Le rappeur casablancais Skif lance la marque « Anti Hagra »

“De l'outsider à l'incontournable”


Ayoub Akil
Lundi 29 Décembre 2008

L'habit ne fait pas le moine, il le cache. Mais, le vêtement hip-hop sert bien à livrer un message et marquer une appartenance. Les marques ont proliféré ces dernières années. Au moment où le hip-hop marocain connaît son premier âge d'or, quelques rappeurs actifs dans le mouvement décident de créer des séries limitées de T-shirts. Ils connaissent un succès immédiat auprès des initiés. Dans la volonté de créer un graphisme professionnel et fidèle à la culture qu'ils vivent, la société Skif Wear Production est créée.
Pour mesurer l'ampleur du phénomène, on a choisi l'exemple de Yassine, ce jeune Casablancais qui a réussi à créer une marque qui ne passera pas inaperçue à la prochaine édition du Festival L'Boulevard. "J'ai contacté les organisateurs. Et on m'a promis un stand spécialement pour ma marque. J'ai fixé un prix raisonnable: 65 dirhams", nous confie Yassine Harifi, membre du groupe casablancais de rap "Hospital Underground" et créateur de Skif Wear Production.
Alors que la consommation est en baisse sur le marché streetwear, Skif Wear Production (SWP) vise à accroître ses volumes de vente et devenir une des références du streetwear marocain. Il s'agit d'une marque à double appellation: "Smo 3lih" et "Anti Hagra". "C'est une marque de streetwear, hip-hop wear, très prometteuse" se félicite Yassine alias Skif. A l'origine, elle est destinée aux jeunes amateurs de hip hop. Les matières sont de qualité et les logos sont très stylés et toujours avec ce côté graff qui me plaît énormément".
A travers "Smo 3lih" et "AntiHagra", Skif recherche un style plutôt sobre. Il y a une vraie volonté d'être à la fois pleinement dans les valeurs et codes urbains (hip-hop, armée, riots ) toujours en guise d'élégance. Pour la petite histoire: tout a commencé en 2007. Date où Yassine décide de faire une petite série de T-shirt qu'il distribue à ses amis. Son but n'était pas de les vendre dans les soirées hip-hop de la ville blanche. Mais plutôt d'assurer une petite promotion à sa marque. Ces premiers essais lors du précédent L'Boulevard rencontrent un franc succès. Et une deuxième série voit le jour. Cette fois-ci disponible à partir de 80 dirhams dans quelques magasins de la ville.
Un véritable engouement pour la marque commence déjà très tôt. Sans encore savoir qu'il mettrait en place les bases du streetwear actuel, il choisit le nom de la future marque: Skif Wear Production. Skif se consacre pleinement à développer sa marque. C'est un nom comme un message "Anti Hagra". "A l'instar de ses homologues américaine et française, la communauté rap et hip-hop marocaine s'oppose à l'humiliation autrement dite "hagra". C'est aussi le besoin de s'exprimer et prouver que les jeunes ne sont pas peu portés à la révolte.
Au contraire, ils l'expriment à travers leurs textes de rap et aussi par leur mode vestimentaire", a expliqué Farida Belyazid, la célèbre réalisatrice marocaine, lors de son passage à l'émission "Générations". Invitée sur le plateau de 2M, elle choisit de porter un T-shirt de cette série Anti-Hagra. Un geste à saluer, bien sûr.
Skif en était fier. Fort de son succès, le jeune Casablancais pense à élargir encore sa gamme de produits. "Je voudrais utiliser des couleurs inédites, renouveler tous les logos et toutes les techniques de broderie. Comme ça, je pourrais bien développer notamment une collection plus complète pour les jeunes filles", avance Yassine. Cette fraîcheur lui permet la prise de nouvelles parts de marché à Casablanca autant que d'autres villes. La distribution s'étend désormais à Salé, Rabat, Tanger, Meknès, Agadir et Marrakech, entre autres.
Se profilent, au passage, des rencontres avec des financiers, intéressés par le potentiel de la jeune marque streetwear. Il s'agit d'une société d'export nommée New Prod et une agence de design «Argus». Les deux décident de s'associer pour développer le concept permettant ainsi à Skif de créer toute la ligne de t-shirts. Il travaille sur l'image de la marque. Il propose à ses amis de Hay Mohammadi et de la communauté rap marocain de porter les vêtements "Skif Wear Production" sur scène.
Le marché "Streetwear" explose et les marques se multiplient. Mais Skif voudrait prendre le contre-pied du marché. La marque décide d'étendre la diversité de ses produits pour arriver à proposer de véritables collections, sans reposer sur la notoriété d'un artiste.
"Personnellement, je ne porte pas de G-unit Clothing. Car, je trouve que cela fait un peu trop de porter les fringues griffées au nom d'un groupe. Oui d'accord, je l'ai fait quand j'étais plus jeune à l'époque du Wu Wear. D'ailleurs, je pense que ceux qui portent ces fringues sont plus les kids et ados. Je trouve le collectif musicalement intéressant, même s'ils sont hyper critiqués", décortique Yassine.
L'on comprend. La communication se recentre autour du logo original et du concept "authenticité, originalité, compétitivité et qualité".




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