Les rebelles au Soudan du Sud menacent les champs pétroliers essentiels à l'économie du pays, au risque de provoquer une intervention militaire du Soudan voisin, très dépendant des recettes de l'or noir, préviennent des experts. Samedi, un commandant de l'armée contrôlant l'Etat d'Unité, l'un des plus riches en pétrole, a rallié les forces rebelles de l'ancien vice-président Riek Machar. Le porte-parole de l'armée, Philip Aguer a cependant assuré que les forces loyales au président Salva Kiir contrôlaient toujours l'Etat d'Unité et ses gisements pétroliers, et que seule la capitale de cet Etat, Bentiu, était aux mains des rebelles. Les sociétés pétrolières ont déjà commencé à évacuer leur personnel. Ce qui implique, dans le meilleur des cas, que la production sera fortement réduite. Khartoum, qui a dû accepter l'amputation de la partie sud de son vaste territoire au profit d'une nouvelle nation en 2011 sous la pression internationale, notamment de Washington, a déjà exprimé ses craintes d'une baisse de la production pétrolière chez son voisin et ennemi, car son économie vacillante en dépend. Le Soudan doit en effet recevoir en 2014 des taxes évaluées à 1,5 milliard de dollars (1,1 milliard d'euros) en échange de l'utilisation par le Soudan du Sud de ses oléoducs pour l'exportation du pétrole. "Le pire des scénarios pour nous est que cette guerre se propage à d'autres régions et à l'ensemble du Soudan du Sud", a déclaré vendredi le ministre soudanais de l'Information Ahmed Bilal, estimant que le contrôle des champs pétroliers serait l'enjeu de ces combats.
Au cours de la guerre civile (1983-2005), Khartoum avait soutenu des milices pour protéger les gisements de pétrole contre les forces rebelles du Sud, qui constituent désormais, depuis l'indépendance du Soudan du Sud, l'armée régulière sud-soudanaise. Plusieurs de ces milices ont été intégrées dans l'armée sud-soudanaise, mais à présent que des factions de l'armée font défection, certaines pourraient retourner à la rébellion.
Après des combats frontaliers sporadiques en 2013, les relations entre les deux Soudan ont connu une amélioration à la faveur d'une rencontre en septembre entre le président Salva Kiir et son homologue soudanais Omar el-Béchir, qui avaient décidé de mettre en œuvre des accords sécuritaires et économiques.