
Hachemi, accusé par le Premier ministre chiite d’avoir orchestré des attentats, s’est réfugié dans la région semi-autonome du Kurdistan pour se soustraire à un mandat d’arrêt. Dans une interview accordée à Reuters, il a déclaré que les accusations lancées par Maliki étaient «délibérées».
«L’objectif est clair, c’est un coup politique contre Tarek Al Hachemi (...) L’objectif politique est de se débarrasser de tous les opposants à Nouri Al Maliki c’est évident, afin que l’Irak reste entre les mains d’un seul homme et d’un seul parti», a-t-il déclaré.
«Aujourd’hui les Irakiens vivent dans une atmosphère de tensions religieuses similaire à celle traversée dans les années 2005-2007», a-t-il ajouté.
«M. Maliki connaît les partisans de Tarek Al Hachemi et à quelle communauté il appartient, il devrait donc réfléchir aux conséquences négatives de la situation actuelle.» Les violences ont sensiblement diminué ces dernières années en Irak après avoir atteint un pic lors des violences inter-religieuses de 2006-2007 lorsque des milliers de civils étaient tués chaque mois dans des affrontements entre chiites et sunnites. Mais le retrait des dernières troupes américaines fait redouter aux Irakiens un regain de tensions entre les communautés religieuses.
Plus de 70 personnes ont été tuées jeudi dans des attentats à la bombe commis dans des quartiers chiites de Bagdad.
Dans une interview diffusée tard vendredi soir par la BBC, Hachemi avait déjà accusé Maliki de se servir des forces de sécurité pour viser ses adversaires politiques et de laisser en liberté de possibles auteurs d’attentats.
«Ce qui s’est passé hier (jeudi) est un crime organisé», avait-il affirmé sur l’antenne de la chaîne en langue persane de la BBC. Maliki veut exploiter le départ des Américains pour «se débarrasser de ses rivaux, de ses adversaires et de ses détracteurs (...) C’est pour cela qu’il a commencé avec moi, d’autres suivront», avait-il dit.
Aucun groupe n’a revendiqué les attentats de jeudi mais des analystes estiment qu’il s’agit sans doute de l’oeuvre d’un groupe lié à Al Qaïda, sunnite, visant des quartiers chiites pour attiser les divisions religieuses de l’Irak.
En vertu des arrangements politiques conclus après la chute du régime de Saddam Hussein, le pouvoir irakien est partagé entre chiites (majoritaires dans la population), sunnites (qui détenaient tous les pouvoirs sous Saddam) et kurdes.