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virulent, ce morceau s'en prend au pouvoir algérien et évoque l'injustice ressentie par une partie du peuple. Il traduit, en effet, la colère et les frustrations de la jeunesse face à l'oppression, mais également sa désillusion née des ratés du Printemps arabe
Parmi les rappeurs algériens les plus populaires, porte-parole d’une génération qui se sent opprimée et lésée, Lotfi DK est avant tout un ingénieur d’Etat en géologie. Mais c’est pour ses rimes et son engagement politique qu’il a préféré s’illustrer, ce qui lui a valu d’être privé de concerts et désigné, il y a quelques années, comme persona non grata dans son pays. C’est depuis la France qu’il poursuit donc sa joute verbale contre le gouvernement algérien. «Je ne reviendrais pas en Algérie tant que Bouteflika est au pouvoir», avait-il déclaré en 2014 après quelques morceaux hostiles à un quatrième mandat du président.
Dans son dernier clip «Dima 3gabhoum» (On ne vous lâche pas), le chanteur attaque de nouveau le pouvoir en place, dénonçant les défaillances d’un système qu’il qualifie «d’incompétent» et «d’injuste». Tourné à Paris et publié sur YouTube, le clip de l’artiste algérien, le plus suivi sur Internet, comptabilise des millions de vues.
A travers ce titre, Lotfi DK compte, en effet, bien (re)faire du bruit avec ses rimes tranchantes et ses critiques acerbes. Avec plusieurs scandales ayant marqué l’actualité algérienne en ligne de mire, tout y passe : à commencer par l’absence «inadmissible » du président Abdelaziz Bouteflika de la scène politique, en passant par la polémique autour de la loi de Finances, ou encore l’affaire de l’ex-ministre de l’Energie et des Mines Chakib Khelil…. L’artiste évoque également les pressions ressenties par les musulmans à l’étranger à la suite des attaques de Paris.
Dans une déclaration au quotidien algérien «El Khabar», Lotfi DK, connu pour ne pas mâcher ses mots, souligne que son clip est une sorte de lecture minutieuse de la conjoncture politique en Algérie et dans le monde après les attaques ayant ciblé Paris récemment. Revenant sur la maladie et l’absence du président, le chanteur critique «la mafia qui gouverne l’Algérie, la censure, les menaces et la répression qui ciblent la presse et les médias après la fermeture de la chaîne El Watan TV». Toujours selon lui, «ce nouvel opus est une piqûre de rappel pour les autorités algériennes afin qu’elles se remettent en question et reconsidèrent l’état de paralysie qui ne cesse de gagner plusieurs institutions étatiques depuis le début du quatrième mandat». Il évoque notamment «les mouvements de grève massifs dans le secteur de l’éducation, en raison des nombreux changements engagés par la ministre Nouria Benghabrit».
Notons enfin qu’issu d'une famille modeste, son père étant ouvrier et sa mère femme au foyer, Lotfi DK a grandi aux côtés de son frère et de ses deux sœurs, tous titulaires de diplômes universitaires. C’est en début des années 1990 que Lotfi fonde un premier groupe de rap. En 1992, il obtient son bac en mathématiques, puis un diplôme d'ingénieur d'Etat en géologie, en 1998, de l'université d'Annaba. Lotfi réalisa ensuite des maquettes avec un matériel très archaïque pour se présenter à la radio locale et se faire connaître dans le milieu artistique. Il se fera remarquer une deuxième fois lors de son passage sur les scènes Annabi en présentant au public ce nouveau style de musique. Le résultat fut immédiat et beaucoup de jeunes s'identifièrent à lui comme porteur de leurs messages. Enrichi par ses expériences personnelles et arrivé à maturité sur le plan artistique, Lotfi DK semble désormais siéger sur le trône de sa discipline : le rap.