-
Détention de Sansal: Ses filles "impuissantes" en République tchèque
-
Le président Trump s'émeut de la faim à Gaza, où Israël poursuit ses frappes meurtrières
-
L'Inde veut que le FMI cesse ses prêts au Pakistan : Islamabad dénonce un appel "désespéré"
-
Pourparlers sur l'Ukraine : Pour le chef de l'Otan, Poutine a fait une "énorme erreur"

Le président afghan Hamid Karzaï, pourtant connu pour ses relations tumultueuses avec le Pakistan voisin, a lui-même affirmé que cette frappe contre le chef taliban Hakimullah Mehsud avait "eu lieu à un moment mal choisi" et espéré que cela n'affecte pas le processus de paix.
Le Pakistan et l'Afghanistan sont tous deux confrontés à une insurrection talibane et les gouvernements des deux pays misent sur des pourparlers de paix avec les insurgés à l'approche du retrait l'an prochain de la force de l'Otan en sol afghan qui pourrait redéfinir le fragile équilibre régional.
Les talibans afghans du Mollah Omar refusent pour l'instant d'entamer des pourparlers avec le gouvernement de M. Karzaï, alors que les talibans pakistanais de Hakimullah Mehsud s'apprêtaient à prendre langue avec le gouvernement d'Islamabad dans l'espoir de lancer des négociations de paix.
Le ministre pakistanais de l'Intérieur Chaudhry Nisar n'a pas mâché ses mots ce week-end pour dénoncer la frappe américaine, même si des documents révélés au cours des dernières années ont fait état d'une collaboration entre Washington et Islamabad sur le programme controversé des drones.
Le ministre a accusé les Etats-Unis de vouloir "saborder" le processus de paix et soutenu que "tous les aspects" de la relation entre Islamabad et Washington allaient être revus, une déclaration destinée avant tout à conforter l'opinion publique anti-américaine selon des commentateurs locaux.
Le Premier ministre Sharif, qui avait demandé au président Barack Obama de mettre fin aux tirs de drone lors d'une rencontre il y a deux semaines à la Maison Blanche, a ainsi convoqué lundi ses conseillers à la sécurité pour discuter de la marche à suivre après la frappe américaine.
Le chef du Tehreek-e-Insaaf (Parti de la justice, PTI), formation de l'ex-gloire du cricket Imran Khan aujourd'hui à la tête du gouvernement de la province stratégique du Khyber Pakhtunkhwa, frontalière de l'Afghanistan, a plaidé pour un blocus des convois de l'Otan qui transitent par le Pakistan.
Après un bombardement américain ayant tué 24 soldats pakistanais fin 2011, Islamabad avait interdit pendant des mois aux convois de l'Otan d'entrer ou de quitter tan.
Après leurs déclarations à chaud ce week-end, les leaders pakistanais risquent de se heurter cette semaine à de réelles considérations économiques et géopolitiques en révisant leurs liens avec les Etats-Unis.
Washington a débloqué fin octobre plus d'1,6 milliard de dollars en aide au Pakistan, dont 1,38 milliard pour la seule armée, gelés après la dégradation des relations entre les deux pays dans la foulée du raid de la CIA contre le repaire d'Oussama Ben Laden à Abbottabad (nord-ouest) en mai 2011. Le département d'Etat a aussi demandé 1,14 milliard USD pour Islamabad au titre de son budget 2014, qui doit encore être approuvé par le Congrès, et ce alors que le Pakistan traverse une grave crise financière qui l'a forcé à accepter un plan d'aide de 6,7 milliards USD du Fonds monétaire international (FMI).
Si le Premier ministre Sharif devait se réunir lundi en fin de journée avec ses conseillers, les talibans, eux, poursuivaient leur "choura" - assemblée - dans les zones tribales du nord-ouest du pays afin de choisir un successeur à Hakimullah Mehsud.
Les talibans pakistanais, agrégat de factions islamistes réunies depuis 2007 sous l'appellation de TTP, ont déjà nommé Asmatullah Shaheen Bhittani, actuel président de leur conseil suprême, "chef intérimaire" avant d'en arriver à un consensus sur le successeur de Hakimullah Mehsud.
L'identité du prochain chef de la rébellion pourrait être un indicateur clé de la volonté des talibans d'aller de l'avant avec le processus de paix, ou de faire marche arrière.