J'ai vécu la torture durant 25 ans. J'ai vu mourir mes camarades d'infortune
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Le documentaire "Les miracles d'un serment" de sa réalisatrice Loubna Elyounssi sur l'enfer vécu par les séquestrés marocains à Tindouf, a été projeté, mercredi soir, devant une assistance nombreuse lors du 18ème Festival national du film de Tanger (FNF). Ce nouveau film (100 min) relate le calvaire et les souffrances endurés par des séquestrés marocains dans les camps de Tindouf, sur le sol algérien. Ils ont vécu près d'un quart de siècle sous le couperet d'une tragédie impitoyable, comme prisonniers de guerre dans le désert dans des conditions très dures et une situation de détention très difficile à supporter. Ils ont passé les plus belles années de leur vie loin de leurs familles. Pour apporter un éclairage sur ces atrocités, le documentaire combine, selon une approche essentiellement humaine, reconstitutions fidèles des faits et témoignages vivants de certains séquestrés marocains, qui ont été libérés par les mercenaires du "Polisario", et dans lesquels ils ont révélé l'enfer qu'ils ont vécu et que vivent toujours les séquestrés dans les camps de Tindouf, avec ses lots de tortures physique et morale que leur font subir les tortionnaires. "J'ai vécu la torture durant 25 ans. J'ai vu mourir mes camarades d'infortune. J'ai vu toutes sortes de mauvais traitements aussi bien au niveau des officiers que des soldats. Nous avons survécu à ce drame par la volonté de Dieu tout simplement", affirme à la MAP, Ali Najab, l'un des détenus libérés, en marge de la projection en avant-première de ce documentaire. "L'objectif de ce film, souligne-t-il, est de nous acquitter d'un devoir de mémoire à l'égard de tous les militaires qui ont donné leur vie pour la récupération du Sahara marocain".
Il s'agit en même temps d'un grand hommage aux victimes pour leur sens de patriotisme au plus fort de leurs souffrances, à leurs familles et à leurs femmes, surtout aux femmes des prisonniers qui sont restées fidèles à leurs maris et qui ont éduqué des enfants jusqu'à ce qu'ils soient devenus des cadres aujourd'hui, poursuit cet ex-prisonnier de Tindouf, qui avait laissé en 1978 sa femme derrière lui avec une fille de trois ans. "Les conventions de Genève ont été toutes violées durant toute la période de séquestration des prisonniers sur le sol algérien et les violations de ces droits n'ont pas été suffisamment mis au-devant de la scène internationale, et ce malgré tout ce que nous avons fait pour libérer nos camarades qui sont restés derrière nous", déplore-t-il, relevant que "l'Algérie est restée les mains libres pour nous embêter sur la scène internationale en matière de droits de l'Homme".
Selon Loubna El younssi, ce documentaire, porteur de message pour la cause nationale, retrace l'histoire de plus de 2.000 personnes qui ont été torturées dans les camps de Tindouf, réduites à piétiner la boue de leurs pieds et à courir avec des sacs de mortiers ou de briques de 20 kilos sur le dos, réduites à construire tout ce qu'il y avait à construire dans cette région, réduites à travailler jour et nuit sans aucune pitié.
A travers la projection de ce documentaire dans l'enceinte du cinéma Roxy, la cinéaste vise à susciter des réactions et à attirer l'attention des organisations internationales sur cette question pour la dénonciation de ces atteintes aux droits de l'Homme, en dévoilant au grand public des vérités cruelles en images étayées par des témoignages accablants des victimes et de familles des disparus.
Rappelons enfin qu’au total, quinze films dans la catégorie des courts-métrages et autant dans la catégorie des longs-métrages, signés par des réalisateurs marocains de différentes générations, sont en lice pour décrocher les différents prix décernés aux meilleures productions cinématographiques nationales de l'année.