
Le président afghan Ashraf Ghani a appelé dimanche les chefs religieux musulmans et tribaux à lutter contre les violences meurtrières des talibans qui s'accélèrent à l'approche de la fin de la mission de combat de l'Otan.
"Ces agissements ne sont plus acceptables. Ils ne sont pas islamiques, ils ne sont pas humains", a déclaré le président Ghani lors d'un rassemblement destiné à célébrer les droits de l'Homme.
"Notre société doit s'élever contre cette situation. Je demande en particulier aux oulémas (chefs religieux), aux chefs tribaux et à la société civile de dire tout haut que ceci n'est pas acceptable", a-t-il dit avec colère.
Depuis plusieurs semaines, l'Afghanistan est régulièrement endeuillé par des attentats, visant des convois de l'Otan et de l'armée afghane, des résidences d'étrangers et des bâtiments gouvernementaux mais qui font aussi de nombreuses victimes civiles.
Samedi, sept soldats afghans ont été tués dans un attentat suicide et un haut fonctionnaire de la Cour suprême assassiné à Kaboul et 12 démineurs ont été abattus dans le sud du pays.
Jeudi, un jeune taliban s'était fait exploser au centre culturel français de Kaboul. Un Allemand avait été tué et 15 personnes blessées.
En novembre, une cinquantaine de personnes avaient été tuées lors d'un attentat suicide à l'occasion d'un match de volley dans la province orientale de Paktika.
"Quel était le péché de nos enfants à Paktika? Ils ne faisaient que jouer au volley. La société doit dire avec force +ça suffit+!", a lancé M. Ghani. "Ce n'est plus acceptable, a-t-il martelé. L'Afghanistan existe depuis 5.000 ans, il existera encore 5.000 ans, personne ne peut nous diviser".
L'essentiel des forces de l'Otan, qui ont compté jusqu'à 130.000 soldats, doit avoir quitté le pays d'ici à la fin du mois, après 13 ans de lutte infructueuse contre l'insurrection talibane.
A peine 12.500 soldats de l'Otan resteront sur place pour former l'armée et la polices afghanes.
Washington a assuré que l'Afghanistan ne subirait pas le même sort que l'Irak, où l'armée nationale entraînée par les Etats-Unis s'est effondrée devant les jihadistes de l'Etat islamique.
Mais les responsables afghans s'inquiètent du fait que leurs forces de sécurité doivent de plus en plus faire face aux insurgés seules.
Les soldats et policiers afghans paient déjà un lourd tribut : 4.600 d'entre eux ont été tués dans les dix premiers mois de 2014.