La rupture de l’ approvisionnement en gaz de l’Europe via le GME, un énième coup d’épée dans l’ eau

Observateurs, acteurs politiques et députés européens s’insurgent contre le chantage implicite d’Alger


Libé
Jeudi 4 Novembre 2021

La rupture de l’ approvisionnement en gaz de l’Europe via le GME, un énième coup d’épée dans l’ eau
La recrudescence des hostilités foncièrement injustifiées en termes de bonne gouvernance des relations internationales du régime politico-militaire algérien, notamment son attitude, par ailleurs décriée par la quasi-totalité de la communauté internationale, à l’égard du conflit du Sahara marocain, pourtant créé et entretenu avec acharnement par ses soins, ne s’explique que par son désarroi confronté, comme il est à une crise de confiance généralisée et au rejet croissant manifesté par l’ensemble des strates du peuple algérien, menaçant de l’imminence d’une explosion sociale et surtout de sa perte et sa déchéance.

A ce propos, la revue italienne «Formiche», dans sa dernière livraison, écrit :«Après la décision de rompre les relations diplomatiques avec le Maroc et d’interdire aux avions marocains de traverser l’espace aérien algérien, des gestes qui se sont avérés sans conséquence», l’Algérie «joue sa dernière carte, celle de fermer, à partir de novembre, les vannes du GME (Gazoduc Maghreb-Europe), qui passe par le territoire marocain ». «Voulant antagoniser le Maroc», l’Algérie a coupé un important approvisionnement énergétique aux Espagnols s’élevant à 6 milliards de mètres cubes de gaz, a expliqué « Formiche », relevant qu’Alger a promis aux Espagnols une compensation en augmentant la capacité du gazoduc Medgaz, directement relié à Almeria, à 10 milliards de mètres cubes.

Le média italien note que l’Algérie veut exercer une forme de chantage envers l’Europe,surtout que cette décision brutale et incongrue intervient dans un contexte économique particulier marqué notamment par une hausse exponentielle du prix du gaz, ce qui représente une réelle menace pour l’approvisionnement énergétique global de l’Europe.
L’Algérie n’a présenté aucune alternance pour faire avancer les négociations contrairement au Maroc dont le plan d’autonomie jouit du soutien international
En effet, la revue «Formiche» souligne que «l’Algérie et son protégé le polisario défient la communauté internationale et menacent la sécurité dans la région du Maghreb en rejetant la résolution 2602 de l’ONU», en ajoutant que la décision de ne pas reconduire l’accord sur le GME est un acte unilatéral qui est considéré par de nombreux observateurs et acteurs politiques européens comme un chantage de la part d’Alger envers l’Europe, à la suite particulièrement de l’adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies de sa dernière résolution disposant la prorogation du mandat de la Minurso et consolidant les acquis du Royaume concernant la question du Sahara marocain.

D’autre part, le directeur du magazine espagnol«Atalayar», Javier Fernandez Arribas, a souligné qu’en décidant unilatéralement la fermeture du GME, l’Algérie a choisi«la voie de la confrontation» avec le Maroc et les pays européens.

«Avec cette décision prise de manière unilatérale, l’Algérie a pris un pari très risqué et mis en danger la stabilité de la région», a affirmé, à cet égard, M. Arribas dans une vidéo postée sur le site web de la revue «Atalayar», spécialisée dans les affaires du Maghreb.

Il fait observer, là-dessus, que «l’Algérie a choisi la voie de la confrontation après avoir rompu unilatéralement ses relations avec le Maroc, confirmé son retrait des tables rondes organisées par l’ONU pour trouver une solution politique au conflit du Sahara et mis fin à l’approvisionnement de l’Europe en gaz».

Le régime algérien, qui a pris cette décision comme forme de pression pour obtenir le soutien à sa thèse sur le Sahara, n’a pas mesuré les conséquences«dangereuses» de ses actes, a-t-il souligné avant d’ajouter que l’Algérie, qui fait entrave au règlement de la question du Sahara, n’a présenté aucune alternance pour faire avancer les négociations contrairement au Maroc dont le plan d’autonomie jouit du soutien international.

