
Réunis à huis clos pendant une semaine à Vienne, les délégués des 35 pays membres du Conseil des gouverneurs de l'Agence onusienne devraient cette fois rester mesurés dans leurs critiques envers l'Iran, même si le pays a continué à augmenter fortement sa capacité d'enrichissement d'uranium, selon des diplomates.
Le dossier syrien pourrait aussi s'inviter au conseil à l'initiative de la Russie, qui a mis en garde contre les conséquences catastrophiques d'une éventuelle frappe militaire américaine dans le pays, car des missiles pourraient atteindre un petit réacteur de recherche nucléaire. Moscou a demandé à l'AIEA une analyse des risques.
Les délégations devraient par ailleurs évoquer les récents incidents à la centrale nucléaire de Fukushima au Japon, saccagée par un tsunami en 2011 et où des fuites d'eau radioactive ont causé des inquiétudes.
L'Iran devrait toutefois rester le sujet principal de la réunion. Les grandes puissances entendent donner l'occasion au nouveau président Hassan Rohani de concrétiser par des actes ses multiples déclarations conciliantes de ces dernières semaines.
Soucieux de négocier un allègement des sanctions internationales qui étouffent l'économie du pays, ce modéré s'est dit prêt à mener "des discussions sérieuses" sur le nucléaire, tout en réaffirmant le droit de la République islamique à enrichir de l'uranium pour la production d'électricité ou à des fins médicales. Il a complètement renouvelé l'équipe de négociateurs sur les questions nucléaires.
Les grandes puissances soupçonnent l'Iran, malgré ses dénégations répétées, de vouloir se doter de l'arme atomique sous couvert de son programme civil, en particulier grâce à ses activités d'enrichissement.
Dans son dernier rapport, le directeur général de l'institution Yukiya Amano a d'ailleurs pointé une forte augmentation du nombre de centrifugeuses d'ancienne ou de nouvelle génération sur le principal site de Natanz (centre).
Le document a fait aussi état d'un report de la mise en service d'un réacteur à eau lourde d'Arak (centre), une nouvelle positive du point de vue des Occidentaux. Ces derniers redoutent que l'Iran veuille fabriquer une arme nucléaire avec le plutonium produit par le réacteur, ce que Téhéran nie.
Dans un rapport en novembre 2011, l'AIEA avait publié un faisceau d'éléments indiquant que le régime islamique avait travaillé à la mise au point de l'arme nucléaire avant 2003. Les discussions entamées entre les deux camps depuis visent à mettre au point un accord permettant aux inspecteurs de l'Agence onusienne de vérifier si ces soupçons sont fondés ou non.