
Alors que la crise économique dans la zone euro préoccupe les esprits des participants au 42e Forum économique mondial (WEF) à Davos, l'enjeu de nourrir et de pourvoir en énergie une population mondiale grandissante provoque des maux de tête à bien des invités. Les décideurs politiques et économiques estiment que le temps est venu de réévaluer radicalement la situation, après la catastrophe nucléaire de Fukushima en mars 2011 et les récentes tensions en Iran et au Nigeria qui font craindre des problèmes d'approvisionnement en pétrole.
Le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi, dont le pays devra faire face à un bond de 73% de sa population d'ici 2050, a ainsi estimé que suivre l'exemple des pays industrialisés n'était pas une option.
"L'Afrique n'a pas d'autre option que de suivre la voie du développement durable. Nous devons nous adapter", a-t-il dit.
Selon le chef du gouvernement éthiopien, le coût élevé de l'énergie classique pourrait bénéficier aux pays en développement en les obligeant à accélérer le rythme de l'innovation.
"La plupart des Africains seront exclus de l'énergie moderne, il est donc crucial d'avoir accès aux carburants verts et à l'énergie solaire", a ajouté M. Zenawi.
"En Afrique, nous pensons que les énergies fossiles sont déjà rationnées. (...) Peut-être qu'il s'agit d'une forme de bénédiction, qui nous force à chercher un approvisionnement alternatif", a-t-il poursuivi.
Les responsables des groupes pétroliers ont également admis qu'ils étaient confrontés à la demande toujours grandissante en énergie fossile.
"Nous devons réfléchir comment faire face aux tensions que nous observons dans l'approvisionnement en nourriture, en eau et en énergie", a souligné le directeur général du groupe pétrolier Royal Dutch Shell, Peter Voser.
Ce dernier a souligné qu'environ 1,5 milliard de personnes dans le monde ne bénéficiaient pas d'accès à l'électricité.
Certains analystes estiment même que les gouvernements devront intervenir pour ralentir la demande en carburant, particulièrement dans les villes faisant face à une congestion du trafic.
"Les villes asiatiques ont besoin de plus de voitures comme j'ai besoin d'un trou dans ma main", a lancé Chandean Nair, fondateur de l'Institut mondial pour demain, dont le siège est à Hong Kong.
Selon ce dernier, "nous aurons besoin de normes draconiennes" pour empêcher la situation de dégénérer, alors que le nombre de propriétaires de voiture ne cesse d'augmenter en Asie.
"Si les Chinois peuvent intervenir dans le système reproductif, alors ils peuvent intervenir pour la voiture", a lancé M. Nair, en référence à la politique de l'enfant unique de Pékin.
"Imaginez un monde en 2050 où vous auriez 5 à 6 milliards d'Asiatiques qui consomment comme vous le faites", a-t-il lancé.
Ce scénario provoquerait non seulement des difficultés dans l'approvisionnement en énergie, mais aussi en nourriture si l'Asie poursuit les tendances des pays industrialisés et consomme plus de viande.
Le PDG du groupe agroalimentaire anglo-néerlandais Unilever, Paul Polman, a estimé qu'il était vital de trouver de nouvelles solutions pour nourrir une population mondiale grandissante.
"Le système que nous avons mis en place a été bénéfique pour de nombreuses personnes, mais il a besoin de changements importants", a-t-il souligné.
"Il existe toujours 1 milliard de personnes qui vont se coucher chaque soir avec la faim au ventre et ce chiffre continue de croître", selon M. Polman.