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Depuis son ouverture en 1913 à l’initiative du couple espagnol, Esperanza Orellana et Manuel Peña et le propriétaire Antonio Gallego, le Grand Théâtre Cervantès est resté, des décennies durant, l’un des plus importants édifices culturels du pourtour méditerranéen, connu pour son aspect architectural espagnol, les fresques et les ornements qui embellissent ses murs et son plafond. Non loin du Gran Socco, qui fut jadis l’une des principales artères de Tanger des débuts du 20e siècle, le Grand Théâtre trônait comme la plus grande institution culturelle d’Afrique, avec une capacité de 1.400 places, ce qui lui a permis d'abriter les performances des grandes troupes de théâtre espagnoles, comme Maria y Guerrero et Diaz de Mendoza, en plus des classiques du théâtre mondial, à l’instar de Othelo de Shakespeare ou Saladin de Nagib Hadded.
Sur ses planches, les Tangérois ont pu admirer certaines des performances et des comédies musicales les plus en vue dans le monde, comme Tortola Valencia et Garcia y Moreno. Les voix des grands chanteurs européens ont également retenti dans ses entrailles, dont celles d’Antonio Caruso, de Tito Ruffo et d’Adelina Patti, qui s’ajoutent à une pléiade de chanteurs et d’acteurs latino-américains. Dans son livre "Tanger: un siècle d’histoire", l’historien Isaac J Assayag écrit qu’aussitôt inauguré, le Grand Théâtre Cervantès a contribué à un changement radical de la scène artistique et culturelle de Tanger, puisqu'il n’était plus nécessaire d’aller à Madrid ou à Paris pour assister aux plus belles performances.
Le théâtre est, en effet, devenu une "passion irrésistible" pour les habitants de Tanger, rayonnant, pendant un demi-siècle, tel un phare qui illumine la ciel de la culture non seulement de Tanger, mais de l’ensemble du bassin méditerranéen.
L’édifice tomba après aux oubliettes, servant, dans ses années d’agonie, d’arène de lutte libre, avant qu’il ne soit finalement fermé dans les années 60 sur décision du gouvernement espagnol. Aujourd’hui, le "Gran Teatro Cervantès" brave toujours les aléas de la nature. Sa portière cadenassée et ses panneaux d’un jaune et bleu feutrés témoignent obstinément d’une ère dorée assombrie et de décennies de négligence, et aspire à retrouver son éclat après sa restauration par le Maroc en tant que patrimoine culturel de la ville de Tanger.