
Le spectre du champion de la gauche latino-américaine, terrassé par un cancer le 5 mars dernier, n'a cessé de planer durant une campagne éclair, marquée par des échanges houleux dans un pays profondément divisé après 14 ans de "révolution socialiste" et plongé dans la crise.
Investi par son mentor avant son décès, Maduro, un ancien dirigeant syndical de 50 ans, chef de la diplomatie durant six ans et actuel président par intérim, a exhorté ses partisans à exaucer les derniers souhaits du "Comandante", qui n'a pu accomplir son mandat de six ans après avoir battu M. Capriles à la présidentielle d'octobre dernier (55% contre 44%).
Crédité d'une avance d'environ dix points selon un récent sondage, cet homme de 50 ans à la carrure épaisse a multiplié les attaques contre les "bourgeois" et la "droite fasciste", invoquant des "plans de déstabilisation" et la menace de son assassinat, avec la complicité des Etats-Unis, l'ennemi "impérialiste".
Promettant d'être "le président des pauvres", Maduro a accusé son adversaire de vouloir supprimer les "missions bolivariennes", les programmes sociaux financés par la rente pétrolière, seule ressource du pays doté des plus grandes réserves de brut au monde.
Un argument vivement démenti par M. Capriles, jeune avocat de 40 ans au physique élégant, qui a exhorté les électeurs à résister aux "tentatives d'intimidation" et promis de mettre fin aux privilèges des "pistonnés", une formule qui a fait depuis florès.
Cet adepte de la social-démocratie, qui dit être "non pas l'opposition mais la solution", prône le retour de l'économie de marché et la fin des "cadeaux" offerts aux alliés afin d'ouvrir "un nouveau cycle". En ligne de mire, notamment, l'île communiste de Cuba, bénéficiaire de plus de 100.000 barils de pétrole quotidiens.
Outre la lourde tâche de succéder à Hugo Chavez, le vainqueur du scrutin de dimanche héritera aussi d'une économie très fragile, aux inquiétants indicateurs, un déficit explosif (15% du PIB) et l'inflation la plus forte d'Amérique latine (plus de 20%).