
«Quand je parle de rupture totale des relations diplomatiques, cela comprend mon départ définitif», a déclaré l’ambassadeur de Turquie en France, Tahsin Burcuoglu, à la presse.
«On peut aussi s’attendre à ce que les relations diplomatiques se passent désormais au niveau des chargés d’affaires et non plus au niveau des ambassadeurs.»
Selon la convention de Vienne sur les relations diplomatiques, le chargé d’affaire correspond à la dernière classe de la mission diplomatique. Le Sénat français a validé lundi par 127 voix contre 86 le texte que l’Assemblée avait déjà adopté le 22 décembre par un vote à main levée, majorité et opposition y étant largement favorables.
La proposition de loi prévoit de punir d’un an d’emprisonnement, d’une amende de 45.000 euros ou des deux à la fois la négation d’un génocide que le Parlement français avait reconnu par une loi adoptée en 2001. La Turquie voit dans cet empressement un geste en direction des quelque 500.000 Français d’origine arménienne à l’approche des échéances électorales du printemps.
Le gouvernement arménien s’est pour sa part réjoui du vote français. «Ce jour restera gravé en lettres d’or non seulement dans l’histoire de l’amitié entre les peuples arménien et français, mais aussi dans les annales de l’histoire de la protection des droits de l’Homme dans le monde, et confortera les mécanismes existant de prévention des crimes contre l’humanité», a indiqué le ministre arménien des Affaires étrangères, Edouard Nalbandian, dans un communiqué. Pour Erevan, le vote de l’assemblée du Palais du Luxembourg, après celui du Palais-Bourbon, est «la poursuite logique» de la loi reconnaissant le génocide arménien adoptée par la France en 2001. «La France a réaffirmé son rôle pivot de défenseur authentique des valeurs universelles de l’humanité», ajoute le chef de la diplomatie arménienne. Lors de l’adoption du texte à l’Assemblée nationale, la Turquie avait rappelé son ambassadeur à Paris et annulé toutes les rencontres politiques, économiques et militaires prévues avec la France ainsi que l’autorisation accordée aux avions de chasse et aux bâtiments de l’armée française d’atterrir ou d’accoster en Turquie.