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Les Amérindiens Navajo s'offusquent de l'envoi de cendres humaines sur la Lune


Libé
Vendredi 5 Janvier 2024

Une mission spatiale américaine privée prévoit d'acheminer le mois prochain des cendres de défunts sur la Lune, mais cette activité lucrative suscite la colère de la tribu amérindienne Navajo, qui fustige la "profanation d'un lieu sacré".

La Lune "fait partie de notre héritage spirituel, un objet de révérence et de respect" tenant une "position sacrée dans beaucoup de cultures amérindiennes", a écrit Buu Nygren, le président de la nation Navajo, l'une des plus importantes tribus aux Etats-Unis.
Dans sa lettre adressée fin décembre au ministère américain des Transports et à la Nasa, il a demandé le report du décollage.

Jeudi, l'agence spatiale américaine, qui envoie elle-même des expériences scientifiques à bord de la même mission, a répondu en soulignant qu'elle n'en était toutefois pas directement responsable, celle-ci étant menée par le secteur privé.

Alors que les entreprises sont appelées à jouer un rôle de plus en plus grand sur la Lune, cette controverse illustre ainsi les débats qui ne manqueront pas de se multiplier sur son utilisation future par des intérêts privés.

L'alunisseur en question ici, nommé Peregrine, a été développé par l'entreprise américaine Astrobotic. Son décollage est prévu lundi de Floride, à bord d'une nouvelle fusée du groupe industriel ULA. L'alunissage doit avoir lieu le 23 février.

Parmi la vingtaine de chargements embarqués: ceux des entreprises Celestis et Elysium Space, spécialisées dans les "vols spatiaux commémoratifs".
Celestis a confirmé à l'AFP envoyer à bord de l'alunisseur "une portion symbolique d'ADN et/ou des restes incinérés de 69 personnes".
Le créateur de Star Trek, Gene Roddenberry, et l'auteur de science-fiction Arthur C. Clarke, figurent sur la liste publiée par la compagnie, qui dit proposer ce service à partir de 12.995 dollars.

La cargaison ne sera pas déposée sur la surface, mais restera dans l'alunisseur, a précisé Astrobotic, qui a assuré respecter "toutes les régulations et lois pour les activités commerciales au-delà de l'orbite terrestre".
Elysium Space n'a pas répondu aux questions de l'AFP.

"Aucune culture ou religion ne devrait exercer un droit de veto sur les missions spatiales", a déclaré Celestis dans un communiqué. Selon l'entreprise, cette mission est "l'exact contraire d'une profanation, mais une célébration".
La Nasa a elle paru plus embarrassée.

Car un précédent existe: en 1999, une sonde de l'agence spatiale s'est délibérément écrasée sur la Lune, avec à bord les cendres du géologue Eugene Shoemaker. Une mission à laquelle Celestis dit avoir pris part.

A l'époque déjà, la nation Navajo avait exprimé son mécontentement. "La Nasa avait publié des excuses et promis de consulter les tribus avant d'autoriser toute autre mission transportant des restes humains sur la Lune", a relevé dans sa lettre Buu Nygren. Mais la Nasa ne semble pas "avoir tenu parole", a-t-il ajouté.
Assurant prendre les inquiétudes de la tribu "très au sérieux", Joel Kearns, haut responsable à la Nasa, a annoncé qu'une "réunion intergouvernementale" serait organisée avec des représentants Navajo.

Une réponse "va être examinée et développée", a-t-il promis lors d'une conférence de presse, tout en soulignant que l'agence spatiale américaine n'avait pas de droit de regard sur les cargaisons de missions privées.

Ce mouvement de privatisation est toutefois bel et bien encouragé par la Nasa, qui cherche à développer une véritable économie lunaire. En se reposant sur les compagnies privées, l'agence spatiale espère pouvoir y envoyer davantage de matériel, pour moins cher.

Elle a ainsi passé contrat avec plusieurs entreprises, dont Astrobotic, pour l'envoi d'expériences et de technologies sur la Lune, dans le cadre d'un programme baptisé CLPS. Celui-ci fournit ainsi aux compagnies un financement crucial.
Astrobotic pourrait devenir fin février la première société privée à atterrir sur la Lune, mais bien d'autres sont sur les rangs.

Il s'agit d'une "toute nouvelle industrie", a déclaré Joel Kearns, en reconnaissant que des entreprises pourraient utiliser ces nouveaux moyens de transports à des fins "industrielles" ou même "de publicité", générant ainsi "différents problèmes ou inquiétudes".

"Je suis sûr qu'avec le temps, il y aura des changements dans la façon dont nous voyons les choses", a-t-il dit. Et d'ajouter que l'industrie pourrait "peut-être elle-même fixer des normes ou des recommandations" sur la façon d'opérer.


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