Quatre mois durant, le Yémen est en ébullition à cause du soulèvement des jeunes rejoints par des chefs de tribus et des personnalités civiles et militaires demandant le départ du Président Ali Abdallah Saleh au pouvoir pendant 34 ans. Aujourd’hui, le pays frôle la guerre civile d’autant que la population est armée, une spécificité yéménite. Les prémices d’affrontements intertribaux ont commencé à se faire jour. Les premiers bilans des accrochages sont lourds, et sans une intervention étrangère ferme, le pire est à craindre. Le dirigeant yéménite ne veut surtout pas d’une intervention du Conseil de sécurité de l’ONU, considérant ce qui se passe dans son pays, comme étant une affaire intérieure.
Le Président Saleh, qu’on peut affubler du surnom jusque-là accolé à l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, celui de boulanger tant il excellait à pétrir tout le monde dans la farine pour rester au pouvoir, est en train, à cause de ses tergiversations, de mener le Yémen au bord du gouffre. Les pays du Conseil de coopération du Golfe qui ont initié plusieurs tentatives pour trouver une issue favorable à la crise comme les puissances occidentales qui, jusqu’alors, fermaient les yeux sur les agissements du Président du Yémen sont désormais excédés par ses atermoiements. Ali Abdallah Saleh change d’avis trois fois par jour sur son éventuel désistement, chaque fois trouvant une raison ou une excuse pour se dédire de ses engagements.
Le Président yéménite sentant cependant l’étau se resserrer autour de lui, aussi bien à cause de la pression populaire qu’étrangère, est en train de jouer ses dernières cartes, mais avant de partir, et dans un élan de désespoir, il veut mettre son pays à feu et à sang ! Il imite dans ce cas un autre dirigeant aux abois, Mouammar Khadafi de Libye, et dans une moindre mesure, pour le moment du moins, Béchar Al Assad de Syrie. Quelle mouche a donc piqué les dirigeants arabes de vouloir s’accrocher, coûte que coûte, au pouvoir en dépit de la révolte de leur peuple ? Par leurs agissements antidémocratiques et impopulaires, ils donnent du grain à moudre à des énergumènes comme le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qui a l’affront de dire devant le Congrès américain que son pays est le seul dans la région à se prévaloir de la démocratie, et à ce titre, il est en droit d’imposer sa volonté : pas de retour aux frontières de 1967 et Jérusalem sera la capitale unifiée de l’Etat juif d’Israël.
A quand les dirigeants arabes seront-ils réellement démocrates et sauront-ils partir, quand il le faut, dans l’honneur et la dignité, et non pas chassés comme des parias ?