
Au nom des Etats-Unis, le secrétaire d'Etat John Kerry s'est dit "très inquiet" par cette dernière "explosion de violence", qui porte à plus de 300 le nombre de tués dans les troubles politiques en un mois, rappelant les autorités à leur "obligation morale et légale de respecter le droit de manifester de manière pacifique".
En Egypte même, des personnalités de premier plan qui ont soutenu le renversement de M. Morsi le 3 juillet ont laissé percer leur inquiétude face au risque d'escalade entre l'armée et les islamistes, qui s'accusent mutuellement de mener le pays à la guerre civile.
La plus haute autorité musulmane d'Egypte, l'imam d'Al-Azhar cheikh Ahmed Al-Tayeb, a demandé une "enquête urgente" sur ces violences, et le vice-président du pouvoir de transition, le Prix Nobel de la Paix Mohamed ElBaradei, a "condamné le recours excessif à la force".
Selon un dernier bilan du ministère de la Santé, 72 personnes ont été tuées et plus de 400 blessées dans les affrontements.
Les affrontements, dont les deux camps se sont rejeté la responsabilité, ont éclaté quelques heures après la dispersion des manifestations massives rivales vendredi des partisans de l'armée et des Frères musulmans, la formation de M. Morsi.
Des pro-Morsi partis de leur campement à la mosquée Rabaa al-Adawiya (nord-est du Caire) ont tenté de bloquer la circulation à un pont routier et se sont heurtés à des habitants, selon le ministère de l'Intérieur.
La police est intervenue pour s'interposer et n'a "utilisé que du gaz lacrymogène", selon le ministère, laissant entendre que les pro-Morsi tués l'avaient été par des habitants.
Les fidèles du président déchu ont en revanche incriminé des "policiers en uniforme agissant aux côtés d'hommes de main", tirant des balles réelles et de la chevrotine.
Pour le porte-parole de l'Intérieur, la réponse massive à l'appel du chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, à manifester vendredi pour lui donner "mandat d'en finir avec le terrorisme", démontre que le peuple "souhaite une stabilisation sous la protection de l'armée".
Mais les partisans de M. Morsi voient dans les violences "le résultat direct du prétendu mandat réclamé par Sissi", maître d'œuvre du renversement du premier président d'Egypte élu démocratiquement.
Le Front du salut national (FSN), principale coalition politique de gauche et libérale laïque, a exprimé sa "tristesse" après les violences meurtrières, mais a dénoncé "l'attitude provocatrice" des Frères musulmans.
"Le général Sissi est l’homme fort du nouveau régime" et "jouit du soutien d'une grande partie de la population en raison de son action contre les Frères musulmans", souligne Moustafa Kamel el-Sayyed, professeur de science politique à l'Université du Caire.