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"Le Maroc à l'épreuve du terrorisme" de Aziz Khamliche : Réponses du Roi et du gouvernement (2)


Libé
Lundi 23 Août 2010

"Le Maroc à l'épreuve du terrorisme" de Aziz Khamliche : Réponses du Roi et du gouvernement (2)
Dans des déclarations à la presse, il a précisé que les auteurs de ces attentats sont "issus de milieux modestes" et "certains d'entre eux sont des élèves ou des étudiants" et que la personne dont la charge n'a pas explosé est un gardien de voitures.
S'agissant des interpellations effectuées en rapport avec cette affaire, le ministre de la Justice a fait savoir que la seule personne officiellement détenue auprès de la police judiciaire est celle dont la charge n'avait pas explosé. Toutefois, la police judiciaire interroge toute personne suspectée d'avoir participé de près ou de loin à ces opérations, a ajouté M. Bouzoubaâ faisant remarquer que les personnes contre lesquelles aucune charge n'est retenue sont relâchées.
En fait, c'est une véritable chasse à l'homme qui est déclenchée. Mais, en ce qui concerne la responsabilité de l'État, c'est le mutisme total. Aucun mot sur l'importation du rite wahhabite en encourageant l'envoi de "délégations estudiantines" en Arabie Saoudite afin qu'elles se pénètrent des croyances et des fondements idéologiques de ce rite, ni sur la campagne idéologique wahhabite, qui a bénéficié des tribunes (minbars) mises à sa disposition dans les mosquées officielles.
Aucun mot non plus sur la voie ouverte au flot de livres, de cassettes et de Cdroms sur l'idéologie wahhabite et leur vente libre partout, y compris dans les marchés et les transports publics.  
Last but not least, aucun mot sur les facilités offertes aux imams wahhabites afin qu'ils infiltrent les institutions religieuses officielles et, en premier lieu, les conseils des oulémas dits scientifiques.
Or, la majorité de ces conseils s'est transformée en vitrine pour attirer les imams et pour répandre les idées wahhabites. Sans compter leur opposition systématique à toutes les réformes, dont le cas le plus saillant n'est autre que le projet de Code de la famille.
Qui a autorisé l'entrée de tonnes de livres et de supports audiovisuels wahhabites, ainsi que leur distribution et leur vente sur la voie publique? Qui a permis l'ouverture d'instituts religieux wahhabites partout au Maroc? Qui a laissé des garages et des bidonvilles se transformer en mosquées?"                                       Le ministre des Waqfs n'était-il pas responsable du contenu des prêches et des imams qui faisaient la promotion du wahhabisme, comme idéologie religieuse et comme modèle social ?
Thèses des partis politiques
Du côté de la classe politique, des voix officielles s'élèvent pour réclamer justice. "La société doit se protéger contre la violence", disent-elles. Une approche qui a permis aux autorités d'accentuer le contrôle sur la société tout en tablant sur le consensus social.
Dans une déclaration, les Partis de la Koutla (USFP, Istiqlal, PPS) ont annoncé que "le terrorisme international et ses tentacules, incarné par des bandes de jeunes Marocains manipulés, égarés par une idéologie d'extrémisme et de haine, a frappé le Maroc dans ses forces vives, le soir du vendredi 16 mai 2003, fauchant des dizaines de victimes innocentes, occasionnant plus d'une centaine de blessés, se souciant peu de la gravité du crime et de la catastrophe".
L'Union Socialiste des Forces Populaires (USFP) "a condamné cet acte odieux, affirmant que le Maroc ne se pliera pas aux désidérata des terroristes et de tous ceux qui cherchent à semer la discorde.
L'édification d'un Maroc démocratique, moderne et solidaire est la réponse la plus appropriée aux comploteurs et aux ennemis".
Pour Mohamed Elyazghi, premier secrétaire adjoint de l'USFP, "le fait de s'attaquer à Casablanca qui est le cœur de notre économie montre que les agresseurs visaient notre économie."
De son côté, Driss Lachguer, membre du Bureau politique du même parti, a estimé qu'"iI y a d'abord un effet surprise parce que notre pays n'a jamais connu ce genre de phénomènes. On le connaissait à travers les chaînes satellitaires et ce qui se déroulait dans différentes parties du monde. Aujourd'hui, nous avons la preuve que tous les dossiers dont certains disaient qu'ils étaient fabriqués de toute pièce étaient le prélude à cette action criminelle". Et de préciser : "Le Maroc n'est pas à l'abri du terrorisme, comme certains voulaient le faire croire. C'est un phénomène international et l'expérience a montré qu'aucun pays au monde n'est immunisé contre le terrorisme. Mais il se trouve que chez nous, c'est un crime d'un genre nouveau, notre Code pénal ne contient aucun article qui pénalise ce genre de crimes. Le projet de loi sur la lutte contre le terrorisme répond donc à ce besoin impérieux sur le plan des instruments juridiques".
