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Des tâches mal rémunérées et dangereuses
D’après ce document, « partout dans le monde, les travailleurs et les travailleuses effectuent des tâches mal rémunérées, éreintantes et souvent dangereuses au profit de certaines des plus grandes entreprises du monde ». Pour un trop grand nombre de personnes, le travail est dangereux, voire mortel. Selon l’OIT, 2,3 millions de travailleurs et de travailleuses meurent chaque année d’accidents du travail ou de maladies professionnelles, et 17,3 millions de personnes sont soumises au travail forcé dans le secteur privé, la majorité d’entre elles travaillant sur les chaînes d’approvisionnement nationales et mondiales.
Ces travailleurs sont également victimes depuis des décennies de retards alarmants des hausses des salaires dans de nombreux pays. Une analyse de l’OIT révèle que « l’écart entre la hausse des salaires et la productivité du travail dans 52 pays en 2022 est à son plus haut niveau depuis le début du XXe siècle ». Des propos confirmés par une nouvelle analyse réalisée par Oxfam sur les données de la World Benchmarking Alliance portant sur plus de 1.600 entreprises parmi les plus grandes et les plus influentes du monde, et qui démontre qu’à peine 0,4% des entreprises s’engagent publiquement à payer un salaire décent à leurs employés et soutiennent le paiement d’un salaire décent dans leurs chaînes de valeur.
Avec cette situation de bas salaires, «de nombreuses personnes travaillent dur de longues heures et sont enlisées dans la pauvreté, tandis que les écarts salariaux persistent entre les femmes et les hommes». Le rapport d’Oxfam pointe du doigt particulièrement le travail dans des emplois atypiques comme la sous-traitance, l’externalisation des ressources et le travail temporaire et à temps partiel qui sont souvent synonymes «de précarité et d’informalité, de salaires plus bas, d’accès insuffisant à la protection sociale, d’insécurité, de pouvoir de négociation moindre et de non-respect des droits fondamentaux. Ces dernières années, ces types d’emplois se sont propagés dans des pays où ils n’existaient pas auparavant ».
Droits syndicaux bafoués
Le document d’Oxfam note également la récurrence des violations des droits des travailleurs dans toutes les régions du monde ces dix dernières années, comme le confirme la Confédération syndicale internationale (2023), «avec notamment des violations généralisées du droit de négociation collective, ainsi que des violences à l’encontre de syndicalistes et de travailleurs et travailleuses, voire des assassinats. « Si les grèves et les efforts de syndicalisation récents ont à juste titre fait la Une des journaux et ont permis aux travailleurs et aux travailleuses d’obtenir des avancées, le nombre de syndicalistes a chuté au cours des dernières décennies, de façon spectaculaire dans certains pays », constate le rapport d’Oxfam. Et d’ajouter : « Certaines des grandes entreprises les plus riches du monde et leurs fournisseurs auraient eu recours à des stratégies de démantèlement des syndicats dans les pays du Sud et du Nord. Dans les pays de l’OCDE, 30% des travailleurs et des travailleuses étaient membres d’un syndicat en 1985; ce chiffre est tombé à 17% en 2017. Une analyse réalisée par Oxfam sur les données de la World Benchmarking Alliance portant sur plus de 1.600 des plus grandes entreprises du monde révèle que seulement 0,7% d’entre elles satisfont pleinement au standard mondial en matière de négociation collective ». Le rapport indique aussi que les grandes entreprises ont également utilisé leurs ressources et leur influence pour obtenir un droit et des politiques du travail favorables qui maintiennent un statu quo inégal.
Des inégalités qui persistent
En raison de la détérioration des conditions et des droits du travail, de l’influence des grandes entreprises sur les politiques du travail et du détournement de bénéfices record au profit de riches actionnaires, le document d’Oxfam observe que «le travail est à bien des égards un facteur d’inégalités, au lieu de contribuer à une prospérité partagée».
En 2022, l’OIT a averti que la baisse historique des salaires réels risquait d’accroître les inégalités et d’alimenter les troubles sociaux. Oxfam révèle que 791 millions de travailleurs et travailleuses ont vu leur salaire distancé par l’inflation et ont perdu 1.500 milliards de dollars au cours des deux dernières années, ce qui équivaut à près d’un mois (25 jours) de perte de salaire pour chaque travailleur et chaque travailleuse. En 2022, le World Inequality Lab a constaté que la moitié la plus pauvre de la population mondiale ne gagnait que 8,5% du revenu mondial. Dans de nombreux pays, les 40% des ménages les plus pauvres ne se partagent qu’une petite fraction du revenu global, comme au Mexique (5%), en Namibie (2,5%), en Indonésie (3,6%) et en Roumanie (10,4%).
Selon ledit rapport, les personnes «racisées» sont souvent confrontées à l’exploitation dans les chaînes d’approvisionnement, tandis que les personnes blanches bénéficient de manière disproportionnée des profits générés par les entreprises. Les travailleurs et travailleuses migrants sur les chaînes d’approvisionnement mondiales sont confrontés à des abus et à une exploitation systématiques, à une vulnérabilité en raison de leur statut, à l’isolement, à l’exclusion des services et à une application terriblement inadéquate des mesures de protection de la main-d’œuvre.
Les femmes sont largement surreprésentées dans les emplois les moins bien rémunérés et les plus précaires, et les inégalités salariales entre les femmes et les hommes restent élevées.
Les inégalités de genre sont exacerbées par des stratégies dans la chaîne d’approvisionnement qui sous-évaluent une grande partie du travail effectué par les femmes. Ces inégalités sont aggravées par d’autres formes de discrimination comme celles fondées sur la race et le statut migratoire.
Hassan Bentaleb