Par ailleurs, Eric Besson, ancien ministre français de l’Industrie et de l’Energie, en réaction à ladite décision, s’est insurgé contre « le chantage implicite » d’Alger à l’égard des Européens. « Du Maroc où je réside à nouveau, j’assiste avec tristesse à la spirale absurde dans laquelle se place l’Algérie avec son principal voisin.

Après avoir inélégamment ignoré la main tendue par le Roi du Maroc lors de son discours du Trône, après avoir prétendu que les incendies de l’été dernier avaient été fomentés par les Marocains, interdit le survol de son territoire aux avions portant pavillon marocain, l’Algérie vient de décider unilatéralement de fermer le robinet du Gazoduc Maghreb-Europe », a déclaré l’ancien ministre français. « Ce nouveau palier se veut tout autant une pierre supplémentaire dans le jardin voisin qu’un chantage implicite à l’égard des Européens », a-t-il instamment dénoncé.

M. Besson a ajouté, en outre, qu’«il faut désormais espérer que les dirigeants algériens reviendront vite à la raison et à une meilleure appréhension des intérêts humains, économiques et sociaux des Algériens eux-mêmes, des Maghrébins et de l’indispensable coopération étroite entre le Maghreb et la France d’une part, le Maghreb et l’Union européenne d’autre part ».
La revue “Formiche” L’Algérie et son protégé le polisario défient la communauté internationale et menacent la sécurité dans la région du Maghreb en rejetant la résolution 2602 de l’ONU

Dans le même ordre de visions, le président de la délégation du Parlement européen pour les relations avec les pays du Maghreb (DMAG), Andrea Cozzolino, a rendu publique, mercredi, une déclaration dans laquelle il considère que la décision algérienne d’arrêter l’approvisionnement de l’Europe en gaz via le GME « est une source de grave préoccupation ».
L’accord d’approvisionnement rompu par l’Algérie « concerne directement, non seulement le Maroc,mais aussi l’Union européenne », a précisé M. Cozzolino en soulignant que « quelles que soient les raisons qui ont motivé une telle décision, l’utilisation de l’approvisionnement en gaz comme moyen de pression ne saurait constituer une solution appropriée ».

Le président de la DMAGa, à cet effet, appelé le gouvernement algérien à reconsidérer cette décision et à reprendre la voie du dialogue ». « J’appelle également le Service européen d’action extérieure et la Commission européenne à engager une initiative diplomatique afin d’encourager les autorités algériennes à revoir leur décision », a ajouté M. Ozzolino.

En somme, nombreuses sont les réactions exprimées par des responsables politiques, experts en géostratégie et députés européens qu’a suscitées la fameuse décision « présidentielle » algérienne. En effet, à titre d’exemple, le député européen, Dominique Riquet, indique qu’en visant le Maroc, l’Algérie « atteint l’Europe à un moment particulièrement inopportun », en faisant observer, par ailleurs, que « cette fermeture sera à terme porteuse de conséquences sur les revenus de l’Algérie ».

En matière de droit public international, de règles conventionnelles, de relations internationales et de véritables politiques géostratégiques visant la paix, la stabilité et la sécurité régionales, continentales et mondiales, l’on ne peut se contenter de jugements évasifs et de déclarations superficielles quant au traitement des points politiquement chauds de la planète car cela ne fait que retarder, quelque peu, l’échéance fatidique, celle de la rupture de l’équilibre de l’ordre politique et économique mondial.

En fait,seule la diplomatie – et par respect comme dirait l’autre- dans ses démarches usuelles d’adjoindre les intérêts stratégiques des pays aux grands idéaux universels de paix, de cohabitation, de tolérance et d’épanouissement humain, peut se permettre, dans le souci de ménager certaines susceptibilités, pourvu qu’elles soient inoffensives, d’user de langage circonstanciellement mesuré. L’on ne peut éternellement dissimuler le soleil derrière le tamis …

Rachid Meftah


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