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Les autorités locales bénissent la coalition entre le PAM et le RNI : L'USFP se retire du conseil municipal de Mohammedia


Rida ADDAM
Lundi 8 Novembre 2010

Les autorités locales bénissent la coalition entre le PAM et le RNI :  L'USFP se retire du conseil municipal de Mohammedia
La commune de Mohammedia défraie encore une fois la chronique. Cette fois-ci, ce n'est ni le niveau scolaire du président (PAM), Mohammed M'Faddel, (scandale de 2009 soulevé par l' opposant RNI qui le soupçonne toujours d'avoir falsifié un certificat scolaire puisqu'il n'a pas le niveau primaire), ni ses déclarations peu mesurées à la presse nationale lors des multiples conférences (à titre d'exemple le scandale de 2010 quand le président avait mêlé un membre de la famille Royale dans un conflit personnel avec un promoteur de la place), ni son exploitation des biens de la ville pour ses propres intérêts dont tout le monde parle (l'opposition l'accuse, preuve à l'appui, d'avoir détourné plusieurs terrains de la ville par le biais des nombreuses dérogations pour y installer ses propres projets immobiliers), ni d'autres scandales que traîne derrière lui le président de la commune qui prend le devant de la scène politique locale. L'actuel problème qu'affronte le «maire» de la ville, comme il préfère se présenter dans le monde des affaires pour son prestige, est sérieux : le retrait de l'USFP (10 sièges) de la majorité du Conseil de la ville est loin d'être un événement à sous-estimer. Mohammed M'Faddel (16 sièges) perd de solides alliés grâce à qui il a acquis le siège de la présidence après les élections de juin 2009. Un rêve qui ne se serait exaucé si l'USFP avait soutenu le RNI. «Mais l'USFP avait décidé de donner à Mohammed M'Faddel sa chance malgré sa modeste connaissance de la gestion de la ville. Une raison suffisante, au point qu’il fait rater à la ville l'occasion de participer à des rencontres de haut niveau, telles que celle du comité préfectoral du développement humain et autres», grognent certains élus USFP mécontents du bilan d'un an et demi de gestion de la ville aux côtés d'un partenaire qui ignore tout de la «gestion collégiale».   
En effet, le 4 novembre dernier, l'USFP claque officiellement la porte après un an et demi de malentendus et de conflits avec leur allié du PAM. Au moment où nous mettions sous presse, huit des dix élus USFP de la ville ont présenté leur démission de la majorité du conseil, les deux autres ne tarderont pas à le faire puisqu'il s'agit d'une décision politique prise par les cadres du parti à l'échelle locale. Il s'agit de Mohammed Moutawakil, premier vice-président du conseil, Hassan Ouajji, troisième vice-président, Ismail Hamdan, président de la commission des services d’utilité publique; Ahmed Mehdi Mezouari, président de la commission de la planification, des affaires économiques, du budget et des finances; Rachida Moumni, présidente-adjoint de la commission de l'urbanisme; Ghita Benhalima, présidente-adjoint de la commission des ressources humaines; Mohamed Amjiifi, président-adjoint de la commission du développement humain, des affaires sociales, culturelles et sportives et représentant du conseil communal à la commission chargée du suivi de la société Lydec et Naïma Khazri, secrétaire-adjoint du conseil.    
La grogne des démissionnaires est justifiée: «Le comportement orgueilleux et prétentieux du président qui décide de tout sans demander l'avis de ses partenaires ne favorise guère la «gestion collégiale» de la ville. Un principe de gestion très moderne dont le président de la commune ignore tout», argumente un observateur de l'affaire locale. Et ce n'est pas tout. Selon les démissionnaires, Mohammed M'Faddel, dans sa gestion anarchique de la ville, fait fi des principes fondamentaux de la gestion communale que son parti, le PAM, ne cesse de proclamer depuis sa création; à savoir : démocratie, modernité, développement, transparence, etc. Un avis que partageaient les anciens opposants à la commune, le RNI. Et ce, jusqu'à la veille du retrait de l'USFP de la majorité puisque le porte-parole de la commune, Said Bahlaoui (PAM) affirme un changement radical de vision chez les adversaires d'hier (RNI). D'après lui, le RNI serait en train d'approcher le PAM pour regagner le rang de la majorité. Et d'ajouter : «Nous n'avons aucun problème de nous allier au RNI puisqu'il serait impossible d'avoir deux oppositions à la fois dans le même conseil. Surtout qu'il est impossible de s'attendre à une coalition entre le RNI et l'USFP, ces éternels rivaux de la ville». Contacté par Libé pour s'assurer de la véracité des propos de Said Bahlaoui (PAM), Mohamed Atouani, tête de liste du RNI à la ville et ancien président de la commune, est resté injoignable.
Notons, dans ce sens, que même les autorités locales semblent bénir cette nouvelle coalition qui va en parallèle avec une politique nationale, puisque le PAM et le RNI ont récemment annoncé à Tanger leur volonté d'unir leurs rangs à travers le pays. Chose que les Usfpéistes démissionnaires déplorent : «Le gouverneur de Mohammedia a tout fait pour rassembler les deux rangs du RNI et du PAM. Il a même réuni récemment dans son bureau à la préfecture les têtes de listes des deux partis lors d’une réunion tenue secrète. Par ailleurs, la haute autorité de Mohammedia n'a même pas réagi pour restaurer la stabilité politique de la ville, en apaisant la colère des Usfpéistes et en avertissant le président de ses actes qui ne cadrent pas avec la convention collective, ni avec les accords des deux parties. Il n'a même pas déclenché une réunion entre les deux partis de la majorité».  

