
Le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, et même le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, ont prévenu d’avance que cette élection présidentielle dont le premier tour a lieu dimanche prochain, serait «imparfaite», mais qu’il faudrait néanmoins en «accepter» les résultats.
Les violences de jeudi et vendredi qui ont fait quatre morts à Kidal (1.500 km de Bamako) et les enlèvements samedi d’agents électoraux et d’un élu plus au nord, à Tessalit, font planer de très sérieux doutes sur la tenue du scrutin dans cette région du nord-est du Mali, berceau des Touareg et de leur rébellion.
Déjà mauvaises avant le début du conflit au Mali dont tout le Nord a été occupé en 2012 par des jihadistes un temps alliés à la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), les relations entre communautés noires, majoritaires, et les «peaux claires», essentiellement Arabes et Touareg, se sont depuis considérablement dégradées.
Les «peaux claires» sont assimilés aux groupes jihadistes et au MNLA, considérés comme les responsables des malheurs du pays. Et l’arrivée de soldats maliens à Kidal début juillet a attisé les haines.
Si le vote n’avait pas lieu à Kidal, l’impact serait presque insignifiant sur les résultats, vu le peu d’électeurs dans la zone. «Mais cela exposera l’incohérence de l’approche qui consistait à faire de la participation de toutes les régions du Mali une condition sine qua non de la tenue du scrutin présidentiel» sans se donner le temps d’une «organisation sereine dans la région de Kidal», a déclaré à l’AFP Gilles Yabi, d’International Crisis Group (ICG).
La tenue de cette élection - six mois après le début d’une intervention armée internationale initiée par la France pour chasser les jihadistes qui occupaient le Nord et menaçaient d’avancer vers le Sud - est prévue pour mettre fin à la plus grave crise de l’histoire récente du pays.