Le Monde ouvre la saison des prix littéraires


Libé
Mardi 8 Septembre 2020

La saison des prix littéraires s’est ouverte lundi avec le prix du Monde, remis à Francesca Serra, pour son premier roman “Elle a menti pour les ailes”. Initialement prévue mercredi, l’annonce du prix a été avancée de deux jours. Mercredi ce sera le prix de la Fnac qui sera à son tour décerné. Mardi, le jury du Renaudot doit dévoiler sa première sélection. L’an dernier, elle comptait 16 romans mais pas le vainqueur final, Sylvain Tesson et sa “Panthère des neiges”. Ce jury aime les surprises: en 2018, la lauréate Valérie Manteau (“Le sillon”) n’était pas parmi les finalistes. Le Renaudot doit être décerné le 10 novembre, le même jour que le Goncourt. Pour le moment, coronavirus ou non, il est prévu de le faire de la même manière que le veut la tradition, au restaurant Drouant. Ce jury avait été bousculé en avril par le départ, avec fracas, du journaliste Jérôme Garcin. Il souhaitait un renouveau, notamment une féminisation, après la polémique sur la remise du prix de l’essai à Gabriel Matzneff en 2013. Jean-Marie Gustave Le Clézio, prix Nobel 2008, avait laissé entendre qu’il pourrait l’imiter, mais reste finalement présent. Il y avait du beau monde dans la sélection des treize journalistes du quotidien du soir, avec un match entre des romanciers confirmés, comme Eric Reinhardt (“Comédies françaises”), Jean Rolin (“Le Pont de Bezons”) ou Sarah Chiche (“Saturne”), et des auteurs de premiers romans comme Fatima Daas (“La Petite dernière”) et Francesca Serra. C’est cette dernière, née à Ajaccio en 1983, qui l’a emporté en racontant le destin d’une adolescente du Sud de la France, Garance, connectée en permanence aux réseaux sociaux. Emojis, mots-dièses, conversations de groupe en ligne... “Elle a menti pour les ailes” (éditions Anne Carrière), roman à suspense, a recours à toute la palette de la communication moderne. “Le hashtag le plus merdique de la terre, #missinggarance, a aussitôt fait le tour de la ville. Quelques heures plus tard, c’était devenu un trending topic régional. L’excitation s’est propagée durant le week-end, des timelines à la télévision”, raconte la romancière. Elle a raconté au quotidien avoir longuement étudié “cette langue éclatée, qui s’évapore si vite, où +wesh est devenu une conjonction de coordination+, comme l’a dit un gamin sur Twitter”. C’est la huitième fois que Le Monde remet ce prix, et la cinquième fois à une femme. La Fnac a resserré sa sélection à quatre finalistes, dont des traductions. Franck Bouysse (“Buveurs de vent”) et Lola Lafon (“Chavirer”) y côtoient deux Américaines, Tiffany McDaniel (“Betty”) et Britt Bennett (“L’Autre Moitié de soi”). Le jury est composé de 400 libraires et 400 adhérents de l’enseigne. Cette rentrée 2020 a vu la parution de 511 romans, tout juste un peu moins que les 524 de l’année précédente. Mais certains d’entre eux prévus plus tôt dans l’année ont été reportés à août-septembre. “Il y a beaucoup de romans de femmes. D’habitude on en a une petite quantité, mais ils ne sont pas tous de haut niveau. Mais là, il y a vraiment de très, très belles choses”, confiait fin août Didier Decoin, le nouveau président de l’Académie Goncourt, sur France Inter. Le Goncourt doit présenter sa première sélection le 15 septembre, avec un jury remanié après les départs de Bernard Pivot et Virginie Despentes, remplacés par Camille Laurens (qui vient de publier “Fille”) et Pascal Bruckner.


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