Le Festival des Andalousies Atlantiques d’Essaouira, une ode aux métissages et au cosmopolitisme

Mardi 1 Novembre 2016

"Les Andalousies Atlantiques" d’Essaouira qui s’inscrivent dans la dynamique des rencontres nationales et internationales en parallèle des deux autres festivals, "Gnaoua et Musiques du monde" et "le Printemps musical des Alizés", représentent plus qu’un festival, c’est un concept et une ode aux métissages et au cosmopolitisme .
Le choix d’Essaouira pour abriter ce festival n’est nullement fortuit. La ville, par sa position géographique ouverte sur l’Atlantique, a été, dès l’origine,  un lieu de rencontre et d’échange. La cité des Alizés reste l’unique endroit au monde où Musulmans et Juifs célèbrent leur patrimoine commun en chantant, en dansant et en partageant "pain et sel".
Au moment où une partie du monde arabe sombre dans les guerres et l’intégrisme, et au moment où une partie du monde occidental se replie sur son  identité et propulse au-devant de la scène des partis populistes et xénophobes, Essaouira a choisi l’ouverture et une identité multiple. Essaouira, classée pour la beauté de son architecture comme patrimoine mondial de l’humanité, auraient toutes les raisons de l’être également pour ses valeurs humaines et spirituelles de portée universelle.
Son école de musique andalouse, célèbre jusqu’au début du 20ème siècle, attirait les musiciens de toutes les régions du Maroc, qui venaient travailler avec les plus grands maîtres de musique connus de tout le royaume.
La Cité des Alizés, agora férue de toutes les musiques, a fait le choix cette année de placer cette édition  sous le signe de la jeunesse et de la transmission.
En effet et pour la première fois, ce sont les "Jeunes grands maîtres" de l’école prestigieuse andalouse qui ont été au cœur et sous les projecteurs de cette édition. Venus de Tanger, Tétouan, Fès, Chefchaouen, Salé, Casablanca et Essaouira, ils ont été plus d’une centaine sur la scène El Menzeh pour nous exprimer à leur manière, et avec la fougue de leur jeunesse, les promesses de leur talent pour s’imposer aux mélomanes les plus exigeants.
La grande diva Sanaa Marahati a choisi de se réapproprier le répertoire de Samy El Maghribi pour mieux le partager, qu’il soit andalou, liturgique, gharnati, chaâbi ou hawzi.
Dans la même veine, Raymonde El Bidaouia, une autre icône emblématique de la tradition musicale marocaine la plus populaire, la plus chaleureuse et la plus émouvante, a charmé le public de la Place El Menzah par un concert marqué par la  sensualité de sa voix et la beauté de ses mélodies qui portent les empreintes de la tradition musicale et du patrimoine judéo-marocain.
Rachid Ouchehad et son groupe souiri ont ainsi choisi de rendre un hommage fraternel à Maurice El Medioni, musicien, chanteur et compositeur et qui, depuis Oran, a écrit et interprété les plus belles pièces du patrimoine musical judéo-arabe du 20ème siècle. Ce cru 2016 de nos Andalousies Atlantiques à Essaouira fera date par son inépuisable capacité à dire non aux amnésiques et ouvrir grands ses bras à ceux chaque année plus nombreux qui disent oui à cette fête de la mémoire retrouvée et du bonheur d’être ensemble. Créé en 2003 par l’Association Essaouira Mogador, ce festival vient enrichir l’identité culturelle et musicale d’Essaouira et mettre en valeur l’histoire de l’héritage andalou, parti de son berceau hispano-marocain et porté par les conquistadors jusqu’en Amérique Latine, en traversant l’Atlantique.
Il s’affirme désormais comme un rendez-vous annuel d’automne pour tous les amoureux d’Essaouira et de la culture andalouse. Ce festival célèbre l’amitié maroco-espagnole autour d’une mémoire riche et vivante, dans une ville ouverte, fidèle à ses principes fondateurs de métissages culturels et ethniques.


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