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Fake news
Selon les propagateurs du hashtag #refoulement_des Marocaines_ une requête, ces femmes sont accusées de «porter atteinte à la moralité de la société saoudienne» et, selon ces mêmes diffamateurs, de propager « vices et sorcellerie». Ils les accusent également de «s’adonner à la prostitution et à la débauche » et de «gagner leur vie via des pratiques indécentes et illégales». Certains ont poussé la stupidité jusqu’à prétendre que ces Marocaines sont des «transmettrices de VIH», qui font partie d’une «machination obscure» visant les jeunes Saoudiens. D’autres les considèrent comme «des parias rejetés par leur propre peuple», «exportés vers les pays du Golfe et ceux de l’Asie».
A ce propos, certains internautes ont demandé de refuser de délivrer des visas à ces femmes notamment celles qui viennent pour travailler en tant que domestiques. D’autres estiment, tout simplement, qu’on devrait les refouler puisqu’elles sont considérées comme des «importatrices et propagatrices de maladies », «des trafiquantes de drogues et de sorcellerie» et une source de «relâchement des mœurs» et de «destruction des sociétés».
Contrevérités et calomnies
«Ce sont des contrevérités et des calomnies qui ne correspondent pas aux mœurs et à la culture de la société saoudienne qui demeure accueillante et respectueuse envers les Marocains et les Marocaines qui vivent en symbiose avec l’ensemble de la population saoudienne», nous a indiqué Rabiaa El Hassan, journaliste marocaine résidant en Arabie Saoudite. Et de poursuivre : «La réalité est que ce hashtag est une manœuvre algérienne qui a été faussement attribuée à des Saoudiens. En effet, un simple examen de la page des tendances de Twitter démontre sans ambigüité que ce hashtag a fait d’abord son apparition pour la première fois en Algérie et non pas en Arabie Saoudite. A noter également que la télévision algérienne a été le seul média à évoquer cette assertion sans parler du fait que plusieurs sites électroniques algériens ont pris le relais après la publication du hashtag sur Twitter».
Toutefois, notre source estime que ce stratagème n’a pas eu l’effet escompté puisque le hashtag n’a fait débat que sur les réseaux sociaux uniquement. « C’est-à-dire qu’il ne s’est pas transformé en débat public », affirme-t-elle.
Ouverture vs fermeture
De son côté, Abdellah Rami, chercheur au Centre marocain des sciences sociales, Université Hassan II (Casablanca), soutient qu’il s’agit là d’un autre round de la campagne de dénigrement menée par la mouche électronique algérienne contre le Maroc tout en exploitant certaines idées reçues et des stéréotypes propagés dans les pays du Golfe présentant faussement la femme marocaine comme « prostituée» ou «sorcière».
«Il s’agit d’une guerre virtuelle qui ne respecte aucune morale ou déontologie. Et qui n’hésite pas à s’attaquer à l’honneur et aux mœurs des femmes», nous a-t-il expliqué tout en rappelant que cela ne date pas d’aujourd’hui. «L’ouverture d’esprit et le libéralisme dont jouissent les Marocaines ont toujours été interprétés comme des signes de légèreté morale et de débauche notamment par les sociétés fermées comme c’est le cas de l’Algérie», nous a-t-il précisé. Et de poursuivre : «A noter, cependant, que le Maroc a toujours été représenté, malheureusement, comme un pays ami du sionisme et un pays de prostitution notamment dans la littérature des nationalistes arabes, les pro Nasser et les courants gauchistes et socialistes arabes, plus particulièrement dans le contexte du conflit politique entre le camp libéral et celui socialiste. Il s’agit donc d’une image héritée d’une époque historique révolue et qui a été remise au goût du jour. A souligner également que le Maroc évite d’entrer dans ce conflit de propagande pour la simple raison que le Royaume dispose d’une vision et de grands projets à réaliser, considérés comme les réels enjeux pour les responsables marocains ».
Guerre virtuelle sans merci
A l’inverse, précise notre interlocuteur, l’Algérie semble bien engagée dans ce combat de propagande en mobilisant des ressources et des institutions et en élaborant des stratégies et des plans. Selon lui, il s’agit d’une nécessité politique et géostratégique pour le régime algérien dans la conjoncture actuelle marquée par des crises structurelles graves qui secouent l’Algérie (crise de légitimité politique, crise économique, tensions sociales, déséquilibre des rapports de forces régionales....). «La décision des Etats-Unis de reconnaître la souveraineté pleine et entière du Maroc sur la totalité du Sahara et d'affirmer un soutien sans ambiguïté à l’initiative marocaine d’autonomie et la normalisation des relations diplomatique et politique avec Israël ont été un coup dur pour la junte algérienne. Ces deux initiatives ont remis en cause les équilibres géostratégiques dans la région et ont rabattu toutes les cartes. Il s’agit bien d’un déséquilibre inédit et historique», nous a-t-il expliqué. Et de conclure : «Et c’est précisément cette donnée qui explique pourquoi Alger s’est engagée dans ce combat virtuel si agressif et immoral».
Hassan Bentaleb