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Le Club méditerranéen de presse organise son premier colloque à Tétouan

Les médias méditerranéens jettent leurs passerelles


Amel NEJJARI
Lundi 16 Mars 2009

Le Club méditerranéen de presse organise son premier colloque à Tétouan
Organisé à Tétouan par le Club méditerranéen de presse (CMP) sous le thème « Médias : stratégies et axes de communication dans les relations maroco-européennes », un colloque international a eu pour principal objectif de contribuer à la création de partenariats économiques, juridiques, sociaux et culturels entre les deux rives de la Méditerranée.
Devant les défis majeurs que connaissent les pays du pourtour méditerranéen, une telle action revêtait tout son sens. En effet, dès 1995, le Processus de Barcelone, initié par le Président français Jacques Chirac, voulait tisser des liens forts entre l'Union européenne et les pays riverains de la Méditerranée. Bien avant, dès les années 60, plusieurs organismes travaillaient déjà pour le rapprochement entre les deux rives. C'est sous la présidence française du Conseil de l'Union européenne, que le Président Sarkozy initiera « l'Union pour la Méditerranée », continuité du Processus de Barcelone, en organisant un sommet à Paris, le 13 juillet 2008. A l'issue de ce sommet, les pays concernés produisent une déclaration de 33 articles. Six principaux projets mobilisateurs ont été définis, revalidés lors de la rencontre interministérielle de Marseille les 3 et 4 novembre 2008 : la dépollution de la Méditerranée, les transports, la protection civile pour faire face aux catastrophes naturelles, l'enseignement supérieur et la recherche, l'énergie solaire et le développement des petites et moyennes entreprises. Des projets d'envergure qui ne pourraient être engagés sans la mise en œuvre effective et volontaire d'un partenariat renforcé autour de la Méditerranée. C'est justement dans ce cadre, comme l'a rappelé le président du CMP dans son allocution d'ouverture, Hammou Sriri, que cette rencontre trouve son sens : une manière de concevoir les liens entre les deux rives de la Méditerranée de manière plus partenariale et plus équilibrée en intégrant politiques, scientifiques, militants associatifs, chercheurs, journalistes…
A Tétouan, cité qui se trouve géographiquement au centre des relations stratégiques entre l'Union européenne et le Royaume, trois jours durant, Marocains, Espagnols et Français ont donc pu se réunir autour d'axes thématiques précis : « Les journalistes en Méditerranée », « Le tourisme, l'environnement, le développement durable et la pêche maritime », « L'université comme porteur de projets méditerranéens », « La justice et les investissements », « La santé », « Le monde de l'entreprise », « Le monde associatif » et « La question migratoire » pour « se rencontrer, travailler ensemble et trouver des passerelles interprofessionnelles » comme l'ont rappelé les organisateurs de cette rencontre.
La séance d'inauguration ouverte sur « des cantiques d'amour et de paix » chantées par Magali Amri Saurel, artiste, coorganisatrice du colloque et représentante de la délégation française, a été l'occasion d'interpeller les participants au colloque sur leur conception du « rêve méditerranéen ». Pour la délégation espagnole, le Maroc et l'Espagne font face à des problématiques communes qu'il faut régler de front pour pouvoir renforcer les liens entre les deux pays : « les problèmes économiques et sociaux, l'explosion démographique et donc d'occupation du sol, l'immigration clandestine et les changements climatiques. ». Au niveau marocain, c'est tout de même le pragmatisme qui règne dans les discours à l'image de celui de Abdelmalek Cherkaoui, ex-ambassadeur du Maroc à l'Union européenne. Les priorités émises par le communiqué de Paris de juillet 2008 et la mise à niveau de la rive Sud de la Méditerranée ne peuvent et ne pourront se concrétiser sans un appui financier conséquent.  Il faut rappeler qu'un seuil aurait été fixé à 25 milliards d'euros sur cinq ans (soit 5 milliards par an) ; un budget arrêté jusqu'en 2013 et jugé insuffisant en comparaison avec celui accordé aux pays nouvellement membres de l'Union européenne ! D'autre part, M. Charkaoui a mis l'accent sur les difficultés géostratégiques qui entravent sérieusement la mise en place d'un partenariat fort  et notamment le problème israélo-palestinien et la problématique du Sahara…  A l'évidence, la participation volontariste des politiques reste la première voie d'atténuation de ces problèmes. Cette vision pragmatique a été largement partagée par Rachid Houdaigui, professeur de Droit à Tanger, qui a rappelé justement qu'au sujet des relations maroco-européennes, « les rêves s'évanouissent et la réalité perdure ». Il rappelle que le chemin vers «l'Union pour la Méditerranée » est actuellement bloqué et que le travail institutionnel et technique est suspendu aujourd'hui à la demande des pays arabes vu le contexte géopolitique actuel et notamment la guerre israélienne contre Gaza… Le blocage de la construction de l'Union pour la Méditerranée manquerait-elle de bonne volonté ? A fortiori, oui. Et c'est ce que rappelle à l'assistance M. Houdaigui en évoquant le problème de la fermeture des frontières algériennes avec le Maroc. En effet, on se demande comment construire des autoroutes terrestres et maritimes, comme le prévoit l'UPM et le prévoyait déjà avant le Processus de Barcelone, si les frontières restent fermées. Une chose est sûre : sans engagement politique sérieux, aucune construction pour la Méditerranée ne pourra voir le jour.  Certes, comme le rappellent justement les plus optimistes, le Bassin méditerranéen est un espace de solidarité et de pluriculturalisme. Certes, cette Méditerranée qui a, durant des siècles, était le vecteur d'échanges et de partages se doit d'être décloisonnée. Certes, nous devons aplanir nos différences pour être en phase les uns avec les autres. Mais il serait tout temps, pour les pays du Sud de la Méditerranée (et plus particulièrement du Maghreb) de cesser de rêver.


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