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Dans le même événement, découverte intéressante du photographe-plasticien Yang Shun-Fa, qui narre la destruction d'un village traditionnel dans l'euphorie industrielle. Sa science des points d'or, ses compositions panoramiques savantes, ses scénographies raffinées dans des cadrages millimétrés, tantôt en noir et blanc pour évoquer l'assombrissement des situations, tantôt en couleur pour exprimer l'embrasement des esprits, juxtaposent les ruines présentes et les vestiges d'une histoire sociale foudroyée, photographies familiales, jouets démembrés, bibelots chargés de souvenirs intimes. Des silhouettes fantomatiques, ombres incrustées dans les décombres, hantent lugubrement les lieux ravagés. La sublimation artistique des traces putréfiées, des objets dérisoires rescapés du déluge, de la mémoire agonisante du passé, immortalise le souvenir d'un anéantissement programmé. L'entrée de Taïwan dans l'ère numérique, le dopage de son économie par l'industrie informatique, le bouleversement brutal de ses structures sociétales millénaires, a jeté dans la déshérence des populations entières. Les dévastations technologiques s'orchestrent avec les calamités naturelles. Le châtiment terrestre se mêle à la colère céleste. La lutte désespérée des citoyens pour sauvegarder leur cadre de vie s'inscrit d'avance dans les causes perdues. Demeure l'art pour témoigner de l'avancée déprédatrice des puissances des ténèbres.
Dans l'édifice prestigieux de la Maison Européenne de la photographie à Paris (ancien hôtel particulier Hénault de Cantobre), devant une photographie sobre d'Augustin Le Gall, Leila Alaoui, en noir et blanc sous cadre laiteux contrastant cruellement avec le rayonnement de son sourire, remontent des tréfonds de l'être l'inconsolable douleur, l'insurmontable sentiment d'impuissance, que dire face à la perte irremplaçable d'un joyau de la terre?
(Sociologue, poète, artiste peintre)









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