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Le discours d’austérité l’emporte sur celui de la croissance : Merkel s’impose comme la voix de l’Europe


Libé
Samedi 13 Octobre 2012

Le discours d’austérité l’emporte sur celui de la croissance : Merkel s’impose comme la voix de l’Europe
La chancelière allemande Angela Merkel apparaît plus que jamais comme la voix de l’Europe, imposant son discours d’austérité face aux demandes de relance des pays du sud et à une France affaiblie, selon des analystes.
Au printemps, la Grèce avait cru voir dans le président français François Hollande un «Roosevelt européen» selon une expression du quotidien Ta Nea capable de sortir l’Europe de la crise en imposant un vaste plan de relance à base d’investissements publics.
C’est finalement Mme Merkel qui a été accueillie cette semaine à Athènes par son homologue Antonis Samaras. Et les deux dirigeants ont plaidé ensemble pour les réductions de dépenses et pour les réformes structurelles douloureuses exigées par les créanciers du pays en échange d’une nouvelle tranche d’aide financière.
Pendant ce temps là, la France se débattait dans un débat national pour faire voter le traité européen de discipline budgétaire, à contre-temps sur ses principaux partenaires européens.
Régulièrement à la Une de la presse internationale, guettée pour chacune de ses déclarations susceptibles de faire bouger les marchés, Mme Merkel est en passe de faire de Berlin la nouvelle capitale européenne.
«Berlin est le nouveau Bruxelles», affirme Ulrike Guérot du Conseil européen des relations étrangères, soulignant la faiblesse actuelle de Paris. «On n’a pas encore l’impression que Hollande sait ce qu’il veut, qu’il sait gouverner, qu’il va devenir le nouveau Mitterrand ou même qu’il en sera capable», dit-elle, y voyant d’ailleurs un risque pour l’Allemagne qui «n’a pas cherché à être dans cette position (dominante) et n’y est pas habituée». Les violentes manifestations mardi à Athènes sont venues rappeler le poids de l’histoire qui handicape tout leadership germanique.
Mme Guérot reconnaît aussi que le président français «a su orchestrer une résistance du Sud par rapport à Merkel» et qu’en dépit de son poids économique et politique, l’Allemagne ne pourrait affronter seule une coalition de ses principaux partenaires. La répartition du pouvoir en Europe reste une question complexe...
Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Robert Schuman, à Bruxelles, explique n’avoir jamais souscrit à l’interprétation du sommet européen de la fin juin selon laquelle Hollande avait fait plier Merkel avec l’aide de l’Espagne et de l’Italie.
Pour lui, au contraire, «l’influence de Mme Merkel peut se déployer en raison d’un relatif effacement de la France». «Hollande reste à convaincre» du fait que l’Europe «repose sur le couple franco-allemand». Il est actuellement «en retrait». Toutefois, «c’est un manque de pratique qui va se corriger», prévoit-il.
L’Italien Michele Comelli, expert des questions européennes de l’Institut des affaires internationales (IAI), estime que «le grand public perçoit de plus en plus Angela Merkel comme étant la personne-clé dans les prises de décisions» au niveau européen. «Le rapport d’égal à égal instauré au début (par Hollande) est en train de disparaître», souligne-t-il.
L’Espagne et l’Italie peuvent trouver en M. Hollande «un soutien important sur certaines questions, comme les euro-obligations ou la croissance, mais la France a ses propres problèmes et il n’y a pas une identité de vue complète entre les trois pays», analyse M. Comelli.
La chancelière allemande profite par ailleurs de la suprématie du camp conservateur en Europe pour faire avancer ses idées, quitte à affronter l’hostilité d’une partie de l’opinion publique, comme lors de sa visite à Athènes.
«La décision de Merkel de se rendre dans un pays où une grande partie de la population la considère persona non grata est un signal clair que Berlin est déterminé à imposer sa marque d’austérité sur l’ensemble du continent», analyse George Gilson, journaliste spécialiste des questions européennes, dans l’hebdomadaire anglophone Athens News.


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