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Les cinq mots du gouvernement Ayrault : Parité, diversité, sensibilités, nouveautés, et responsabilité


par Geoffroy Clavel
Vendredi 18 Mai 2012

Les cinq mots du gouvernement Ayrault  : Parité, diversité, sensibilités, nouveautés, et responsabilité
Il s’est fait attendre mais ça y est. Le gouvernement Ayrault a été officiellement nommé par le président de la République ce mercredi 15 mai. 34 ministres, sans compter le premier d’entre eux, et quelques nouveautés dans cet exécutif que François Hollande et Jean-Marc Ayrault ont souhaité bâtir à l’image du quinquennat qui s’annonce.
«C’est le changement que les Français voulaient», a vanté le Premier ministre, qui donnait sa première interview mercredi soir sur France2.
Pour faire le tri entre les favoris, les attributions et les profils retenus par le chef de l’Etat, retour sur ces 34 nominations en cinq mots-clés.
I. La parité enfin respectée
Tout tient dans une simple équation: 34 ministres dont 17 femmes. François Hollande l’avait promis, le gouvernement respecte la parité. Une première sous la Ve République, même si Nicolas Sarkozy avait atteint le quota de 35% de femmes en milieu de mandat. Parmi les heureuses élues figurent des personnalités politiques déjà reconnues. L’élue guyanaise et ancienne candidate à l’élection présidentielle Christiane Taubira devient ministre de la Justice, seul ministère régalien accordé à une femme.
Sur ce point Nicolas Sarkozy avait fait mieux en 2007 en nommant Rachida Dati à la Justice et Michèle Alliot-Marie à l’Intérieur. La présidente socialiste du conseil général d’Indre-et-Loir, Marisol Touraine, obtient tout de même l’emblématique ministère des Affaires sociales. De son côté, la députée de Moselle Aurélie Filippetti accède au très convoité ministère de la Culture et de la Communication.
II. Une diversité affichée
Spécificité de ce gouvernement, les minorités visibles y sont davantage représentées que par le passé. L’Exécutif compte quatre membres issus de l’immigration et trois de l’Outre-mer, soit 20% d’un ensemble de 34 ministres et ministres délégués. Symbole de cette ouverture, Najat Vallaud-Belkacem, nommée ministre aux Droits des femmes et porte-parole du gouvernement, revendique sa double nationalité franco-marocaine, ce qui lui vaut les foudres du Front national. L’élu toulousain Kader Arif officiera pour les Anciens combattants. D’origine coréenne, Fleur Pellerin obtient les PME, l’Innovation et l’Economie numérique. C’est la première fois qu’un ministre d’origine asiatique est nommé en France.
Du côté de l’Outre-mer, outre Christiane Taubira, le Guadeloupéen Victorin Lurel, 60 ans, est évidemment un symbole fort. Il est nommé ministre des Outre-mer.
Cette diversité ne doit cependant pas occulter la monochromie des parcours des ministres retenus par le chef de l’Etat. Normaliens, agrégés et énarques y sont surreprésentés, au détriment de personnalités issues de la société civile et du monde de l’entreprise.
Autre promesse tenue, François Hollande a ouvert les rangs du gouvernement aux jeunes. Sept ministres ont moins de 40 ans, dont Najat Vallaud-Belkacem qui n’affiche que 34 années au compteur. La moyenne d’âge du gouvernement se situe aux alentours de 54 ans.
III. Des sensibilités politiques ménagées
Autre ingrédient manifestement déterminant dans la composition de ce gouvernement, la prise en compte des sensibilités politiques a conduit le chef de l’Exécutif à doser l’attribution des portefeuilles ministériels.
Contrairement aux bruits qui circulaient, les très proches de François Hollande n’ont pas été les grands sacrifiés du casting ministériel, même si certains historiques ont dû céder leur place. Le patron de la Bretagne Jean-Yves Le Drian gagne la Défense, l‘eurodéputé Stéphane Le Foll l’Agriculture et Michel Sapin le Travail.
