-
Sahara : La Côte d'Ivoire réitère son “plein appui” au plan marocain d'autonomie
-
Des pétitionnaires internationaux dénoncent à l’ONU l'enrôlement militaire d'enfants dans les camps de Tindouf
-
Focus à New York sur la dynamique de développement au Sahara
-
Suspension des protestations syndicales à l'ONEE: Un accord en vue pour la SRM Casablanca-Settat
-
Rentrée parlementaire: Un agenda législatif intense qui trace les contours d’une nouvelle étape sur les plans social et économique
C’est ainsi que M.B, médecin de la place, évalue les révélations du dernier avis du Conseil de la concurrence, consacré au fonctionnement concurrentiel du marché des soins médicaux dispensés par les cliniques privées et les établissements assimilés, publié dernièrement.
Selon cet avis, les cliniques privées fournissent un tiers de la capacité clinique nationale allouée à l'hospitalisation tout en précisant qu’elles détiennent une part significative du marché de la santé au Maroc, qui compte actuellement 613 établissements dont 389 sont des cliniques privées, ce qui représente 63%.
Le Conseil de la concurrence révèle aussi qu’en matière de consommation médicale, les cliniques privées constituent la première destination des dépenses engagées dans le cadre de l'assurance maladie obligatoire. « La généralisation de l’AMO est une initiative louable puisqu’elle va faciliter l’accès aux soins pour un grand nombre de Marocains vu que la prise en charge est estimée à 60%. Dernièrement, la CNSS a donné son aval en 48 heures pour deux opérations chirurgicales d’un montant de 110.000 DH et 150.000 DH respectivement», nous a indiqué notre source. Et de noter, cependant, que cette généralisation de l’AMO aura pour conséquence plus de négligence à l’égard du secteur public de la santé. « Il subira davantage de restrictions budgétaires et plus de départs de médecins. A noter que la situation est déjà chaotique », a-t-elle souligné. Et de poursuivre : « Le ministère de la Santé a commencé à réfléchir et à parler de la compétitivité mais rein ne semble venir. Il y a aussi réflexion sur comment arrêter le départ des médecins publics vers le privé puisqu’on s’attend à une migration massive. En effet, la grande question qui s’impose pour les praticiens est de savoir comment exercer leur profession dans un climat de travail manquant des conditions nécessaires ».
M.B estime, en outre, que notre pays empruntera le même chemin que celui suivi dans le secteur de l’éducation et que dans un futur proche, le secteur privé de la santé raflera toute la mise. « En effet, tout laisse penser que notre pays s’oriente vers un modèle de santé identique à celui américain qui demeure un système libéral, fondé sur le marché et qui s'organise autour d'assurances privées souvent liées à l'emploi et à une assurance maladie obligatoire, liée notamment à la vieillesse et aux faibles revenus ».
Verra-t-on le fâcheux modèle servi par l’enseignement se reproduire là aussi ?Sur un autre registre, l’avis du Conseil de la concurrence a constaté que la répartition des cliniques privées au Maroc est inégale et déséquilibrée puisque cinq régions contrôlent 79% des cliniques privées et 82% des lits disponibles dans le secteur privé. Il s'agit de Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra, Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Fès-Meknès et Marrakech-Safi. Dans les cinq régions, le secteur privé occupe 25 à 50% de la capacité clinique de l'ensemble du territoire national. En revanche, les régions du sud et du sud-est souffrent constamment d'une pénurie de ces structures hospitalières. Selon notre interlocuteur, cette situation risque de s’aggraver davantage puisque les investissements au-delà de l’axe Tanger-Casa sont considérés comme risqués. « Il est vrai que ladite généralisation de l’AMO va permettre plus de prise en charge, mais certaines régions du Maroc manquent de toute infrastructure et rendent tout investissement périlleux », a-t-il conclu.
Un état des lieux qui interroge et avec acuité la recette préparée par le gouvernement Akhannouch pour la réforme du secteur de la santé. En effet, l’Exécutif a évoqué la création d’une Haute autorité de la santé, la mise en place d’une Agence marocaine du sang et une autre pour médicaments et produits de la santé, une digitalisation du système de santé national, une augmentation progressive du nombre des étudiants dans les facultés de médecine et de pharmacie publiques de 20% puis 40% à la fin du mandat du gouvernement, une mise en place des groupes régionaux de santé avec une offre complète réunissant l'ensemble des infrastructures de santé pour un parcours clair de prise en charge des patients, une réhabilitation des centres de santé…
Intervenant en juin dernier lors de la séance plénière de la Chambre des représentants consacrée aux questions orales sur la politique publique de santé, Aziz Akhannouch a évoqué, soi-disant, «une nouvelle vision pour la réforme» basée sur «une approche globale qui touche l'ensemble des domaines, avec une démarche menée aux niveaux régional et local pour améliorer l'accès aux soins, notamment à travers l'établissement d'une carte régionale de la santé». Une vision à laquelle personne ne croit, même pas le personnel de la santé publique.
Hassan Bentaleb