A la tête de ce petit pays d’Afrique centrale depuis qu’il a mis un terme au génocide des Tutsis en juillet 1994, Paul Kagame, sans véritable opposition et grandissime favori du scrutin, sollicitait un nouveau mandat de sept ans, après une première élection triomphale en 2003 avec 95 % des voix. Le score le plus élevé parmi les challengers du Président est celui, avec 4,9 % des voix, de Jean Damascene Ntawukuriryayo. Sa formation, le Parti social-démocrate (PSD), a reconnu sa défaite, selon l’Agence rwandaise d’information (ARI). Le scrutin s’est déroulé sans incident notable avec une «impressionnante» mobilisation des 5,2 millions d’électeurs, s’est félicitée la commission électorale. «D’une certaine façon, le bon déroulement de l’élection n’est pas une surprise», a commenté Carina Tertsakian, chercheuse pour Human Rights Watch (HRW). «Aucun des challengers de Kagame ne constituait une menace, et les véritables opposants ont été empêchés de se présenter», a estimé Mme Tertsakian.
Dans un communiqué, l’un des partis d’opposition non reconnus, les Forces démocratiques unifiées (FDU), a dénoncé des «irrégularités» : la «confiscation de cartes d’électeurs par les autorités locales» dans plusieurs localités, ainsi que des rassemblements de force de villageois jusqu’aux bureaux de vote. Interrogé par l’AFP, l’ancien Premier ministre Faustin Twagiramungu a dénoncé cette élection «avec un score stalinien». «Kagame prétend avoir développé le pays, mais il n’y a pas de développement sans liberté, base fondamentale de la démocratie. Ce que nous voulons, c’est vivre libres dans notre pays», a clamé M. Twagiramungu, candidat malheureux à la Présidentielle de 2003, aujourd’hui exilé en Belgique.