuples et de leurs volontés est la meilleure garantie de stabilité, de développement et de paix.
La perspective de chaos qui se dessine encore en Libye dans l’hypothèse d’une chute du colonel Kadhafi, indique, hélas par l’absurde et sans doute au prix de bien d’autres drames encore, que la stabilité maintenue par la force et l’oppression n’est qu’illusion. Ce n’est pas qu’une question de morale, mais aussi d’intérêt. Pour les peuples concernés, mais aussi pour les puissances qui avaient cru bon de transiger avec leurs despotes.


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