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« Dès l’apparition des premiers cas de coronavirus, l’Organisation marocaine des droits de l’Homme a lancé des appels aux autorités compétentes pour qu’elles prennent les mesures préventives urgentes à même de garantir la santé des détenus », a affirmé Boubker Largou, président de l’OMDH dans une déclaration à Libé.
Selon lui, cette ONG a appelé à alléger la population carcérale durant cette période critique en libérant certaines de ses catégories comme les mineurs. « Il y a surpopulation dans certains établissements pénitentiaires et les organisations des droits de l’Homme craignaient la propagation du coronavirus parmi la population carcérale. Si cela advient, qu’à Dieu ne plaise, ce serait une catastrophe », a-t-il déclaré en saluant la récente décision de la Délégation générale à l'administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR) consistant en la libération des détenus mineurs.
Cette décision ne semble néanmoins pas avoir satisfait Abdellatif Reffouh, président de l’Observatoire marocain des prisons (OMP).
Dans une déclaration à Libé, il a affirmé que dès l’apparition des premiers cas de coronavirus, l’OMP a interpellé les autorités marocaines pour qu’elles prennent des mesures urgentes en vue de protéger la population carcérale. « Nous avons appelé à la relaxe des catégories vulnérables comme les mineurs, les personnes âgées de plus de 65 ans (qui ne représentent selon lui que 2 % de la population carcérale estimée à 86.384 détenus), les femmes enceintes ou avec des enfants, ainsi que les personnes dont la peine expirera dans un ou deux mois et les détenus du Hirak », a précisé notre interlocuteur.
L’OMP, à l’instar d’autres organisations de la société civile, estime que la réduction de la surpopulation carcérale passe également par la libération des personnes en détention provisoire, ainsi que de celles qui sont poursuivies pour des délits non dangereux et qui bénéficient des garanties de présence, soulignant qu’il y a actuellement à peu près 36.000 personnes en détention préventive.
« Nous avons publié deux communiqués à ce propos et nous avons adressé une lettre au ministère public et une autre au chef du gouvernement dans laquelle nous avions sollicité que l’Exécutif clarifie la situation à l'intérieur des établissements pénitentiaires et les mesures sanitaires et autres prises pour préserver la santé des détenus et éviter la propagation du Covid-19 au sein de ces établissements », a mis en avant Abdellatif Reffouh. Et d’ajouter : « A l’exception de la libération des mineurs et de la décision de la DGAPR d’imposer le confinement à ses propres fonctionnaires, les autres revendications et mesures proposées par les organisations de la société civile n’ont pas été prises en compte par les autorités compétentes ».
Il y a lieu de signaler que la DGAPR a annoncé mercredi dernier sa mobilisation pour la protection des pensionnaires, du personnel ainsi que des membres de leurs familles contre la contamination par le nouveau coronavirus, via leur mise en quarantaine.
"Cette décision s'inscrit dans le cadre des mesures préventives contre la propagation de l'épidémie du nouveau coronavirus (Covid-19) prises par le Maroc et vient en application des dispositions légales relatives à la quarantaine", a-t-elle indiqué dans un communiqué, soulignant qu'elle est "consciente de la nécessité de l'application correcte et efficace de ces dispositions".
A cet effet, le personnel a été divisé en deux groupes, travaillant chacun deux semaines pleines, précise le communiqué, notant que des espaces aménagés et équipés de tous les moyens nécessaires ont été mis à leur disposition.
Il convient de rappeler que la haut-commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU, Michelle Bachelet, a appelé mercredi dernier à la libération urgente de détenus à travers le monde pour éviter que la pandémie de Covid-19 ne fasse des "ravages" dans les prisons souvent surpeuplées.
Elle a en effet exhorté "les gouvernements et les autorités compétentes à travailler rapidement pour réduire le nombre de personnes en détention", en libérant par exemple "les détenus les plus âgés et ceux malades, ainsi que les délinquants présentant un risque faible".
"Le Covid-19 a commencé à frapper les prisons, les maisons d'arrêt et les centres de détention d'immigrants, ainsi que les centres de soins résidentiels et les hôpitaux psychiatriques, et risque de causer des ravages auprès des populations extrêmement vulnérables au sein de ces institutions", a-t-elle prévenu, en reconnaissant que "plusieurs pays avaient déjà entrepris des actions positives" en ce sens.
L'ex-présidente du Chili, qui connut les geôles du régime Pinochet durant les années 70, a par ailleurs appelé les gouvernements à "libérer toute personne détenue sans fondement juridique suffisant, y compris les prisonniers politiques et les personnes détenues simplement pour avoir exprimé des opinions critiques ou dissidentes".