Le meilleur est éternel


L
Samedi 14 Novembre 2009

Le meilleur est éternel
Il est des chanteurs qui marquent leur époque d’une pierre blanche et restent dans tous les esprits même lorsqu’ils abandonnent la scène ou que leur production devient rare. La scène artistique marocaine a connu beaucoup de chanteurs, notamment pendant les années 60, 70 et 80, dont on continue de fredonner les airs, les mélodies et les paroles. C’est le cas par exemple de Naima Samih, laquelle même si ne produisant plus ou que rarement, reste toujours omniprésente dans les esprits car elle a su tout au long de sa longue carrière conquérir les cœurs.
Et c’est avec un plaisir toujours renouvelé que l’on demande de ses nouvelles et qu’on attend ses apparitions, aussi peu nombreuses qu’elles puissent être.
En effet, comment oublier des succès comme « Jrit ou jarit », « Lahlal », « Aâla baghta », « Al Bahhara », etc.., des succès qui rappellent certes l’âge d’or de la chanson marocaine et, pour chacun, un souvenir vivace d’un moment inoubliable vécu en compagnie d’une chanson donnée. On avance, à raison d’ailleurs, qu’il n’existe plus de paroliers et de compositeurs à même de pouvoir s’adapter et traiter avec une voix comme celle de Naima Samih. La scène ne compte plus, en effet, des paroliers de la trempe d’Ali Haddani et des compositeurs de la trempe d’Abdelkader Rachdi qui savaient donner toute la mesure à la puissance de la voix de cette chanteuse. Peut-on alors en vouloir à Naima Samih de s’être éclipsée de la scène mis à part le fait qu’elle pourrait avoir des problèmes de santé?
D’aucuns diront que les temps et donc les goûts ont changé. Ne pas reconnaître cette réalité relèverait d’une nostalgie mal placée. Mais de là à penser que des artistes comme Naima n’ont plus rien à dire ou à produire relèverait de l’inconscience et d’une volonté inavouée d’enterrer avant terme des artistes qui pourraient certes être un peu déboussolés mais qui, à coup sûr, ont encore beaucoup à dire.
Par ailleurs, certains chanteurs et chanteuses croient bien faire en procédant à la recomposition musicale de certains succès de manière à ce qu’ils s’adaptent aux goûts des jeunes. Nombreux sont ceux et celles qui ont adopté cette pratique, seulement cela n’a rien donné car chaque chose appartient à son temps et il ne suffit nullement d’introduire des instruments nouveaux pour prétendre conquérir une nouvelle frange du public. Le paradoxe que ces artistes devraient saisir, est que la nouvelle scène se base beaucoup sur notre folklore et souvent de manière assez bien élaborée. C’est le cas par exemple des groupes « Mazagan » et « Fnair », qui puisent de fort belle manière dans notre patrimoine musical.
La vérité que tout le monde doit admettre est que chaque génération a son public et personne quel que soit son talent, à quelques rares exceptions, ne peut conquérir tous les âges et tous les goûts.
Les chanteurs comme Naima Samih, Latifa Raafat, Mohamed El Ghaoui et d’autres, doivent savoir qu’ils ont leur propre public ; un public qui ne vibre qu’avec leurs chansons et qu’ils doivent toujours prendre en ligne de considération sans être tentés de faire des conquêtes dans des terrains « étrangers ». Ils auront aussi beaucoup à gagner en trouvant de nouvelles méthodes de diffusion et surtout, de communication car c’est plutôt à ce niveau-là qu’il y a un grand travail à faire.
On continuera donc à vibrer avec « Jrit ou Jarit », avec « Al Ghorba » et avec « Khouyi », tant que nous écoutons de la  musique, cette musique qui nous plaît et nous donne parfois le frisson parce qu’on l’aime beaucoup. Cela n’empêche pas, bien entendu, d’être ouvert sur les nouveaux styles et de se mettre toujours à l’évidence que la vie avance et avec elle toutes les expressions artistiques. Maintenant comment définir si cela avance bien ou mal, c’est la question à laquelle seul le temps pourra répondre car tenter de le faire ne peut que déboucher sur une approche subjective et donc nulle et non avenue comme disent les juristes de… la mélodie. 


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