Les dessous de la démission
Le 4 novembre dernier, le secrétariat régional de l'USFP, le bureau de la section de Mohammedia et le Groupe socialiste du Conseil de la ville (8 membres sur 10) ont annoncé leur retrait de la majorité du conseil municipal et le retour à l'opposition. Une décision déjà prise en juin 2010 quand les militants du parti ont jugé négatif le bilan de la «gestion collégiale» de la ville avec l'ancien partenaire PAM. Dans un communiqué rendu public, ils déballent tout : «Mauvaise gestion individuelle du président», « copinage et favoritisme», «absence de bonne gouvernance de l'affaire locale», «gel des projets de développement de la commune», «manque de visibilité et de plan de développement socioéconomique de la ville», «négligence des intérêts de la ville et de ses citoyens au profit des intérêts personnels du président et de son entourage», «manquement à ses engagements», etc. La liste des abus du président est longue. Il suffit de signaler que «le président a nommé illégalement son cousin, ancien agent d'autorité à Tétouan, au poste de chargé de tout dans la commune. Cet intrus, qui siège illégalement à la commune, sans le moindre contrat de travail, est à la fois porte-parole du président, des élus et même de l'autorité locale», déplore un élu du Groupe de l'USFP. «Sans oublier le staff externe de la commune engagé à titre personnel sans l'aval du conseil et les acolytes du président qui avaient agressé auparavant l'élu du RNI, Mohamed Chbani, en pleine réunion du conseil. Ces mêmes hommes de main engagés pour faire régner l'ordre dans les lieux où se rend le président», selon la même source.
Ce qui conduit à l'échec de tous les efforts déployés par les élus de l'USFP pour remettre la pendule à l'heure en redonnant vie à l'administration communale tuée par les agissements inexpliqués du président et son staff.
Devant l'impasse du dialogue avec M'Faddel, les élus locaux de l'USFP ont tenté d'ouvrir un débat politique avec le PAM à l'échelle de la ville. Hélas, leurs efforts se sont soldés par un lamentable échec puisque «le président et ses élus au sein du conseil forment le noyau dur du PAM à la ville. Ceci dit, on était confronté aux mêmes mentalités, visons et objectifs». Ne pouvant plus supporter «l'anarchie et l'individualisme qui caractérisent la mauvaise gestion de la ville», les élus de l'USFP sont passés à l'acte. D'où, leur retrait de la majorité pour reprendre leur position d’antan : l'opposition. Convaincus que «Mohammed M'Faddel n'a pas réussi à prouver sa capacité de bon gestionnaire de l'affaire locale pendant la première année», ils ont adressé à l'opinion publique locale un message : «Nous comptons défendre les intérêts de la ville et de ses habitants, loin de tout intérêt personnel comme le font certains. Sur ce, nous invitons les habitants de la ville, sa société civile et ses politiques à rejoindre notre rang pour défendre son patrimoine foncier, culturel, social, et sportif. Et c'est pourquoi nous avons choisi, sans l'idée d'alliance avec qui que ce soit,  le rang de l'opposition». Et d'ajouter : «Notre ville vit des moments difficiles entre de mauvaises mains qui ne cherchent que leurs intérêts étriqués et ceux de leurs protecteurs. C'est pourquoi nous déclinons tout engagement juridique et politique avec la majorité du conseil de la ville». 

M’Faddel préfère payer ses impôts ailleurs

«La ville de Mohammedia est une ville pauvre». C’est ce que Mohamed M’Faddel, président de la commune, ne cesse de répéter depuis sa nomination à la tête de la ville. Il soutient également que  les recettes de la ville se sont élevées,  grâce à lui à 14 milliards de centimes. Un chiffre énorme et irréel aux yeux des militants de l’USFP. Selon eux, le président joue sur cette donnée erronée pour convaincre la population de son importance dans la ville. De la  pure propagande qui le servirait lors des prochaines élections de 2012. En réalité, les recettes fiscales de la ville n’excèderont jamais les 12 milliards de centimes. Ceci dit, la ville est riche et sa trésorerie peut répondre aux exigences et satisfaire les attentes. Mais le président refuse de lancer l’opération de recouvrement. Il suffit de noter dans ce sens qu’en ce mois de novembre, les recouvrements ont atteint à peine la somme de 6 milliards de centimes. Ce qui est loin du budget réel de la ville et des estimations du président.  En réalité, la ville est riche et c’est grâce à elle que l’actuel président s’est enrichi. Il suffit de rappeler que « tous ses projets dans la ville sont passés par des dérogations», crie un élu furieux. Pire : le président qui prétend avoir tant donné à la ville, «n’y paie même pas ses impôts, puisque le siège social de son holding immobilier qui bénéficie du foncier de la ville à des prix dérisoires est officiellement basé à Casablanca», argumente la même source. La ville ne gagne rien avec lui en tant que promoteur, comment pourra-t-elle tirer profit de son poste en tant que  président ? Une question qui ne tardera sans doute pas à refaire face lors des élections de 2012. Les habitants, la société civile, la presse, les entrepreneurs et les politiques de la ville attendent bien des réponses logiques à cette question, parmi d’autres.  



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1.Posté par Mohammed Bouznada le 20/05/2015 20:27
Messieurs,
Je ne suis à Mohammedia, que depuis avril 2014, à la fin de mon mandat d'élu en France,
et membre d'une majorité municipale.

Ce qui m'a frappé, c'est de constater le nombre de chantiers immobiliers ouverts, tous, au nom du Président du conseii municipal.

Je peux me tromper, mais je pense que, quelque part, il y a incompatibilité entre fonction élective et l'activité commerciale d'un magistrat de la ville.

Ma 2ème remarque est le silence ASSOURDISSANT de l'opposition municipale, face à de telles pratiques.

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