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La polémique «Mawazine» gagne les partis : La démocratisation des festivals nourrit le débat politique


Narjis Rerhaye
Vendredi 6 Mai 2011

La polémique «Mawazine» gagne les partis : La démocratisation des festivals nourrit le débat politique
Faut-il annuler Mawazine? Ce festival qui anime depuis dix ans les nuits r’baties du joli mois de mai n’en finit pas de nourrir la polémique. Si la résistance «virtuelle» s’est organisée depuis plusieurs semaines déjà avec la création d’une page «Tous contre le Festival Mawazine», animée par le Mouvement du «20 février», le débat, forcément passionné, a gagné le Parlement pour investir la séance des questions orales. Toutes musiques dehors et contre toute attente, le Festival Mawazine devient une affaire politique.
Avec l’appel de l’annulation de cette manifestation artistique majeure de la capitale qui au fil des ans a fait de Rabat le rendez-vous musical d’immenses artistes internationaux, résistance et contre-résistance prennent leurs quartiesr. Face au flot de griefs faits au festival et à la machine de guerre Mawazine- dilapidation de l’argent public, programmation inadéquate, mauvais timing- un Manifeste pour la liberté signé conjointement par la Coalition marocaine de la culture et des arts et le Syndicat marocain des professions de la musique a été récemment en ligne et réplique avec des mots très durs, déterrant visiblement la hache de guerre. « L’appel à interdire le festival sous prétexte de gaspillage de l’argent public qui est devenu un slogan derrière lequel se cachent les partisans de la pensée takfiriste et obscurantiste n’a d’autres fondements que l’interdiction des arts et de la créativité. Au fond, ceux qui tiennent ce discours incitent à l’oppression, à la tyrannie, à la privation, à la domination. Ce slogan ne cherche ni plus ni moins que de priver des millions de jeunes Marocains et leurs familles des festivals d’été qui sont des rendez-vous attendus chaque année pour se divertir et rompre avec le quotidien. Les défenseurs de ce slogan savent pourtant ou devraient savoir que le droit au divertissement  est un droit universel, inscrit parmi les articles essentiels de la déclaration universelle des droits de l’Homme», peut-on notamment lire dans ce texte.
Entre obscurantisme et takfirisme, les accusations sont éminemment graves. Etre contre un festival range à l’évidence du mauvais côté de la barrière… humano-artistique. Et c’est là tout le problème pour l’Usfpéiste Mohamed Achaari, l’ancien ministre de la Culture sous les gouvernements Youssoufi et Jettou et dont la politique en direction des festivals a laissé de fortes traces. « Il faut vraiment ici faire attention. Sous prétexte de faire de l’animation culturelle, d’humaniser les villes et de s’approprier les espaces publics, histoire de contrer les idées obscurantistes, on ne peut pas non plus imposer le silence sur les points négatifs des festivals comme Mawazine. Des points négatifs qui relèvent de l’organisation, de la gestion, de la programmation. Sous prétexte de combattre l’obscurantisme, il ne faut pas interpeller et encore moins demander l’annulation de ce festival. C’est plutôt pervers comme raisonnement ! ». Ce responsable politique de gauche le dit sans ambages : les festivals ne peuvent pas être gérés comme des espaces privés, sans droit de regard de quiconque. «Nous avons le droit de dire ce que nous pensons de Mawazine, de sa gestion arbitraire qui n’a en tout cas pas le sens de la mesure des réalités sociales qui sont les nôtres. Je ne suis pas contre cette manifestation artistique. Au contraire, je suis pour le fait que la capitale ait un forum artistique pour peu que l’on démocratise la gestion de ce festival qui ne saurait être une propriété privée. On ne peut pas nous faire taire sur l’essentiel en nous imposant une polémique sur le principe», fait valoir Mohamed Achaari.

Non à la «festivalisation» de la culture

L’art et la culture sont de formidables instruments de résistance. Ils sont aussi un formidable moyen de promouvoir des valeurs universelles fondées sur la démocratie, la liberté, et la tolérance. C’est probablement la principale raison pour laquelle Said Saadi, membre du bureau politique du PPS, est «contre l’interdiction de festivals en général».  «Mais dans le même temps, je suis contre la festivalisation de la culture. Il est important d’organiser d’autres types de manifestations culturelles pour promouvoir le théâtre, la littérature, la peinture, la lecture. Il faut pouvoir aller dans les quartiers populaires de nos villes pour faire connaître d’autres facettes de la culture marocaine. Aujourd’hui, il y a manifestement un problème d’appropriation d’un tel festival qui doit, comme d’autres, être soumis à un contrôle citoyen», affirme S. Saadi qui ne peut s’empêcher de penser à la manifestation casablancaise «L’Boulevard», annulée faute de moyens financiers. S’il n’est pas question pour cet ancien ministre de la Famille de jouer le jeu «ni des obscurantistes ni celui des commerciaux», il reconnaît volontiers que l’organisation d’un festival comme Mawazine est «sûrement une équation à plusieurs inconnues».

Mawazine, les sponsors et les impôts

Au PJD, la bataille contre les festivals qui fleurissent avec les premiers rayons de soleil ne date pas d’aujourd’hui. La querelle est ancienne et elle se nourrit des sons et lumières qui inondent des villes en fête et des citoyens heureux d’être heureux. Abdelaziz Rebbah, député islamiste de Kénitra, l’affirme haut et fort : il n’est pas contre les festivals. Il est même pour les festivals quels qu’ils soient, sportifs, artistiques, culturels. « Car ils font partie de notre culture, du développement et créent de l’équilibre ». « Mais ce qui doit être revu, c’est la mise en œuvre des festivals. On ne peut pas les organiser pendant la période des examens. Il faut aussi contrôler les dépenses car il s’agit de deniers publics, même quand ce sont des sponsors privés parce que ce sont là des charges déductibles des impôts. Mawazine par exemple coûte 6 milliards. C’est un budget qui pourrait servir à construire des conservatoires de musique, des maisons de jeunes, à rénover des facultés en un état de délabrement avancé. A cela, il convient d’ajouter qu’on ne peut pas accepter des comportements sur scène contraires à nos valeurs nationales », explique A. Rabbah avant d’en appeler au report –et non pas l’annulation- de Mawazine. « Cette année est particulière. Le Maroc vit un mouvement politique et social important, fondateur. Les initiateurs de cette manifestation artistique seraient bien inspirés d’en reporter l’organisation ».



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1.Posté par Ayouche le 07/05/2011 08:56
Bravo Nargis. Ceux qui combattent Mawazine ou autre festival sont ceux là meme qui regrettent le décés de ben Laden et qui justifient en leur fort intérieur les actes barbares des terroristes. Nous marocains libres avons le droit de réver, d'aimer l'autre et de le respecter. Nous marocains libres sommes contre le racisme, la xénophobie,l'exclusion ...

2.Posté par Nom le 13/05/2011 15:00
Malheureusement que du blabla !! mais aucune preuve !!

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