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Revoilà le printemps! S'exclament les Japonais en pamoison devant les cerisiers en fleurs. Mais tous ne crient pas ô joie, car pour beaucoup cette saison rime aussi avec rhume des foins.
Les yeux en pleurs, le nez qui coule, la toux, les allergiques au pollen sont prêts à n'importe quoi pour abréger leur calvaire printanier qui prend à Tokyo des proportions exceptionnelles. Les seuls à se réjouir: les marchands de remèdes, plus ou moins sérieux.
"Je veux prendre mes globes oculaires et les laver", ironisent des sites internet qui proposent des solutions censées éviter que ces allergies ne dégénèrent en asthme ou bronchite.
Selon des sondages, près d'un Japonais sur quatre souffre de "kafun-sho", littéralement "la maladie de pollen". Un quart de 128 millions d'âmes, ça fait du monde, assez pour qu'aux vrais spécialistes des traitements médicaux se mêlent des charlatans qui promettent des miracles. Ce marché est estimé à plus d'un milliard d'euros par an, selon le quotidien économique Nikkei.
Dans les pharmacies, dès que l'hiver tire ses dernières cartouches et que le printemps pointe le bout de son nez, les rayons débordent de masques chirurgicaux, gouttes pour les yeux, lunettes spéciales, crèmes pour le nez et les lèvres, on en passe et des meilleurs.
Les purificateurs d'air (efficaces aussi contre les virus et bactéries), les solutions nettoyantes de lit ou d'air, sont parmi les produits "anti-kafun-sho" les plus courants, mais il y a plus désopilant.
Par exemple ce masque intégral qu'on croirait conçu pour un apiculteur mais qui est paraît-il capable de stopper 99,99% des pollens de l'air.
"Il est très populaire parmi les personnes qui travaillent en extérieur, comme les agriculteurs", dit la société qui a conçu cet objet alimenté par une batterie de poche.
Les gentils météorologues, eux, compatissent avec les téléspectateurs: chaque jour ils leur offrent gratuitement des cartes des pollens, évaluent la densité de particules dans l'air avant de passer à des graphiques montrant la progression de la floraison des cerisiers à travers l'archipel.
Heureusement que ces fleurs roses sont bien moins responsables d'allergies que celle d'autres arbres et plantes sauvages, car les Japonais n'adorent rien tant que de se pâmer dessous.
La plus grande source d'irritation a été plantée par l'homme dans le cadre d'un programme national de reforestation pour la reconstruction après la Seconde Guerre mondiale.
Le pire pollen provient du "sugi" (cryptomeria japonica), une espèce de cèdre léger, doux, parfumé et délicatement patiné: il serait responsable de 70% des allergies au pollen, particulièrement en mars et avril.
Un mois plus tard, c'est le "hinoki" (un cyprès) qui prend le relais.
En 1964, la libéralisation des importations de bois a conduit à l'abandon de nombreuses plantations de sugi et hinoki, qui continuent néanmoins à émettre des quantités massives de pollen jusqu'à 300 kilomètres à la ronde, en fonction des vents.
Depuis les premiers cas signalés en 1963, les méthodes de traitement des allergies se sont considérablement améliorées, explique Kimihiro Okubo, un oto-rhino-laryngologiste (ORL) de la Nippon Medical School et spécialiste d'un remède jugé efficace consistant à placer des gouttes de pollen sous la langue.
Environ un tiers des patients parviennent ainsi à se débarrasser de presque tous les symptômes allergiques et la moitié à les atténuer.
Mais le nombre d'allergiques, lui, augmente toujours.
Le gouvernement s'est toujours montré réticent à cesser de planter des sugi ou à les couper. Depuis 1999, il sélectionne toutefois des variétés peu productrices de pollens.