L'efficacité des vaccins sous le seuil jugé acceptable par l'OMS
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La barre des cent décès dépassée
D’abord, parce que si le Royaume a atteint un record de décès (105) en 24h, comme annoncé mardi soir par le ministère de la Santé, les réticences de certains Marocains à se faire vacciner ne sont pas étrangères à ce triste état de fait, comme c’est le cas de la grande majorité des citoyennes et citoyens décédés en réanimation ces derniers temps. Ensuite, car la nouvelle enquête de suivi “REACT-1”, réalisée par l'Imperial College de Londres, a montré que l'efficacité des vaccins (Pfizer et AstraZeneca) anti-Covid-19 contre le variant Delta serait inférieure à 50%. Dès lors, la formule d’introduction prend tout son sens. Même si, il va de soi que l’on aurait préféré vous annoncer que la situation sanitaire dansle pays est rassurante. Mais force est de constater que les courbes d’infections, de patients en réanimation et de décès s’emballent et sont en constante hausse depuis plusieurs jours. Lors du bilan épidémiologique de mardi, les autorités sanitaires dénombraient pas moins de 9.778 nouveaux cas (soit un taux de positivité de 21,5%), dont la majorité recensés à Casablanca (2.628). La situation dans la petite ville de Fkih Ben Saleh, avec 261 cas Covid+ en 24h, n’est pas moins inquiétante. Finalement, il n’y a rien de bien étonnant à ce que le nombre de cas actifs atteigne un nouveau pic : 75.818 cas. Les services de réanimation n'échappent pas à cet emballement épidémique, avec 314 nouvelles admissions au cours des dernières 24 heures, pour un total de 1.692 patients hospitalisés. Bref, ce n’est pas demain la veille que nous allons nous débarrasser de ce satané virus, quand bien même les autorités sanitaires tentent par tous les moyens d’endiguer la propagation du variant Delta (indien), en accélérant la campagne de vaccination. Et notamment en incluant les étudiants, comme l’a fait savoir, par le biais d’un communiqué, le ministère de l’Education nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique : «Tous les étudiants ainsi que les stagiaires de la formation professionnelle sont invités à se rendre au centre de vaccination le plus proche pour recevoir la première dose du vaccin ».
L'efficacité des vaccins en question
Cependant, l’ensemble des efforts consentis se heurtent à une réalité scientifique qui fait vraiment froid dans le dos : les vaccins ne sont pas une assurance tout risque. Au-delà de l’étude parue en juillet dernier, selon laquelle un schéma vaccinal à deux doses diminuait de 80% le risque d’infection contre le variant Delta (94% pour Pfizer et 74% pour AstraZeneca), après ajustement des différents facteurs (âge, comorbidités, etc.), une nouvelle enquête estime l’efficacité des vaccins contre le variant Delta à 49%. Une mauvaise nouvelle en soi, puisqu’il s’agit d’un seuil inférieur à celui jugé acceptable par l'Organisation mondiale de la santé. Lors de la même enquête, “44 % des nouvelles infections ont ainsi eu lieu chez des personnes vaccinées”, a indiqué l'épidémiologiste Paul Elliot. Logiquement, ce chiffre devrait être amené à augmenter au fur et à mesure que plus de personnes sont vaccinées. Cela n'empêche pas les sueurs froides et les scénarii les plus pessimistes. « Le variant Delta est connu pour être hautement infectieux et par conséquent, nous pouvons voir qu'il engendre des infections inhabituellement élevées chez des personnes entièrement vaccinées», confirme Steven Riley, spécialiste des maladies infectieuses à l'Imperial College de Londres, dans une manière d’enfoncer encore un peu plus le clou. Evidemment, le but de l’étude n’est en aucun cas de prouver que les vaccins ne servent à rien. Bien au contraire. D’ailleurs, il convient de rappeler que l'Imperial College de Londres souligne que les personnes doublement vaccinées ont deux fois moins de chance d'être contaminées par un patient infecté. Mais si «aucun vaccin n’est efficace à 100%, il existe toujours un risque d'infection même au sein d'une population vaccinée», tempère Paul Elliott, il y a des raisons de redoubler de vigilance, d’autant que chez les personnes vaccinés “un rapprochement des courbes de contaminations et des hospitalisations a été constaté récemment”, concluent les chercheurs. Pour une fois, on aimerait qu’ils aient tort.