Le cessez-le-feu rompu en Syrie


AFP
Lundi 16 Avril 2012

Les violences meurtrières reprennent après l'arrivée des observateurs

Le cessez-le-feu  rompu en Syrie
Les premiers observateurs internationaux devaient débuter lundi leur mission d'évaluation du cessez-le-feu en Syrie, où la reprise des bombardements et des combats alimentent les doutes de la communauté internationale sur l'application de cette trêve.
La mission, votée samedi à l'unanimité par le Conseil de sécurité de l'ONU, s'annonce à haut risque pour les six observateurs non armés déjà sur le terrain sous la direction du colonel marocain Ahmed Himmiche, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) faisant déjà état de la mort de deux civils lundi.
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est déclaré dimanche "très inquiet" de la situation sur le terrain, où les violences ont fait au moins 41 morts entre l'entrée en vigueur de la trêve jeudi matin et l'arrivée des observateurs dimanche soir.
"Pas de cessez-le-feu, pas même le début d'un processus politique: cette mission sera une des plus difficiles jamais entreprises par l'ONU", a estimé un diplomate onusien, même si les bilans ont marqué une nette rupture à l'entrée en vigueur du cessez-le-feu après les derniers mois, où les morts se comptaient chaque jour par dizaines.
Les combats entre soldats et déserteurs ont repris lundi dans le nord-ouest et l'armée a de nouveau bombardé le vieux Homs (centre), dont le contrôle lui échappe toujours, alors que des ambassadeurs occidentaux ont exprimé des doutes quant à la volonté du président Bachar al-Assad de renoncer à la répression.
"Ce regain de violence fait douter à nouveau sérieusement de la volonté du régime" de respecter le cessez-le-feu, a commenté dimanche l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, Susan Rice, tandis que son homologue français Gérard Araud évoquait lui aussi les "doutes" sur "la réalité de l'engagement du régime".
La résolution 2042, la première adoptée par le Conseil de sécurité de l'ONU sur la Syrie depuis le début de la crise en mars 2011, prévoit le déploiement dans les prochains jours de 30 observateurs militaires non armés et stipule que Damas est responsable de leur sécurité.
L'émissaire de la Ligue arabe et de l'ONU Kofi Annan souhaite l'envoi à terme de plus de 200 observateurs en Syrie, mais cela nécessitera une nouvelle résolution et l'arrêt total des violences.
Lundi, la première tâche des observateurs sera "d'établir un quartier général opérationnel" à Damas, a expliqué un porte-parole de l'ONU. Ils prendront ensuite contact avec le gouvernement et l'opposition afin d'expliquer leur rôle, puis se rendront dans d'autres villes pour y établir des bases.
La Syrie a approuvé cette mission "car elle n'a rien à cacher et elle espère que ces observateurs vont transmettre l'image réelle de ce qui se passe sur le terrain", a annoncé dimanche soir l'agence officielle Sana.
Depuis jeudi, les médias syriens rapportent la quasi-totalité des violences signalées par les militants, mais les attribuent systématiquement à des "terroristes". Les autorités ont dénoncé une intensification "hystérique" des attaques de ces "terroristes" et prévenu qu'elles allaient y mettre fin.
Les Comités locaux de coordination (LCC), qui animent la contestation sur le terrain, ont appelé à la création d'une "hot-line" entre les militants sur place et les observateurs pour faciliter la surveillance, et demandé la présence d'au moins trois observateurs à chaque manifestation.
Outre l'arrêt des hostilités, le plan Annan prévoit le retour de l'armée dans les casernes, le droit de manifester pacifiquement et la libération des personnes arrêtées dans le cadre de la révolte populaire qui secoue le pays depuis mars 2011.
Selon les militants, les chars sont toujours dans les villes et l'armée n'a pas levé ses barrages. De plus, les campagnes d'arrestations se poursuivent: l'OSDH a rapporté lundi l'arrestation d'une journaliste, Marie Issa, et de son mari à leur domicile près de Damas.
La Syrie est en proie depuis le 15 mars 2011 à une révolte populaire sans précédent qui s'est militarisée au fil des mois face à la répression menée par le régime. Les opérations de répression et les combats entre soldats et déserteurs ont fait plus de 10.000 morts en un an, selon l'OSDH.


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