
«Cette annonce a surpris toute l’Europe. La France tient à rappeler que le plan adopté jeudi dernier à l’unanimité des 17 membres de la zone euro est la seule voie possible pour résoudre le problème de la dette grecque», a déclaré mardi soir Nicolas Sarkozy sur le perron de l’Elysée, après une réunion avec les principaux ministres concernés. «Donner la parole au peuple est toujours légitime mais la solidarité de tous les pays de la zone euro ne saurait s’exercer sans que chacun consente aux efforts nécessaires», a-t-il ajouté. En Europe, les Bourses ont ouvert toutefois en nette hausse mercredi après leur décrochage de la veille, les investisseurs espérant que la réunion du comité de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (FOMC) serait l’occasion pour la Fed d’annoncer des nouvelles mesures de soutien à l’économie.
Les sondages d’opinion montrent qu’une majorité d’électeurs grecs estiment que l’accord de sauvetage est mauvais pour leur pays mais le résultat du référendum dépendra de la manière dont Papandreou présentera les mesures de ce plan ainsi que la question d’un maintien dans la zone euro. Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble estime mercredi dans le Financial Times Deutschland que les Grecs soutiendront les réformes du gouvernement lors du référendum.
«Si la Grèce accepte le fardeau et les efforts exigés par les programmes d’aide, s’ils veulent demeurer dans la zone euro, ils soutiendront le plan», affirme-t-il. Le Premier ministre grec se dit convaincu que les partenaires de la Grèce appuieront sa politique et il a appelé les membres du G20 attendus à Cannes à «privilégier la démocratie par rapport aux appétits financiers». Son initiative surprise pourrait placer Nicolas Sarkozy dans l’embarras alors qu’il tente d’impliquer les grandes nations émergentes, en particulier la Chine, dans cette tentative de sauvetage en leur ouvrant l’accès au Fonds européen de stabilité financière. «Notre vision de la situation, c’est: laissons (les dirigeants de la zone euro) procéder à une évaluation crédible des problèmes de solvabilité et essayer de résoudre ces problèmes, et ensuite un financement supplémentaire pourra être envisagé», a déclaré mercredi le ministre indien des Finances, Pranab Mukherjee. L’annonce de Papandreou pourrait également entamer le soutien politique de certains Etats du nord de l’Europe.Le projet de référendum jette un voile d’incertitude sur le versement d’une sixième tranche d’aide à la Grèce, a déclaré mardi le ministre néerlandais des Finances. «Je peux imaginer qu’il sera difficile pour le FMI de se décider sur cette tranche, mais il y aura des incertitudes», a dit Jan Kees de Jager devant le Parlement. Le président de l’Eurogroupe, le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, a jugé pour sa part que la Grèce se trouverait en faillite si les électeurs grecs rejetaient le plan de sauvetage. Dans l’immédiat, le premier obstacle politique que rencontrera Papandreou est celui d’un vote de confiance vendredi, alors que sa majorité n’est plus que de 152 élus sur 300 après une nouvelle défection. Six membres du Pasok ont en outre exprimé leur désaccord avec la convocation d’un référendum en affirmant que le Premier ministre devrait laisser la place à une administration «politiquement légitime». A l’issue de la réunion de cabinet qui s’est achevée vers 03h00, après sept heures de discussions, plusieurs ministres ont critiqué le fait de ne pas avoir été tenus au courant. «Pour la première fois, nous reconnaissons que notre politique manque de légitimité», a estimé un ministre s’exprimant sous le sceau de l’anonymat.