Si Martine Aubry a jeté l’éponge après avoir perdu la course à Matignon, les proches de la maire de Lille ne sont pas desservis. Son directeur de cabinet, François Lamy, devient ministre délégué à la Ville. Son amie, Marylise Lebranchu, obtient le ministère à la Fonction publique.
Belkacem, Bertinotti, Batho... Les proches de Ségolène Royal font elles aussi une entrée remarquée au gouvernement.
L’aile gauche du parti n’est pas oubliée avec la présence de Benoît Hamon, titulaire du surprenant ministère délégué à l’Economie solidaire. Même chose pour les partisans du Non au traité constitutionnel européen, représentés par Laurent Fabius (Quai d’Orsay) et son ministre délégué aux Affaires européennes Bernard Cazeneuve.
La logique d’équilibre partisan a également été appliquée aux partenaires écologistes. Cécile Duflot (ex-Verte) est nommée à l’Egalité des territoires et à la tête du Logement. Autre ministre issu d’EELV, Pascal Canfin (Europe-Ecologie) gagne la charge du Développement.
Seul le MRC de Jean-Pierre Chevènement reste totalement absent du casting gouvernemental.
IV. Quelques nouveautés
Au rang des innovations, le président a fait le choix de ne nommer aucun portefeuille de secrétaire d’Etat ni de ministre d’Etat. Seuls les ministères délégués établissent un rapport hiérarchique avec les ministères de plein droit. Parallèlement, comme promis, Jean-Marc Ayrault a confirmé que les salaires des ministres et du président seront réduits. «La première proposition que je vais présenter au Conseil des ministres, c’est la baisse du salaire de 30% de tous les ministres. C’est l’exemplarité», a-t-il confirmé sur France 2.
Les nouveaux ministres seront d’ailleurs tenus de respecter des règles déontologiques. «Je proposerai également une charte de déontologie pour que les ministres, dans l’exercice de leur fonction, ne mélangent pas les genres et qu’ils soient exemplaires», a-t-il ajouté. «Chacun devra signer cet engagement, sur les conflits d’intérêt, le cumul des mandats, l’absence de toute autre activité».
Toujours au rang des nouveautés, l’intitulé de certains ministères a de quoi laisser songeur. Propulsé à la tête d’un ministère du Redressement productif, Arnaud Montebourg devra s’échiner à définir les contours de ce nouveau maroquin au périmètre plus que flou. La ministre chargée de la Réussite éducative, Georges Pau-Langevin, n’est guère mieux avancée.
V. Le couperet de la responsabilité
Si la photo de famille promet d’être belle ce jeudi matin, il se pourrait néanmoins qu’elle jaunisse plus vite que prévue. Jean-Marc Ayrault l’a confirmé mercredi soir lors de son passage sur France:2: «Il y a l’esprit de responsabilité, c’est-à-dire que tout ministre qui se présente aux élections législatives et qui ne sera pas élu ne pourra pas rester au gouvernement». Une règle déjà appliquée sous Nicolas Sarkozy et qui coûta son poste de super-ministre de l’Environnement à Alain Juppé. A quelques semaines du premier tour des élections législatives, cette donnée pourrait donc sérieusement remodeler le visage de ce premier Exécutif.
Dans les faits, aucun député sortant n’est directement menacé. Seule Najat Vallaud-Belkacem était réellement en mesure d’être battue dans une circonscription difficile. La porte-parole du gouvernement a donc préféré retirer sa candidature.
Mais certains devront batailler ferme pour assurer leur place à l’Assemblée et donc au gouvernement. Candidat dans l’ancienne circonscription de François Fillon dans la Sarthe, le Hollandais Stéphane Le Foll et ministre de l’Agriculture espère l’emporter pour la première fois. Aurélie Filippetti, la ministre de la Culture, devra s’imposer dans une nouvelle circonscription de Moselle, son ancien fief ayant été supprimé dans le cadre du redécoupage électoral. Enfin, Marie-Arlette Carlotti, en charge des Handicapés, affronte un ténor de l’UMP dans les Bouches-du-Rhône, Renaud Muselier.


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