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La pollution atmosphérique tue 5000 Marocains par an

Il n ’ y a pas que la Covid qui soit fatale


Chady Chaabi
Vendredi 30 Juillet 2021

En cause, l’ utilisation du charbon comme principale source de production d’électricité

La pollution atmosphérique tue 5000 Marocains par an

Si les scientifiques ont unanimement salué les effets positifs du confinement, grâce auquel une diminution des émissions de gaz à effets de serre a été constatée, il n’en reste pas moins que les conséquences de la pollution atmosphérique demeurent préoccupantes au plus haut point. Une réalité à laquelle le Maroc n’échappe pas.

D’après l’organisation Greenpeace MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord), chaque année, la pollution atmosphérique cause plus de 5000 morts dans le Royaume et coûte près de 11 milliards de dirhams.

Ces données, pour le moins surprenantes, ont été rendues publiques il y a quelques jours via le rapport mondial «L’air toxique: le coût réel des combustibles fossiles». Le rapport en question est une mine d’informations. Il révèle des chiffres qui déterminent non seulement les coûts sanitaires de la dépendance des pays vis-à-vis des combustibles fossiles, responsables de polluer l’air et de provoquer des taux élevés de maladies et de décès, mais aussi les répercussions économiques engendrées.

En partant de ce principe, Greenpeace MENA a classé le Maroc parmi les pays ayant le plus grand nombre estimé de décès par an (environ 5.100 en 2018), aussi bien en Afrique du Nord qu’au Moyen-Orient. Dans ce classement, l’Egypte arrive en tête, alors qu’en Algérie et en Tunisie, le nombre estimé de décès est respectivement de 3000 et 2100. «En parlant de lutte contre la crise du changement climatique, le Maroc joue un rôle de premier plan à travers ses engagements ambitieux dans le secteur des énergies renouvelables, mais quant à la pollution atmosphérique, on découvre qu’il existe un grave problème qui menace la santé et les finances de tout citoyen marocain», avertit Mohammed Tazrouti, chargé de campagne chez Greenpeace MENA.

L’utilisation du charbon comme principale source de production d’électricité au Maroc concourt à cette situation tragique. Qui plus est avec un “taux d’environ 50%”, précise le rapport. Et pour cause «le charbon est l’une des sources d’énergie fossile les plus polluantes. Une fois brûlé, il produit des polluants toxiques qui causent des maladies chroniques, telles que les maladies cardiaques, le diabète, les maladies pulmonaires obstructives chroniques et le cancer du poumon», s’alarme Greenpeace MENA.

En ces temps de pandémie, le moindre problème de santé, aussi mineur soit-il, peut être un facteur aggravant dans le cas du Sars-Cov-2. Alors, quand il s’agit de diabète et autres maladies chroniques causées par la pollution atmosphérique, cela ne présage rien de bon. D’après Greenpeace, “bon nombre d’études ont indiqué qu’il existe des preuves solides confirmant que l’exposition permanente à la pollution atmosphérique augmente la sévérité de la contraction de Covid-19 et augmente le nombre de décès”.

Ainsi, d’un point de vue sanitaire, ce type de pollution est plus que jamais un danger réel et dans l’air du temps. Mais quid du volet économique ? Il semblerait que le Maroc perd gros sur ce plan également. Le coût annuel moyen des dégâts de la pollution de l’air au Maroc est estimé à 0,9% du produit intérieur brut (PIB), soit 1,1 milliard de dollars par an (11 milliards de dirhams). Pour Mohammed Tazrouti, chargé de campagne chez Greenpeace MENA, «il est temps de tirer des leçons et d’investir dans des projets qui profitent à l’Homme et à l’environnement. Chercher les moyens de se débarrasser progressivement de notre dépendance à l’énergie sale importée comme le charbon, qui menace tant notre santé que notre économie».

Pourtant, la pollution atmosphérique n’est pas une fatalité. Avec un minimum de volonté et de détermination, jumelée à une réflexion approfondie, il est possible d’inverser la tendance. Greanpeace ne dit pas autre chose. “Nous sommes pleinement convaincus que le Maroc peut bien élaborer un plan ambitieux pour éliminer le charbon sale progressivement et investir plutôt dans des énergies renouvelables, propres et saines, qui constitueraient une nouvelle source d’emplois, afin d’atteindre une vraie indépendance énergétique», espère l’ONG dédiée à la protection de l’environnement sur son site Web.

Un vœu pieux qui ne pourrait être effectif sans “une transparence des autorités marocaines au sujet des niveaux de pollution atmosphérique dans le Royaume en publiant toutes les données et en les rendant accessibles au public», conclut Greenpeace MENA.


La pollution atmosphérique dans le monde en chiffres

La pollution atmosphérique due à la combustion de combustibles fossiles, en particulier le charbon, le pétrole et le gaz, est attribuée à environ 4,5 millions de décès prématurés dans le monde chaque année, un chiffre qui fait plus que tripler le nombre de décès dus à des accidents de la circulation dans le monde. La pollution atmosphérique par les combustibles fossiles coûte au monde environ 2,9 trillions de dollars par an, soit près de 3,3% du PIB mondial. En effet, les maladies qui résultent de l’exposition aux combustibles chaque année dans le monde correspondent à des pertes économiques d’environ 101 milliards de dollars par an.
La Chine, les Etats-Unis et l’Inde encourent les coûts les plus élevés de pollution atmosphérique liée aux combustibles fossiles dans le monde, avec environ 900 milliards de dollars, 600 milliards de dollars et 150 milliards de dollars, respectivement. En ce qui concerne l’Afrique du Nord et Moyen-Orient, l’Egypte, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis sont les pays qui encourent la facture la plus élevée de pollution atmosphérique par les combustibles fossiles, avec une valeur estimée à 6,9 milliards de dollars, 6 milliards de dollars et 5,9 milliards de dollars par an, respectivement.


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