Le Festival gnaoua et musiques du monde s’ouvre en grande pompe

Le Forum des droits de l'Homme souffle sa 8ème bougie


DNES : Mehdi Ouassat
Samedi 22 Juin 2019

La 22ème édition du Festival gnaoua et musiques du monde s’est ouverte, jeudi à Essaouira, sur l’emblématique parade, colorée et représentative des traditions musicales marocaines. Dans une ambiance festive et joyeuse, une vague humaine a franchi la Médina de Bab Doukkala vers la Place Moulay El Hassan, jalonnée de troupes folkloriques de différentes régions du Maroc et des mâalems gnaouis, sous le regard admiratif et curieux des festivaliers.
Les troupes qui ont défilé dans les rues de la ville, escortées d’une foule dense et enthousiaste, ont très vite laissé place à un magnifique concert d’ouverture réunissant le Maâlem Hassan Boussou et Osain Del Monte. Un large public a vibré, à la Place Moulay El Hassan, séduit par les rythmes de cette fusion exécutée avec brio par les deux artistes, et qui a non seulement été l’une des prestations les plus applaudies de la soirée mais a également prouvé le talent, toujours renouvelé, de Hassan Boussou, à faire prospérer l'art gnaoui dans sa dimension la plus traditionnelle ainsi que dans sa capacité à fusionner avec tous les genres musicaux. Au-delà de sa parfaite maîtrise de la «tagnaouite», Hassan Boussou s’est d’ailleurs toujours imposé comme un maître en matière de fusions musicales avec des musiciens de légende.
Plaçant la fusion et la découverte au cœur de sa programmation musicale qui illustre l’attachement du Royaume à toutes les cultures du monde, l’ouverture de cette 22ème édition a également mis en scène le Maâlem Omar Hayat et le chanteur et guitariste guinéen Moh Kouyaté. Venus d’horizons différents, ils ont fusionné leurs talents pour produire un spectacle inédit, fruit d’un mélange harmonieux entre la richesse du patrimoine gnaoui et la diversité des musiques du monde. Les couleurs vives et bariolées des musiciens, les sonorités, les percussions et les différentes figures chorégraphiques ont donc offert au public un spectacle digne de cet événement exceptionnel.
Intervenant lors de la cérémonie d’ouverture, le ministre de la Culture, Mohamed Laaraj a salué les efforts déployés, à Essaouira, pour mettre en valeur le riche patrimoine culturel de la ville et l’adhésion de la population souirie pour le développement de cette dynamique. Il a également indiqué que le Festival gnaoua et musiques du monde est un évènement de renommée mondiale étant donné qu'il met en avant un patrimoine culturel oral, à savoir l'art gnaoui, insistant sur l'impératif de l'inscrire sur la liste du patrimoine culturel immatériel. Pour sa part, la productrice du Festival, Neila Tazi, a, elle aussi, émis le souhait d'inscrire gnaoua sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'Unesco. Elle s'est, par ailleurs, félicitée des réussites qu'a connues le festival depuis sa création, jusqu'à cette 22ème édition, et a appelé à assurer sa continuité à l'image de certains événements semblables en Europe.
La cérémonie d’ouverture a été également marquée par la présence d’André Azoulay, Conseiller de SM le Roi et président-fondateur de l’Association Essaouira-Mogador, du wali de la région Marrakech-Safi et du gouverneur de la province d'Essaouira.
Pour la deuxième soirée du festival, ce sont les deux Mâalems à la carrière internationale confirmée, Hassan Hakmoun et Majid Bekkas, qui se sont produits, vendredi, sur la scène de la Place Moulay El Hassan. Multi-instrumentaliste et fervent acteur de la fusion gnaoua-jazz, Majid Bekkas a présenté le projet ''Afro Gnaoua Jazz Ensemble'', fruit d'une longue collaboration musicale et humaine, avec notamment l'ambassadeur du Balafon africain, le Malien Aly Keita. A leurs côtés, le bassiste Childo Thomas du Mozambique, qu'on voit souvent aux côtés du pianiste cubain Omar Sosa, le saxophoniste et flûtiste belge, Manuel Hermia et le talentueux percussionniste marocain Amine et Bliha. Pour sa part, Hassan Hakmoun a offert au public souiri une représentation unique, conçue spécialement pour le Festival. Le Maâlem a, en effet, réuni musiciens et danseurs de renom pour le projet ''The Universal Force'', alliant énergie contemporaine de New York aux rythmes ancestraux de Tagnaouite. Entouré de Justin Purtill à la guitare, Leonardo Genovese aux claviers, Mathew Kilmer aux percussions, Dean Johnson à la batterie, Brahim Fribgane au oud et Chikako Iwahori aux chants, percussion, claquettes et danse, Hassan Hakmoun a donné le meilleur de son expérience musicale en tant que gnaoui et en musicien.

Les droits de l'Homme
en débat

Le Forum d'Essaouira des droits de l'Homme, un rendez-vous de débats, de réflexion et d'échange, souffle cette année sa 8ème bougie, dans le cadre du Festival gnaoua. Placé cette année sous le thème ''La force de la culture pour contrer la culture de la violence'', ce forum est organisé en partenariat avec le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH), TV5 Monde et l'Université Mohammed V de Rabat, expliquent les organisateurs. Fidèle à sa tradition, le forum accompagne les grands débats qui traversent les sociétés, note la même source, faisant observer que lors de ce rendez-vous intellectuel, sera donc posée la question du rôle de la culture et de l'acteur culturel pour apaiser les tensions, favoriser le dialogue, et comprendre plutôt que de juger ou pire stigmatiser. ''Dans un monde plus violent et plus divisé que jamais, ce genre de questionnement est salutaire'', estime-t-on. Et de poursuivre que ''la thématique universelle se propose de traiter la violence sous toutes ses formes et dans plusieurs contextes économiques, sociaux et culturels : extrémisme religieux, violences urbaines, agressions ethniques, xénophobie, homophobie,... Violence des actes mais également des paroles, y compris entre les Etats et entre quelques dirigeants dans le monde''. Pour débattre de ces questions actuelles, le forum invite, comme à l'accoutumée, des intellectuels, des artistes, des écrivains, des anthropologues, des journalistes et des acteurs associatifs, le temps de partager leurs expériences dans différentes régions du monde et nourrir la réflexion autour du rôle de la culture et de l'acteur culturel pour un monde moins violent et plus apaisé.


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