Créé fin août à Istanbul et lancé officiellement le 2 octobre, le CNS réunit la majeure partie des courants politiques syriens opposés au régime de Damas. Il rassemble les Comités locaux de coordination (LCC) qui chapeautent les manifestations, les libéraux, la confrérie des Frères musulmans interdite de longue date en Syrie, ainsi que des partis kurdes et assyriens.
D’autre part, les grandes manœuvres ont commencé à Paris pour le renouvellement mi-février de la présidence tournante du Conseil national syrien (CNS) critiqué par les opposants de l'intérieur qui réclament plus d'aide et miné par les dissensions entre exilés.
Le 15 février, Burhan Ghalioun pourrait perdre la direction du CNS, instance de représentation de l'opposition syrienne, qui selon ses statuts renouvelle sa présidence tous les trois mois.
Universitaire exilé en France depuis plus de 30 ans, tenant d'une gauche nationaliste arabe, il avait émergé en octobre comme "la" personnalité capable de rassembler au sein d'un conseil composé de multiples tendances (islamistes, nationalistes, libéraux, indépendants), adoubé par les Frères musulmans majoritaires. Son poste aurait dû être remis en jeu le 15 janvier mais faute de consensus, le vote avait été repoussé d'un mois.
A l'approche de ce rendez-vous, d'autres se positionnent. Deux opposants sont ainsi récemment arrivés de Syrie pour se faire porte-parole de la rue syrienne et lui permettre de peser davantage.
George Sabra, opposant historique, chrétien et ex-communiste, membre de la direction du CNS, a passé huit ans dans les geôles de l'ex-président Hafez al-Assad et encore trois mois dans celles de son fils Bachar, dont il est sorti le 19 septembre.
Il se dit envoyé par le Parti démocratique du peuple syrien qu'il a co-fondé avec "pour mission de travailler avec le CNS" et de le "réformer". Souheir al-Atassi est issue d'une grande famille d'opposants sunnites laïques de Homs (foyer de la contestation). Co-créatrice de la Commission générale de la révolution syrienne mais non membre du CNS, elle dit être sortie de "la clandestinité à la demande des révolutionnaires" pour passer à "une nouvelle étape".
Parmi les exilés de longue date, la libérale Basma Kodmani, porte-parole du CNS passée par la fondation américaine Ford, avait été candidate en janvier tout comme un représentant des Frères musulmans.
In fine, "c'est le Qatar, qui avec la Turquie pilote le CNS, qui choisira son chef, une personnalité montrant l'unité de l'opposition", estime Fabrice Balanche, chercheur à la Maison de l'Orient.