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Publié en France en 1968, ce livre n’est qu'une partie d'un plus vaste travail sociologique et historique sur la ville de Casablanca à partir de « l'établissement du protectorat français sur le Maroc et même un peu avant que Casablanca ne se transforme de façon décisive : création d'industries, implantation d'une population française et européenne de plus en plus nombreuse, et enfin volonté de Lyautey d'y construire le grand port du Maroc, en 1912 », précise Robert Mantran dans son compte rendu sur ce livre publié dans la Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée en 1971.
André Adam décrit l'évolution de la ville dans toutes ses structures, la modernisation, l'industrialisation, le développement du secteur tertiaire qui ont conduit à une transformation des hommes, en particulier à partir de la diffusion de l'enseignement à tous les niveaux.
Il met également en relief les oppositions multiples, entre traditionalistes et modernistes, entre paysans et citadins, entre ouvriers et employeurs, entre prolétaires et néo-bourgeois. A. Adam montre bien que l'évolution de la classe ouvrière casablancaise (et plus généralement marocaine) ne correspond pas au schéma classique européen : la lutte pour l'indépendance l'a associée à la bourgeoisie nationaliste, mais l'indépendance acquise, le nationalisme n'a pas disparu et n'a pas cédé la place à la lutte des classes, en dépit de l'action de certains leaders syndicaux.
Dans sa conclusion, André Adam insiste sur les aspects "dualistes" de Casablanca; dans l'habitat, dans l'économie, dans la culture. A. Adam estime que la ville d'aujourd'hui est peut-être moins séparée du monde rural qu'elle ne l'était autrefois ; cependant l'influence occidentale a pénétré dans la ville, et cette influence n'a pas disparu avec l'indépendance ; elle y a apporté des ferments de transformation économique et sociale qui contribuent à la destruction du milieu traditionnel : l'Islam lui-même n'est pas à l'abri de cette évolution. « Parce que les hommes de ce pays vivaient dans un système traditionnel, les traumatismes que la civilisation industrielle leur inflige sont plus violents, les efforts qu'elle leur impose plus intenses, les contradictions qu'elle leur propose plus déchirantes. Il leur faut à la fois accéder à l'universel et rester eux-mêmes. Le vieux conflit de l'Occident et de l'Orient est désormais au fond de leur âme. Et la grande ville est le bien privilégié de ce conflit. Casablanca eut un passé agité. Son avenir a bien des chances de connaître l'alternance de jours laborieux et de soubressauts tragiques qui forme la trame de l'histoire dans les sociétés en gestation », a conclu André Adam.