Pour Abbas El Fassi, secrétaire général du Parti de l'Istiqlal, "il y a plusieurs volets dans cette affaire, dont celui de la sécurité. "Il faut prendre des mesures sur le plan de la communication, de la mobilisation", a-t-il ajouté.
Un pas de plus et on va donc diaboliser l'adversaire et le rendre plus puissant et plus dangereux qu'il ne l'est.
Le Parti du Progrès et du Socialisme (PPS) a considéré que c'est le processus d'édification institutionnelle et démocratique en cours au Maroc qui est visé, soulignant que "cela impose à notre pays, Etat, organisations politiques et syndicales et société civile, d'en être pleinement conscients et de prendre toutes les mesures appropriées pour préserver la stabilité et le processus démocratique au Maroc".
Ismaïl Alaoui, secrétaire général de ce parti, rappelle que "nous ne pouvons pas tolérer ces agressions barbares". Après avoir appelé "le peuple marocain à unifier ses rangs et à rejeter ces actes criminels, il a demandé au gouvernement "de prendre les mesures nécessaires pour punir les auteurs de ces attentats".
Dans le même ordre d'idées, Khalid Naciri, membre du bureau politique du PPS a ajouté qu'"il n'y a pas de contradiction entre la sécurité, la paix et la stabilité du pays que nous devons préserver et l'option en faveur de la démocratie et de la liberté".
Néanmoins, il conclut en annonçant qu'"il est difficile de pointer du doigt tel ou tel mouvement, mais il n'y a pas l'ombre d'un doute que nous avons en face de nous toute la nébuleuse du terrorisme international qui s'est fixé pour objectif de destabiliser le monde dans une entreprise criminelle absolument abjecte".
Plus on vire à droite, plus on cherche à se protéger derrière la monarchie, plus le ton monte.
De son côté, le Rassemblement National des Indépendants (RNI) a souligné que ces agressions visent à porter un coup dur au projet démocratique du Royaume du Maroc, appelant le peuple marocain à "se mobiliser et à s'unir autour du guide de la nation, Amir Al Mouminine (commandeur des croyants), S.M. le Roi Mohammed VI".
Le président de ce parti, Ahmed Osman, a déclaré qu'"on ne s'attendait pas à ce que de tels actes soient commis au Maroc, pays connu pour sa stabilité, sa cohésion et sa tolérance"; mais, "fort de ses acquis démocratiques et de ses valeurs de tolérance. Et de reprendre que "le Maroc, ne fléchira pas et sortira vainqueur de ce combat contre le terrorisme."
Mohand Laenser, secrétaire général du Mouvement Populaire (MP), a déclaré que "ces crimes sont importés de l'extérieur".
"Nous importons tellement de choses que même la criminalité sous couvert du terrorisme ou du "Jihad" ou de je ne sais pas quoi est en train de trouver un terrain dans notre pays", a-t-il dit.
"Il est temps d'être ferme. Notre pays est en train d'avancer sur la voie de la démocratie, du progrès et de la modernité et il ne faut absolument pas permettre à des énergumènes complètement dépassés par les événements de stopper ce cheminement ou de se mettre en travers de cette optique".
"Démocratie et ordre ne sont pas antinomiques. Nous devons prendre toutes les dispositions sécuritaires qu'il faut, pour assurer l'ordre public et la sécurité des citoyens. On ne peut absolument pas prendre prétexte des libertés et de la démocratie pour permettre à n'importe qui de prendre notre pays pour un champ d'expérimentation du terrorisme", a-t-il conclu.
Même son de cloche chez Mohamed Abied, secrétaire général par intérim de l'Union Constitutionnelle (UC) pour qui "Les agressions et le massacre d'innocents par des attentats terroristes suicides et lâches visent à semer la terreur et à ébranler la stabilité et la sérénité dont jouissent les Marocains depuis des siècles".   On oublie donc facilement et on efface d'un seul trait toutes les convulsions que le pays a connues tout au long de son histoire. On oublie les émeutes de 1965, 1981, 1984 et 1990 qui ont fait des centaines de morts. On oublie les deux coups d'État du début des années 70, les révoltes armées de 1958 et de 1973, et les multiples vagues de répression dont les séquelles persistent encore.
Dans les rangs des islamistes, on opte pour le consensus national. Leurs dirigeants se découvrent une vocation de dindons de la farce. Leur autorité ne prenait plus. Leur charisme s'effilochait au gré des attentats qui mettaient en avant d'illustres inconnus. L'heure n'était plus à la grandiloquence. Le couteau supplantait le verbe. Ils s'écrasaient devant les émirs et les guerriers. Ils hissent donc le pavillon blanc et se livrent au pouvoir. 


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