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Face au retard injustifié du gouvernement dans l’exécution des engagements conclus dans l’accord du 23 juillet 2024, elle annonce l’ouverture d’un mouvement de mobilisation progressif qui touchera l’ensemble des établissements de santé publique dès le 9 décembre. Une date qui risque de peser lourd dans l’histoire récente du dialogue social marocain.
Ce sursaut n’est pas né d’un caprice, mais d’un constat qui, depuis des mois, s’impose avec une évidence implacable. Les syndicats dénoncent l’absence d’un calendrier clair pour les réunions promises, l’immobilisme des textes réglementaires attendus et les incohérences qui s’insinuent dans les discours officiels. Les échanges menés ces derniers mois avaient pourtant laissé espérer un respect minimal de la parole donnée. Aujourd’hui, cette parole semble flotter dans un vide institutionnel qui mine la confiance des professionnels et exacerbe leur frustration.
La force de cette coordination réside dans l’éventail de métiers qu’elle représente. Infirmiers, techniciens de santé, paramédicaux, assistants médicaux, médecins et pharmaciens forment ensemble le noyau vital du système de santé publique. Ce sont eux qui ont porté le pays à bout de bras lors des crises sanitaires. Ce sont eux qui continuent d’assurer le fonctionnement quotidien d’institutions souvent sous-dotées et sous pression. Et ce sont eux, aujourd’hui, qui affirment que leur patience a atteint ses limites.
L’accord du 23 juillet 2024 devait marquer un tournant significatif. Il prévoyait la réforme du statut des infirmiers et techniciens de santé de 2017, longtemps attendue et toujours à l’arrêt. Il promettait l’instauration d’un système d’incitation pour réparer un minimum l’épuisement d’équipes qui font face à des charges de travail démesurées. Il devait enfin permettre la publication de décrets statutaires clarifiant les droits et perspectives des médecins, pharmaciens, techniciens, infirmiers et assistants médicaux. Mais à ces mesures structurantes s’ajoutaient d’autres revendications tout aussi urgentes. La révision des indemnités de garde et d’astreinte, aujourd’hui jugées dérisoires au regard de la responsabilité engagée. La correction de l’indemnité GST qui suscite de nombreux litiges. Et la régularisation des employés transférés vers l’Agence nationale du sang qui pâtissent d’un vide administratif préjudiciable.
Rien de tout cela n’a avancé au rythme exigé. Selon la coordination syndicale, le dialogue sectoriel est désormais rompu. Non pas par volonté, mais par constat. Les tergiversations du ministère, les déclarations contradictoires et la lenteur de la machine administrative ont dessiné un paysage où l’incertitude règne et où les engagements du gouvernement semblent perdre la force qui devrait les animer. Dans un secteur aussi vital que la santé publique, cette hésitation constante ne peut être interprétée que comme un manquement grave à la responsabilité politique et morale que le gouvernement revendique pourtant à grand renfort de discours.
Le 9 décembre s’annonce donc comme le début d’un mouvement d’ampleur. Les protestations locales et régionales prévues dans tous les établissements de santé ne constitueront qu’une première étape. La coordination entend publier un mémorandum détaillant précisément chaque point de l’accord non exécuté, chaque retard enregistré, chaque engagement resté lettre morte. Ce document devrait servir de miroir tendu au gouvernement, lui renvoyant l’image fidèle de ce que signifie pour les professionnels un engagement non tenu. Si aucun signe concret ne vient inverser la tendance, des mobilisations nationales devant le ministère de la Santé suivront. Et nul ne pourra alors prétendre qu’il ne s’agissait que d’un mécontentement passager.
Au-delà du conflit social immédiat, c’est une question plus profonde qui se pose. Comment concevoir une réforme ambitieuse du système de santé, telle que le gouvernement aime à la projeter dans ses communications, lorsque les premiers concernés ne sont pas associés aux décisions stratégiques qui dessineront leur environnement professionnel de demain. Les syndicats réclament l’implication des représentants du personnel dans les conseils d’administration des groupements sanitaires territoriaux, rappelant qu’aucune gouvernance moderne ne peut se construire avec des acteurs tenus à l’écart des lieux de décision.
Ils demandent également l’amélioration des conditions de travail, gravement entamées par le déficit criant en ressources humaines. Ils appellent à mettre fin au gel des recrutements, qui fragilise non seulement les équipes mais aussi l’ensemble des missions de service public. Ils rappellent enfin que sans l’application intégrale de l’accord du 23 juillet 2024, aucune stabilité durable ne pourra être atteinte.
Dans un Maroc où les défis sociaux s’accumulent, le secteur de la santé demeure l’un des plus sensibles. Les professionnels ne peuvent que constater l’écart entre les discours officiels et la réalité vécue sur le terrain. Le gouvernement s’engage, mais tarde à agir. Il promet, mais hésite à appliquer. Il annonce, mais peine à concrétiser. Ce déphasage alimente un climat de doute que seule une volonté politique forte pourrait dissiper.
Le 9 décembre sera donc plus qu’une date dans le calendrier syndical. Il sera un rappel que le dialogue social n’est pas une formalité, mais un pilier essentiel de la stabilité nationale. Il sera un signal envoyé par des femmes et des hommes qui n’ont jamais cessé d’être au service des citoyens, même lorsque les moyens leur manquaient. Et il sera peut-être l’amorce d’une prise de conscience collective que l’avenir du système de santé marocain ne se construira jamais sur des promesses ajournées, mais sur une parole respectée et des actes cohérents.
Si le gouvernement souhaite éviter une crise durable, il lui faudra non seulement rattraper le retard accumulé, mais surtout rétablir la confiance. Les professionnels du secteur de la santé ne demandent ni privilèges ni faveurs. Ils demandent justice, dignité et reconnaissance. Trois exigences qui devraient, en principe, constituer la base de toute politique publique responsable.
Mehdi Ouassat










