
"La situation sécuritaire dans le pays est déjà mauvaise en raison de l'augmentation du nombre de crimes. Ils prennent avantage de cette situation", ajoute-t-il. Les activistes et les partis d'opposition ont dénoncé l'attaque de l'ambassade estimant qu'elle ternissait les objectifs de la "Révolution du Nil". Vendredi, avant de converger vers la représentation diplomatique israélienne, les manifestants s'étaient rassemblés place Tahrir, au centre de la capitale, pour exiger une accélération du processus de transition et un retrait des mesures d'urgence. Selon les analystes, la transition démocratique en Egypte pourrait pâtir de l'arsenal de sécurité déployé par le gouvernement et certains observent déjà une résurgence des stratégies employées par les forces de sécurité de l'ex-homme fort d'Egypte.
Certes, depuis le départ du pouvoir d'Hosni Moubarak en février, le Parti national démocrate (PND) de l'ancien raïs a été dissous, son service de sécurité a été retoqué, et d'anciens responsables du régime sont poursuivis en justice pour corruption ou la mort de manifestants lors du soulèvement populaire. Mais le sentiment persiste parmi les anciens manifestants de la place Tahrir que rien n'a fondamentalement changé. Le report à fin septembre de la comparution prévue dimanche au procès d'Hosni Moubarak du maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, chef du CSFA en constitue selon eux une nouvelle preuve. Le maréchal Tantaoui, qui a été pendant 20 ans ministre de la Défense du président déchu, a estimé que la situation actuelle ne lui permettait pas de venir témoigner à la barre. "Il est possible que cela ait des répercussions sur les élections", estime Emad Gad. "Ils (les généraux au pouvoir) ont un intérêt à voir reporter cette comparution pour permettre à des figures de l'ancien PND de former de nouveaux partis politiques."
L'inscription des candidats aux élections législatives devrait commencer dans les prochaines semaines avant la tenue du scrutin en novembre. Selon Hossam Tamam, spécialiste des groupes islamistes, de nombreux Egyptiens craignent que le CSFA tente de ralentir le processus démocratique. "La rhétorique officielle est qu'ils souhaitent un transfert complet du pouvoir à la société civile mais de façon délibérée ou non, leurs politiques créent du vide, de la confusion et ne donnent pas confiance dans le processus. Personne ne sait quand et si le transfert aura lieu", souligne-t-il. Face à cette situation confuse, les théories du complot vont bon train depuis l'attaque de vendredi. De nombreux militants, éditorialistes et hommes politiques laissent entendre que des partisans de Moubarak ont placé des agents provocateurs parmi les manifestants pour ternir le mouvement d'opposition. Trois personnes sont été tuées et plus de 1.000 autres ont été blessées vendredi dans les affrontements qui ont éclaté entre manifestants et police antiémeute. Il s'agit de la seconde éruption de violence autour de l'ambassade israélienne depuis la mort de cinq gardes-frontières égyptiens tués en août lors d'une opération de Tsahal à la frontière.