Les Gnaoua ensorcellent la ville des vents : Salif Keita met le feu à la scène Moulay Hassan

Lundi 27 Juin 2011

Les Gnaoua ensorcellent la ville des vents : Salif Keita met le feu à la scène Moulay Hassan
Des morceaux chantés en malinké, bambara et en français ont retenti samedi soir à la grande Place Moulay Hassan où s‘étaient donné rendez-vous des dizaines de milliers de personnes pour applaudir une des plus grandes voix de la scène musicale africaine: le grand chanteur et compositeur Salif Keita.
Dans une ambiance très colorée, la « voix d’or d’Afrique » a fait vibrer la scène mythique du Festival Gnaoua, offrant au public une magnifique soirée aux couleurs africaines et mondiales. Une brillante prestation qui aura fait danser plus d’une heure durant un public nombreux et très en forme.  
«J’ai déjà eu l’occasion d’écouter la musique gnaoua il y a de cela plusieurs années. J’ai même failli travailler avec des maîtres gnaoua dont je connais l’histoire. C’est dire combien je suis heureux et content d’être ici, à Essaouira », a confié à Libé Salif Keita, quelques heures plus tôt avant le concert.
Un bonheur dont on a pu apprécier la profondeur ce soir-là, tant il est vrai que l’artiste malien, ses choristes et musiciens ont su, comme ils savent le faire, créer une véritable symbiose avec les festivaliers dont de nombreux expatriés européens qui n'avaient d'yeux et d'oreilles que pour ce chanteur de bonne renommée. Conquis, le public a maintes fois applaudi ce talentueux artiste qui a interprété plusieurs de ses meilleurs morceaux dont certains tirés de son dernier album « La différence ». Le troisième volet de sa trilogie acoustique, un des plus engagés de sa carrière, parue chez Universal Jazz, et réalisé dans trois villes: Paris, Bamako et Djoliba, ville dont il est originaire.
Il faut dire que ce bijou sonore aborde deux thèmes chers à l’artiste : la préservation de l’environnement au Mali et la reconnaissance des Albinos.  Sur ce dernier sujet, Salif Keita a confié que la situation des Albinos dans son pays, comme ailleurs, demeure préoccupante. « Ils sont très mal perçus par la société qui leur prête certains pouvoirs mystiques. Ce sont des victimes d’une certaine interprétation de nos traditions. Et nombreux ne comprennent pas comment des parents noirs peuvent donner naissance à un Albinos. L’ignorance est telle qu’on voit en eux des génies, des magiciens dont il faut récupérer cheveux voire du sang pour des pratiques...»
Evoquant son cas, Salif Keita reconnaît avoir «été beaucoup protégé par mon père, ce qui m’a permis d’échapper à ces pratiques. Par exemple, quand je dormais quelque part chez ma mère, le matin je me retrouvais le lendemain avec la tête rasée », se souvient-il soulignant que « la musique a été une arme pour lutter contre ce phénomène. Grâce à elle, j’ai pu me faire entendre » et ainsi défendre les Albinos.
A propos de la place de la musique marocaine et particulièrement gnaoua dans la culture malienne, l’auteur des classiques « Moffou » (2002) et «Mbemba» (2005) y voit des ponts entre le Maroc et son pays, le Mali. « Nos deux pays sont très proches de par la musique et la culture en général. Les Gnaoua ayant des origines chez nous, je peux dire que c’est un devoir de me trouver ici et de partager ces instants magiques ensemble», a-t-il estimé.
Revenant sur son enfance et son attachement à la musique, la star africaine confie que celle-ci s’est naturellement imposée à lui. En plus, son intérêt pour la musique «n’a pas posé de problème à mes parents qui ont compris qu’entre la chanson et la délinquance, la meilleure voie pour moi était d’être chanteur d’autant plus que c’est un métier noble », a-t-il déclaré.
Sur d'éventuelles collaborations avec les maâlems gnaoua, Salif K. a déclaré qu'il n’est pas exclu d’y intégrer une collaboration avec  les gnaoua dans un projet avenir». une fusion dont on a pu apprécier un avant-goût sur scène lorsque le chanteur a invité de jeunes danseurs gnaoua à conclure son spectacle dans une symbiose dont seuls les pays du Sud ont le secret.
Soulignons que d'autres groupes s'étaient produits plus tôt sur la même scène: le jeune et virtuose de piano arménien Tigran Hamasyan et le maâlem Mustapha Baqbou qui ont offert au public une formidable fusion, très applaudie. tout comme celle qui a dominé sur la scène Méditel entre le maâlem Adelkebir Merchane et le groupe Darga. Ici, c'est au maâlem Mahmoud Guinea qu'est revenu l'honneur de clore la soirée sous des ovations répétées d'un public en transe. 

DNES: ALAIN BOUITHY

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