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"Le Monde est à toi" a été l'éclat de rire de la Quinzaine des réalisateurs 2018. Et pourtant l'histoire aurait pu déboucher sur un polar bien noir. Qu'on en juge : Un jeune trafiquant de banlieue (Karim Leklou) qui veut changer de vie et travailler honnêtement, envisage de décrocher le marché des glaçons Mr Freeze pour tout le Maghreb. Il doit pour cela y investir ses économies. Quand il comprend que sa mère Dany (Isabelle Adjani), quinquagénaire sexy et à la tête d'une bande de voleuses, a tout dépensé au jeu, il est contraint d'accepter un dernier gros coup pour le compte du caïd de son quartier. Mais évidemment tout va partir en vrille.
Il y a dans "Le Monde est à toi" du "Blues Brothers", du "Flic de Beverly Hills" avec un petit air des comédies italiennes de la grande époque, celles des Scola, Risi ou Monicelli… Le réalisateur Romain Gavras ne le renie d’ailleurs pas dans ses déclarations.
Tous les éléments d'une alchimie cinématographique réussie sont réunis, et pour une fois, ça marche ! Côté scénario, c'est un sans-faute. L'engrenage qui mène jusqu'au dénouement, évidemment inattendu, est réglé au cordeau alors même que l'histoire semble partir dans tous les sens. Sans que l'on s'en rende compte, tout se met en place et pourtant ce travail minutieux n'a jamais rien d'une mécanique.
La mise en scène est rapide, efficace mais jamais baclée. Elle ne se voit pas ce qui est toujours un très bon signe. L'image est très belle, là encore sans esbrouffe et quand elle paraît céder à une esthétique un peu mode, c'est pour tout de suite la tuer dans un gag ou une mise en perspective distanciée.
Mais l'atout majeur de "Le Monde est à toi" reste sa distribution. Isabelle Adjani, la rare Isabelle Adjani, revient plus belle que jamais. Son visage a retrouvé la finesse qui avait longtemps fait son charme, et les gros plans nous perdent à nouveau dans ses yeux à la couleur incomparable, rares eux aussi tant elle les cache derrière des lunettes noires dans la vie de tous les jours. Si, à part Catherine Deneuve, le cinéma français compte une star, c'est bien Isabelle Adjani. Et comme son aînée, elle n'hésite pas à jouer avec son image, à pratiquer une autodérision salutaire qui la rend éminemment sympathique malgré ses airs de diva.
Vincent Cassel est Henri, truand sorti de prison, ancien amant de Danny et obsédé par les théories fumeuses des Illuminati ! Il promène sa présence écrasante tout au long de cette histoire de losers avec une hilarante absence de conviction. C'est un peu son personnage de "La haine" qui aurait passé 20 ans à fumer des pétards. Autodérision, là encore, la meilleure.
Deux personnalités encore à retenir (mais tous les seconds rôles devraient être cités, à commencer par François Damiens): Karim Leklou, impeccable en fils désespéré de voir sa mère lui ruiner ses plans, de voir la fille qu'il aime jouer les aventurières, tout comme ses potes qui accumulent les erreurs possiblement fatales. Il persiste à tenter, malgré l'adversité, de réaliser son rêve : décrocher le marché du Mr Freeze et s'offrir un "ça m'suffit" pour vivre avec sa chérie dans un complexe résidentiel à la mer !
Enfin, Oulaya Amamra inerprète Lamya, jeune délinquante de banlieue, pleine de charme et de détermination pour qui Farès meurt d'amour. La jeune comédienne a tous les atouts d’une excellente James Bond girl ! A suivre... "Le Monde est à toi" a tout pour devenir le vrai succès populaire de l’été.