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Le film de la génération Mohammed VI

“Le temps des camarades” triomphe au Festival Khouribga


Mohammed Bakrim
Mardi 28 Juillet 2009

Le film de la génération Mohammed VI
Le palmarès de la douzième édition du Festival du cinéma africain de Khouribga a consacré le film marocain « Le temps des camarades » de Mohamed Cherif Tribek qui a remporté le Grand Prix Sembene Ousmane. C'est un premier long métrage du jeune réalisateur qui a déjà à son compte le prix du jury du dernier Festival national du film (Tanger 2008). Le jury présidé par le cinéaste mauritanien a décerné au total huit prix. Le prix du jury est allé au film « L'absence » du réalisateur guinéen Mama Keita qui a remporté également le prix d'interprétation féminine pour son actrice Jacky Ta Vernier… Le prix de la meilleure réalisation est allé au cinéaste éthiopien Hailé Gerima pour son film « Teza » qui a également obtenu le prix du meilleur second rôle féminin pour Teja Tesfahun …. Le meilleur scénario est allé au film malien « Fantanfanga » de Ladji Diakité et Adama Drabo. Le film marocain « Tu te souviens de Adil? » De Mohamed Zaineddine a obtenu pour sa part deux prix consacrant ses deux acteurs Omar Lotfi (prix du meilleur acteur) et Amine Njaji (prix du meilleur second rôle).
La cérémonie de clôture a été marquée par l'hommage rendu au cinéaste égyptien Youssef Chahine disparu il y a un an, presque jour pour jour, et Khouribga a choisi de saluer sa mémoire et son œuvre avec la projection du film culte « Gare centrale » où Chahine montre également ses immenses qualités de comédien. Tout son cinéma est d'ailleurs porté par son amour pour les comédiens et ce n'est pas un hasard si Nourddine Sail président du Festival de Khouribga, invite un grand comédien égyptien, Izzat Alaili, ami de Joe, pour accompagner ce moment émouvant et cinéphile.
La cinéphilie est restée d'ailleurs la marque de référence du Festival du cinéma africain de Khouribga avec des rencontres, des débats et des échanges dans une ambiance empreinte de simplicité et de convivialité. Cette édition marque un nouveau départ pour ce Festival, le troisième sur notre continent dédié au cinéma africain (avec Carthage et Ouagadougou). Il s'est doté en effet d'une structure professionnelle qui va assurer la prise en charge de l'organisation. Déjà cette année, les invités ont constaté la nette évolution sur le plan de la gestion du Festival et les nombreux acquis positifs engrangés lors de cette édition. Il n'est pas anodin à ce propos de souligner l'excellente prestation du jeune comédien Youssef Britel qui s'est merveilleusement acquitté de la lourde tâche d'assurer la présentation de tous les films de la compétition officielle et d'être le maître de cérémonie des soirées d'ouverture et de clôture. D'ailleurs, Abderrahmane Sissako président du jury, en fin connaisseur en la matière a tenu à lui rendre un hommage en direct lors de la soirée des remises des prix. The star is born at Khouribga.
Le succès du film de Tribek a été commenté par certains observateurs comme la surprise du palmarès. Nous ne partageons pas cet avis. Outre le fait qu'un palmarès réussi est toujours celui qui sort des schémas tracés par une certaine opinion dominante. Dans les plus grands festivals, la proclamation des résultats provoque débats et discussions. C'est le cas de Khouribga. Il est utile de rappeler que le plus grand film de cette édition a été doublement récompensé. Il s'agit de « Teza » qui a par ailleurs tout raflé sur le continent: Tanit d'or à Carthage, Etalon d'or à Ouagadougou…un autre grand prix à Khouribga ne lui aurait rien ajouté, d'autant plus que le jury a eu l'intelligence de lui accorder le prix de la réalisation. Une manière très professionnelle de souligner les qualités du film…qui commence d'ailleurs à prendre de l'âge. « Teza » classé ainsi, la porte reste ouverte devant les autres films. Certains n'ont même pas été cités mais « L'absence » de Mama Keita s'est montré très prometteur. Il a obtenu deux prix dont le prix du jury qui est en soi une forme de haute reconnaissance. Arrive alors « Le temps des camarades ». C'est le film le plus frais de cette édition. C'est en outre un premier film riche de l'ambition de dire énormément de choses d'autant plus passionnément qu'il en est de la biographie du jeune cinéaste. Il a eu la bonne idée de s'inspirer de la région même qui porte le récit en y puisant la matière du drame et ses protagonistes mais aussi les acteurs qui incarneront tout cela sur grand écran. Il faut lui reconnaître cette audace qui a abouti sur de très bons résultats avec de formidables jeunes comédiens qui ont séduit Khouribga comme Tanger…Mais au-delà de ses qualités (et de ses défauts) intrinsèques, en termes de cinéma, le film de Tribek touche à quelque chose de fondamental en termes de réception sociale du film et de son ancrage dans l’histoire culturelle du pays. Le hasard a fait que le film obtienne cette consécration suprême au moment où le pays célèbre les dix ans du règne de S.M. le Roi Mohammed VI: le film de Tribek en est un des emblèmes cinématographiques. On aura beau gloser à Paris ou dans les rédactions feutrées des nouveaux médias sur des prétendus malentendus, le film s'inscrit dans la production symbolique qui exprime l'immense changement intervenu dans le rapport de notre société à l'expression de son imaginaire. Faut-il rappeler que les polémiques culturelles les plus intenses du nouveau règne ont été portées par des films. De « Marock » à « Casanegra », le cinéma marocain est dans l'esprit de son temps. Et « Le temps des camarades » en offre une belle et magnifique synthèse.


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